LES CAPETIENS
PHILIPPE V LE LONG, CHEF D'ETAT

 

L'AVENEMENT CONTESTE DE PHILIPPE V LE LONG

Le 19 novembre 1316, à la mort de son neveu Jean 1er le Posthume, héritier de feu Louis X le Hutin, le comte de Poitiers, déjà régent du royaume depuis la disparition de son frère aîné, se proclame roi sous le nom de Philippe V le Long. Mais sa succession à la Couronne est contestée par nombre de grands feudataires partisans de la jeune Jeanne de Navarre qui a été écartée du trône. Si bien que pour assumer sa légitimité, il va non seulement s'empresser de se faire sacrer à Reims selon la coutume mais s'employer à recueillir "l'approbation" de ses sujets.

Le 19 novembre 1316, à la mort de Jean 1er le Posthume, fils de feu Louis X le Hutin, sa demi-soeur, Jeanne, et son oncle, le comte Philippe de Poitiers, peuvent prétendre à la succession. Sur Jeanne, née du mariage de Louis le Hutin avec Marguerite de Bourgogne, pèsent des soupçons de bâtardise : impliquée dans le scandale de la tour de Nesle, sa mère a été convaincue d'adultère. De son côté, Philippe de Poitiers exerce la régence depuis la mort de son frère aîné et bénéficie du soutien d'un des grands feudataires du royaume, son oncle le comte Louis d'Evreux.

Sitôt la mort de son neveu, le comte de Poitiers se fait proclamer roi sous le nom de Philippe V le Long. Afin de s'assurer la Couronne, il fait mander son oncle, le comte Charles de Valois, et son frère cadet, le comte Charles de La Marche, le futur Charles IV le Bel : il leur affirme qu'il "était le plus droit hoir du royaume", c'est-à-dire l'héritier le plus direct. Les deux princes le reconnaissent comme roi et lui jurent fidélité, "l'un par amour" et "l'autre par doubtance", avance un chroniquaur.
Si ses principaux opposants font ainsi acte de soumission, Philippe le Long doit encore compter avec le duc de Bourgogne Eudes IV, frère de Marguerite de Bourgogne. Appuyé par sa mère Agnès de France, fille de Saint Louis, celui-ci persiste, en dépit des engagements qu'il a pris et malgré ses fiançailles avec la fille de Philippe le Long, à soutenir les droits à la Couronne de sa nièce Jeanne. Il tente de rallier à sa cause le comte de Flandre, réclame un jugement de la cour des Pairs après débat contradictoire et clame bien haut qu'il n'assistera pas au sacre.

Le 25 décembre 1316, il quitte Paris pour la Bourgogne, où il réunit les barons, les prélats et les procureurs de "ses bonnes villes", officiellemnt pour les consulter, en fait pour leur imposer ses vues. A sa suite, les Bourguignons déclarent que Philippe le Long n'est qu'un usurpateur et qu'il faut le combattre comme tel. Puis le duc de Bourgogne écrit à tous les rebelles ligués contre "l'usurpateur", Artésiens, Flamands, membres de la ligue picarde, auxquels il promet son appui et qu'il conjure de s'opposer de toutes leurs forces au sacre qui se prépare. Il somme enfin Robert de Courtenay, l'archevêque de Reims, de ne pas procéder à la cérémonie.

Sans se laisser intimider, Philippe le Long se met en route pour Reims, "à moult belle compagnie" avec la reine Jeanne de Bourgogne, les officiers de son hôtel, les grands officiers de la Couronne et une foule de barons. Bien que tous les pairs et les grands feudataires convoqués ne soient plus présents, il reçoit solennellement l'onction du sacre le 9 janvier 1317. Sans s'attarder à Reims, il regagne Paris où il est accueilli "à grand honneur et révérence". Certes, la bourgeoisie de la capitale a pris son parti, mais Charles de Valois et Charles de La Marche n'ont pas renoncé à toute contestation. Aussi Philippe le Long éprouve-t-il le besoin de voir son couronnement légitimé et "légalement" sanctionné : pour ce faire, il entend suivre l'exemple de son père Philippe le Bel en recourant à "l'opinion publique".
Dans un premier temps, il songe à réunir les états généraux, qu'il convoque dès le mois de janvier. Mais il faut au moins deux mois pour élire les représentants et les rassembler avec les procureurs des villes. Si bien que, pressé de faire reconnaître sa légitimité, le souverain improvise en réunissant une assemblée imcomplète qui tient séance à Paris le 2 février 1317 : y participent de nombreux membres de la noblesse, la plupart des prélats du royaume, les bourgeois de la capitale et les docteurs de l'Université (qui n'ont pas voix délibérative), mais dont le pouvoir sur l'opinion est notoire. Présidée par le chancelier Pierre d'Arrablay, l'assemblée ratifie à l'unanimité le couronnement de Philippe le Long, à qui elle jure obéissance, et confère à ses descendants le droit à la succession. Quant à Jeanne, ses droits sur le royaume de Navarre et le comté de Champagne sont plus ou moins reconnus.

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