LES CAPETIENS
ROBERT II LE PIEUX, CHEF D'ETAT
ROBERT LE PIEUX REVENDIQUE L'HERITAGE BOURGUIGNON
(1002
- 1005)
A la mort de son oncle, le duc Henri le Grand, le 15 octobre 1002, Robert le Pieux brigue la Bourgogne, qui ne peut être légitimement revendiquée par aucun héritier direct. Pour conquérir le riche duché et y imposer son autorité, le roi de France se lance dans une guerre qui va durer quelques quatorze années.
Trente sept ans durant, Henri le Grand a
régné sur la Bourgogne en duc pieux, sage et débonnaire.
Pour son frère aîné, Hugues Capet, puis pour son neveu,
Robert II le Pieux, il s'est montré un allié fidèle et
a toujours fait preuve d'un indéfectible soutien.
Depuis qu'il est mort sans héritier direct, le 15 octobre 1002, le problème
de sa succession se pose. Le duché, distinct du comté de Bourgogne
comme de l'ancien royaume de Burgondie situé plus à l'est, possède
de riches territoires et de nombreuses cités fort prospères, telles
Sens, Auxerre et Autun. Le roi de France, dont le domaine royal est encore restreint,
voudrait l'ajouter à ses possessions propres. A défaut, et dans
le pire des cas, il ne peut le laisser passer sous la tutelle d'un seigneur
ayant des velléités manifestes d'indépendance. En outre,
il compte bien le soustraire à la suzeraineté, jusque-là
traditionnelle, de l'Empire allemand et, enfin, le soumettre de façon
définitive à celle du royaume de France.
Robert le Pieux a accédé au trône de France en 996,
à la mort de son père Hugues Capet. Mais tout roi qu'il est, ses
prétentions sur la Bourgogne ne vont pas sans susciter une violente opposition.
Otton Guillaume, né du premier mariage de la duchesse Gerberge et fils
adoptif du duc Henri le Grand qui l'a désigné comme son successeur,
est bien placé pour s'imposer et revendique lui aussi l'héritage
bourguignon.
Comte de Mâcon depuis 990 et de la Bourgogne d'outre-Saône, il est
soutenu par la noblesse et le clergé locaux. Avec l'appui du comte Landry
de Nevers et de l'évêque de Langres, Brun de Roucy, son puissant
beau-frère, il est prêt à passer à l'action. Robert
le Pieux réunit toutes ses forces pour s'opposer à l'entreprise
de ce turbulent seigneur. Malgré l'aide de l'abbé de Cluny, de
l'évêque d'Autun et d'Hugues de Chalon, évêque d'Auxerre
et fils naturel d'Henri le Grand, le roi va devoir combattre pendant quatorze ans
avant de pouvoir prendre définitivement le contrôle de la Bourgogne.
Il lui faut assiéger l'une après l'autre, puis conquérir
par les armes, des cités tenues par les fidèles du comte de Mâcon.
Ainsi de Nevers, d'où il est chassé par le comte de Landry, protégé
d'Otton Guillaume.
En 1003, malgré les assauts répétés des troupes
royales, Auxerre résiste pendant de longs mois. Deux ans plus tard, au
terme d'un siège mené par Robert le Pieux en personne, Avallon
se rend. Cette défaite incite Otton Guillaume à faire la paix.
Soucieux de protéger les territoires qu'il possède dans le Jura,
celui-ci accepte de céder le duché de Bourgogne au roi. Il n'en
faut pas plus pour que Landry de Nevers dépose les armes à son
tour, d'autant que, pour prix de sa reddition, il se voit attribuer le comté
d'Auxerre. Quant à Brun de Roucy, il refuse de plier, et ce n'est qu'à
sa mort, en 1016, que le roi pourra enfin occuper la ville de Dijon.
Trois ans après la disparition d'Henri le Grand, Robert le Pieux est
partiellement arrivé à ses fins en éliminant son principal
adversaire, le comte de Mâcon. Conscient du fait qu'il n'est pas encore
totalement maître de la Bourgogne, il se garde bien de s'autoproclamer
duc, mais ne désigne personne en particulier pour exercer l'autorité
ducale en son nom. Dès lors, il va lui falloir faire preuve de patience
avant que cette riche province tant convoitée tombe définitivement
dans l'escarcelle capétienne. Tout au long de son règne, le roi
s'y rend à de nombreuses reprises. Il y exerce lui-même le Gouvernement,
s'appuyant sur de fidèles serviteurs locaux, surtout l'évêque
d'Auxerre Hugues de Chalon qui lui a apporté un soutien décisif
lors de la conquête de la ville. En définitive, en revendiquant
le duché bourguignon, Robert II le Pieux a non seulement obtenu gain
de cause, mais, en tant que neveu du défunt, il a également fait
triompher le principe de la préséance de l'héritier du
sang sur le fils adoptif.
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