LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, SA VIE

 

LE COURONNEMENT D'UN JEUNE ROI

Le jour de la Toussaint de l'an 1179, un jeune adolescent, âgé de quatorze ans, est couronné roi de France devant la foule réunie dans la cathédrale de Reims. Philippe II (que plus tard les chroniqueurs appelleront Philippe Auguste) devient lors de cette majestueuse cérémonie, le premier capétien à régner sur la France avant sa majorité.  

Couronnement de Philippe AugusteIl faut attendre un troisième mariage avec Adèle de Champagne et la naissance de son cinquième enfant pour que Louis VII, roi depuis 1137, engendre l'héritier mâle tant espéré. C'est le 26 août 1165 que vient au monde Philippe II baptisé dès le lendemain par l'évêque de Paris.
Dès son plus jeune âge, Philippe est confié à un petit nombre de précepteurs contrairement à ses ancêtres qui fréquentaient les écoles abbatiales. Il inaugure ainsi une nouvelle tradition dans l'éducation des dauphins. Très vite, le jeune prince prend de l'assurance et sa précocité le rend parfois arrogant.
La santé du roi Louis VII déclinant rapidement, les regards de la cour se tournent vers l'héritier de la couronne de France. Au point que, le 3 août 1172, Robert de Dreux, frère du roi, lui suggère de faire sacrer son fils âgé de seulement sept ans ! Mais ce n'est qu'au printemps 1179 que Louis VII, gagné par une paralysie progressive, se résout à désigner son fils unique comme successeur. A cette fin, il convoque les Grands du royaume et leur soumet sa proposition de sacre. Après ce simulacre d'élection, le roi envoie des invitations aux prélats, aux ducs, aux comtes et même aux moindres barons du royaume.
Dès le début du mois d'août, Louis VII, son fils et toute la cour prennent le chemin de Reims. Lors d'une halte de quelques jours à Compiègne, le jeune Philippe, âgé de treize ans, est autorisé à chasser dans la forêt voisine avec des compagnons de son âge. Soudain, il aprçoit un sanglier et se met fougueusement en tête de le poursuivre. Mais il perd de vue ses compagnons de chasse et erre seul pendant près de trente six heures, perdu en pleine forêt. A force de prières et de recherches, il finit par rencontrer un voyageur auquel il révèle son identité. Celui-ci le ramène à Compiègne, mais la peur, le froid, la faim et le manque de sommeil ont altéré la santé du jeune homme au point qu'il est décidé de repousser le couronnement. Guillaume Le Breton, moine chroniqueur de la cour écrit que cette épreuve a transformé le jeune adolescent, le rendant "meilleur et plus curieux des affaires du royaume". Au seuil de l'adolescence, Philippe II, traité jusque là en enfant gâté, découvre soudainement la lourde responsabilité qui l'attend.

Au début du mois de septembre, le jeune Philippe est complètement rétabli et son père invite à nouveau les nobles du royaume pour le 1er novembre 1179. Malgré l'imposante cérémonie du sacre dans la cathédrale de Reims, l'ambiance n'est pas particulièrement joyeuse. Le souvenir du drame vécu par le jeune prince deux mois plus tôt plane sur la cérémonie. En outre, sa paralysie s'étant aggravée, Louis VII est absent ce qui renforce encore plus les tensions politiques qui entourent le futur roi. C'est que les intrigues du palais vont bon train autour d'un prince mineur et qu'on pense inexpérimenté. Le gagnant de cette lutte souterraine semble être Philippe d'Alsace, comte de Flandre et cousin de Louis VII. Déjà fort influent depuis de nombreuses années (il est le parrain de Philippe II et à ce titre lui a transmis son prénom), il profite de la cérémonie pour marquer symboliquement son importance. Ainsi est-il chargé de présenter à son filleul l'épée royale alors que cet honneur revient de droit au sénéchal Thibaut, frère de la reine Adèle de Champagne! Vexés par ces marques de déshonneur, les oncles maternels du jeune prince, suzerain du puissant comté de Champagne, refusent finalement de participer à la cérémonie et, par solidarité avec eux, la reine elle-même décide de ne pas assister au couronnement de son propre fils en prétextant de devoir assister son mari paralysé !
Mais qu'importe, Philippe II est sacré roi de France après avoir prêté serment à l'Eglise et au royaume, puis reçu l'huile de la Sainte Ampoule des mains de son oncle maternel, Guillaume aux Mains Blanches, évêque de Reims. Pour fêter l'événement, Louis VII ordonne la libération de tous ses serfs dans un rayon de cinq milles autour d'Orléans. Un an plus tard, le vieux roi s'éteint, laissant au jeune Philippe II la lourde tâche de gouverner le royaume malgré les dissensions.

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