LA MORT DU ROI

Victime de ses excès et de la fatigue que lui causent les guerres incessantes, Louis VI est considérablement affaibli. Après une grave crise de dyenterie, il rechutera et succombera à cette terrible maladie, devant laquelle les médecins d'alors sont impuissants. Il s'éteindra le 1er août 1137 et sera inhumé à l'abbaye de ses protecteurs, les "Saints martyrs Denis et ses compagnons".

En 1128, Louis VI a été blessé à la cuisse et a négligé de se faire soigner. Des années plus tard, la lésion, mal cicatrisée, le fait toujours souffrir. Mais le roi est surtout victime de ses excès de table : il a pris tant d'enbompoint qu'il s'essoufle au moindre effort. En 1135, alors qu'il conduit une expédition sur les terres du comte Thibaud IV de Blois, il est pris d'une grave crise de diarrhée. Alarmé, il se confesse à plusieurs reprises et, préoccupé par le salut de son âme, prie avec une ferveur particulière. Il souhaite par dessus-tout être transporté, de quelque façon que ce soit, à l'abbaye de Saint Denis, auprès de ses protecteurs les "saints martyrs Denis et ses compagnons", et songe même à renoncer à la Couronne pour prendre l'habit monastique. De jour en jour, l'état de santé du souverain s'aggrave. Les médecins, qui l'abreuvent de potions peu ragoûtantes censées enrayer la diarrhée, sont impuissants. Epuisé par la maladie, Louis VI convoque à son chevet évêques et abbés et, rejetant toute fausse honte, se confesse en leur présence. Puis il se lève soudainement, s'habille et sort de sa chambre, au grand étonnement de tous, pour aller communier. Il se démet alors de la royauté et investit son fils de l'anneau sacré. Il fait promettre au futur Louis VII sur la foi du serment de veiller sur l'Eglise de Dieu, sur les pauvres et sur les orphelins, de garder à chacun son droit, de ne faire aucun prisonnier en sa Cour, sauf en cas de délit commis sur le champ en cette même Cour. Il procède ensuite à la distribution de ses richesses, or, argenterie, vases de grand prix, étoffes de luxe... aux églises et aux pauvres.

Pourtant, le roi voit sa santé s'améliorer quelque peu. Tant bien que mal, il se fait transporter à Melun, où la foule de ses sujets vient à sa rencontre et prie pour le recommander à Dieu. Installé du mieux que possible à bord d'une barque, Louis VI descend la Seine jusqu'à Saint Denis. Là, il rend grâce aux saints martyrs des bienfaits qu'il a reçus. Puis, il gagne le château de Béthisy, dans l'Oise. Il y est rejoint par des messagers du duc Guillaume X d'Aquitaine. Celui-ci est mort à Saint Jacques de Compostelle et a pris le parti de lui confier Aliénor, sa fille unique, pour la marier et de lui remettre toute sa terre pour la tenir en garde. Après avoir délibéré avec ses conseillers, le roi promet d'unir la jeune fille de quinze ans à son fils Louis, l'héritier du trône de France.
S'il est trop faible pour supporter un long et pénible voyage, Louis VI veille de très près aux préparatifs du cortège d'apparat qui va rejoindre la lointaine Aquitaine où doivent se dérouler les cérémonies. Au moment du départ et des adieux, il a les larmes aux yeux : "O très cher fils, que la forte droite du Dieu tout puissant, par qui règnent les rois, te protège toi et les tiens, parce que, si j'avais le malheur de te perdre, ainsi que ceux que j'envoie en ta compagnie, je n'aurais plus de souci ni de ma propre personne, ni de mon royaume".

L'été 1137 est marqué par une grande sécheresse et une chaleur épuisante. Le 25 juillet, alors que la mariage du jeune Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine est célébré à Bordeaux, Louis VI rechute, victime d'une nouvelle et très grave crise de dysenterie. Comme deux ans auparavant, il se confesse et insiste pour être transporté à Saint Denis pour s'y acquitter du voeu fait à plusieurs reprises. Mais la souffrance et la maladie l'en empêchent, et il doit se résigner à accomplir son voeu de "coeur, d'esprit et de volonté". "Il prescrivit donc de déposer un tapis à terre, et, sur le tapis, des cendres arrangées en figure de croix, puis il s'y fit déposer par les mains de ses gens. Ainsi, fortifiant sa personne par le signe de la Croix Sainte, après trente ans de règne et d'administration, le jour des calendes d'août, il rendit l'esprit", relate Suger dans sa Vie de Louis VI le Gros. C'est ainsi que le roi s'éteignit, le 1er août 1137.
Sur l'heure, le corps du défunt, drapé dans une étoffe précieuse, est porté à l'église de Saint Denis. Conformément à ses voeux, Louis VI va reposer entre les autels de la Sainte Trinité et des Saints Martyrs, car "le secours des saints et aussi les prières des visiteurs lui obtiendraient le pardon de ses péchés", au côté de Charles II le Chauve. Après la célébration de l'office des funérailles, il est enseveli pendant que, suivant l'usage royal, s'élève un concert d'hymnes et de prières.

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Page MAJ ou créée le Vendredi 5 Mars 2004

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