LES CAPETIENS
HENRI 1ER ET LES PERSONNALITES

 

GEOFFROY MARTEL COMTE D'ANJOU

C'est à trente trois ans, et après avoir longtemps dû mettre un frein à ses ambitions, que Geoffroy Martel devient enfin comte d'Anjou. Au gré des alliances et des conflits avec Henri 1er et les grands seigneurs du royaume capétien, il va poursuivre la politique d'expansion territoriale de son père, Foulques III Nerra, mort le 21 juin 1040.

Geoffroy Martel est à maints égards le portrait de son père, le comte d'Anjou Foulques III Nerra, tout aussi vigoureux, fougueux et avide de pouvoir. Mail il est de surcroît un bel esprit fort cultivé, un stratège de talent, un ambitieux aux visées politiques les plus hautes.. Aussi supporte-t-il mal de voir son père si peu désireux de partager son autorité et sa puissance. Et, puisqu'on lui refuse la première place, ce jeune homme indépendant et combatif entend bien s'y hisser par lui même.
Pour commencer, il jette son dévolu sur le comté de Vendôme, qu'il obtient facilement, moitié par achat, moitié par la force. Puis, il envahit le Poitou et, le 22 septembre 1033, défait Guillaume VI le Gros, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers. A cette occasion, il se révèle un brillant tacticien, pensant soigneusement ses offensives et prenant habilement ses dispositions. Son succès est couronné par la capture de l'Aquitain, qui restera cinq ans son otage et ne sera relâché que contre une forte rançon et la cession définitive de la Saintonge.

Goeffroy Martel n'est pas encore entré en possession de son patrimoine qu'il a déjà une réputation de conquérant. Pourtant en 1035, le vieux Foulques Nerra, qui va sur ses soixante ans, n'entend toujours céder ni sa place ni son titre. Si bien que le fils, las d'attendre son heure, se pose en rival de son père et qu'il s'ensuit une terrible guerre familiale, qui, pendant quatre ans, ensanglante l'Anjou. Défait et grièvement blessé à la cuisse, Geoffroy Martel finit par se soumettre. Selon la légende, son père se serait proclamé vainqueur, le condamnant à parcourir plusieurs lieues selle sur le dos, puis à s'incliner devant lui. "Enfin, tu es dompté", se serait exclamé Foulques Nerra. "Oui, mais par mon père", aurait répliqué Geoffroy Martel, déterminé à ne plus céder devant personne.
Le 21 juin 1040, alors qu'il rentre d'un troisième pélerinage en Terre Sainte, Foulques Nerra meurt à Metz. Peu après que le corps de son père a été rapatrié et inhumé à Beaulieu lès Loches, Geoffroy Martel réunit ses vassaux à Angers. Il leur fait valoir ses droits sur l'héritage angevin et marque son accession au pouvoir en faisant une riche donation à la nouvelle abbaye de la Trinité à Vendôme. A trente trois ans, le voilà enfin comte et maître de vastes domaines hérissés de forteresses : l'Anjou, l'est de la Touraine, une partie du Berry, le pays de Loudun et la Saintonge. Par ailleurs, au nom des fils de son épouse, Agnès de Bourgogne, veuve du duc Guillaume V d'Aquitaine, avec qui il s'est marié en janvier 1032, il gouverne le comté de Poitiers.

Fort habilement, le nouveau comte d'Anjou amène le roi Henri 1er à lui transférer la suzeraineté de la Touraine, qui avait été octroyée à Foulques Nerra. Puis il part en guerre contre le comte Thibaud III de Blois, dont il triomphe à la bataille de Saint Martin le Beau, le 21 août 1044. Le Blésois, capturé avec plus de 1 500 chevaliers, cède en rançon Tours, Langeais et Chinon, et s'engage à ne construire aucune forteresse à moins de sept lieues de l'Anjou.
Le Maine se révèle plus difficile à conquérir : Le Mans et son évêque, Gervais de Château sur Loir, sont hostiles à l'Angevin. La lutte va durer jusqu'à ce que, en 1047, une trahison permette à Geoffroy Martel de s'emparer de la ville. Mais, bientôt, les appétits de conquête du comte d'Anjou sont entravés par le duc Guillaume de Normandie, le futur Guillaume le Conquérant, allié à Henri 1er, en 1049-1050. Dix ans plus tard, le Capétien et l'Angevin font front commun contre le Normand. Geoffroy Martel perd Domfront et Alençon et signe la paix le 4 août 1060 en devant renoncer au Maine. Après ces revers, il lègue ses domaines à ses neveux, Geoffroy III le Barbu et Foulques IV le Réchin, et se retire à Saint Nicolas d'Angers, l'un des nombreux monastères qu'il a fondés. C'est là qu'il rend le dernier soupir le 14 novembre 1060, à l'âge de cinquante quatre ans, et qu'il est inhumé.

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