LES CAPETIENS
PHILIPPE III LE HARDI, CHEF DE GUERRE
La croisade d'Aragon

 

LA CROISADE D'ARAGON : L'ECHEC DE LA CROISADE

Philippe III le Hardi a pris la tête de la croisade d'Aragon afin de conquérir la Couronne du royaume pyrénéen déclarée vacante par le pape Martin IV. Bien qu'il dispose de forces imposantes, l'entreprise reste hasardeuse. Malgré la prise de Gérone, le 7 septembre 1285, le Capétien sera contraint de renoncer et d'ordonner la retraite.

En février 1284, Philippe III le Hardi a accepté pour son quatrième fils, Charles de Valois, la Couronne d'Aragon déclarée vacante par le pape Martin IV. Dès lors, afin de conquérir et de prendre possession du royaume pyrénéen, il a levé une armée imposante. En janvier 1285, la mort de son oncle Charles d'Anjou, puis en mars, celle du souverain pontife (instigateurs de cette expédition), ne l'ont pas incité à renoncer; il est déterminé à prendre la tête de la croisade d'Aragon.
En mars 1285, le roi prend l'oriflamme à Saint Denis et  se dirige vers Narbonne, où l'ost de la croisade doit se rassembler. A Carcassonne, il se sépare de la reine Marie de Brabant et des dames de la Cour qui l'ont accompagné jusque-là. Le 1er mai, il entre à Narbonne. Là, il est rejoint par le roi Jacques II de Majorque, qui, fâché avec son frère aîné le roi Pierre III d'Aragon, lui propose ses services.

Les forces rassemblées par le Capétien sont imposantes : cent mille à plus de trois cent mille, selon les sources. Depuis deux ans, des quantités impressionnantes de vivres et de matériel ont été accumulées à Toulouse, Carcassonne et Béziers, ainsi que dans les ports d'Aigues Mortes et de Marseille, où une flotte d'une centaine de navires doit pourvoir à leur acheminement jusque sur le théâtre des opérations. L'armée royale entre en Roussillon au mois de mai, mais ne franchit pas immédiatement la montagne, où Aragonais et Almogavares, Pyrénéens d'origine sarrasine, se tiennent en embuscade. La troupe trompe son impatience et son oisiveté en massacrant les habitants de la cité d'Elne. Vers les 7 et 8 juin, enfin, les Français tentent l'assaut du col de Paniçars, mais ils sont repoussés par les Almogavares. Finalement, dans la nuit du 10 au 11 juin, ils empruntent un sentier écarté, dont des éclaireurs ont assuré la sécurité, et traversent les Pyrénées au col de la Maçana. Quelques victoires suivent ce passage et au château de Lers, le légat du pape donne à Charles de Valois l'investiture de la Catalogne. Le 26 juin, Philippe le Hardi met le siège devant la place-forte, bien gardée et défendue, de Gérone. C'est le début des désastres.
La flotte chargée d'assurer le ravitaillement de l'armée est dispersée entre les ports français et catalans tenus par le Capétien et ses alliés. Le plus important de ces ports est Rosas. C'est là que les vingt cinq galères de l'amiral Guillaume de Lodève sont attaquées par surprise par dix vaisseaux catalans.

Un mois s'écoule, sans que la situation change. Les assauts contre Gérone sont entrecoupées de négociations régulières que Roger de Pailhas et le comte de Foix mènent avec le gouverneur de la ville, leur parent, et qui échouent tout aussi régulièrement. Pendant ce temps, dans le camp français, les malades sont toujours plus nombreux, en raison d'une chaleur accablante, de la pourriture des cadavres d'hommes et de chevaux, et des piqûres de mouches charbonneuses.
Le 4 septembre, la flotte est de nouveau attaquée dans les passages des îlots de Las Formiguas devant Rosas, par l'amiral aragonais de Sicile Roger de Lauria à la tête de soixante six galères. Dans la nuit, cinquante quatre vaisseaux français sont capturés et plus de quatre mille hommes périssent. A Rosas, vingt galères sont prises par l'ennemi, qui les a trompées en hissant pavillon français. Puis les Aragonais débarquent et partent à l'assaut de la garnison: le combat est rude et bien  des gens de la Maison de Philippe le Hardi y laissent la vie. Les Français sont contraints de se retirer et mettent le feu à la ville. Peu après, l'amiral Lauria s'empare de treize navires chargées du trésor du duc de Brabant, de vivres et de l'argent destiné à solder la troupe. C'est une catastrophe pour le Capétien, qui a perdu la plus grande partie de sa flotte.
Dans ces circonstances peu favorables, la capitulation tardive de Gérone, le 7 septembre, est une bien piètre consolation. D'autant que la ville est ruinée. Malade, le roi décide de passe l'hiver à Toulouse. Il ordonne la retraite qui se déroule dans de forts pénibles conditions : non seulement l'armée doit traverser des régions au sol détrempé par de fortes pluies, mais sitôt qu'elle atteint les premiers contreforts des Pyrénées, elle est sans cesse harcelée par les archers almogavares.

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