LES CAPETIENS
LOUIS VI LE GROS ET LES PERSONNALITES
L'ABBE SUGER, AMI ET CONSEILLER DES ROIS DE FRANCE
L'abbé Suger, conseiller de deux rois de France (Louis VI et son fils Louis VII), surnommé le "Père de la Patrie", a marqué son époque. Homme d'Eglise et redoutable homme d'affaires, il fait de l'abbaye de Saint Denis le plus riche centre religieux du royaume. Il participe avec éclat au gouvernement de Louis VI et fait bâtir la ville de Vaucresson. Il finance la croisade de Louis VII et devient régent en son absence. Homme d'esprit et grand amateur d'art, il contribue pleinement à la gloire du gothique, en faisant édifier la superbe abbatiale de Saint Denis.
De fort modeste extraction, Suger entre
à l'abbaye de Saint Denis comme oblat à l'âge de dix ans. Il y est élevé par les
moines en compagnie du futur Louis VI le Gros. Une grande complicité s'installe entre les
deux jeunes gens qui resteront amis jusqu'à la mort du souverain. Au fil des ans, les
dons de médiateur et le sens aigu du commerce de Suger ne tardent pas à asseoir sa
réputation. Il devient tout naturellement l'homme d'affaires du domaine religieux, dont
il est élu abbé en 1122.
C'est au cours des dernières années du
règne de Louis VI, de 1130 à 1137, que Suger, désigné par son roi comme "son
familier et son fidèle conseiller", joue un rôle prépondérant au gouvernement.
Sous son influence, le pouvoir politique s'organise en s'appuyant sur une administration
moderne, vouée à la gestion des domaines. A ce sujet, Suger écrit son De
administratione sua (Mémoire de mon administration abbatiale). Dans cet ouvrage, il
fait l'éloge de son travail à Saint Denis dont les principes vont être appliqués à
tous les autres domaines du royaume.
Louis VI charge son ami et conseiller de nombreuses missions diplomatiques auprès de la
papauté. Comme il veille à l'éducation du futur Louis VII, Suger travaille au
renforcement de l'autorité royale et à l'amélioration de la justice. La Cour des
Capétiens se transforme, sous ses auspices, en un véritable organe de gouvernement.
L'autorité royale se raffermit. Le souverain est désormais au-dessus des barons et des
féodaux. Il est l'Etat, le justicier suprême. Suger exploite avec talent l'image
politique du roi. Il consignera plus tard ce procédé dans une Histoire de Louis le Gros.
A la fin de son règne, Louis VI peut circuler de Paris à Orléans en toute quiétude.
A Saint Denis, l'abbé Suger fait des merveilles. En quelques années, grâce à sa
gestion hors pair, il quadruple les revenus de l'abbaye et devient l'un des plus puissants
seigneurs de son temps.
En 1137, Louis VII le Jeune monte sur le
trône de France . Tout naturellement, le nouveau roi, comme l'a fait son père, fait
appel aux services de l'incontournable Suger dont la position et l'influence vont
considérablement se renforcer. Celui-ci, devenu le conseiller favori du jeune souverain,
participe au Conseil, organe suprême du gouvernement où l'on trouve tous les grands du
royaume. Sous sa férule, de nouvelles villes sont créées, comme Vaucresson. Favorable
à l'affranchissement des serfs, Suger y donne l'exemple en créant une organisation
sociale originale. Par des avantages et des franchises, le peuplement et le maintien d'un
tissu humain, propres à faciliter les réseaux économiques et les échanges entre les
régions, sont assurés. Entre 1132 et 1144, Suger entreprend à Saint Denis, la
construction d'une nouvelle basilique qui est l'une des premières réalisations de l'art
gothique naissant.
En 1147, Louis VII décide de participer à la deuxième croisade. Suger n'est pas
favorable à cette aventure qu'il juge précipitée et coûteuse. Cependant, il s'incline,
respectueux de la décision du souverain. Profondément attaché à son roi, Suger va
même financer l'opération en puisant dans le trésor de Saint Denis ainsi que dans sa
fortune personnelle. Faisant pleinement confiance à ce serviteur dévoué et compétent,
Louis VII lui confie la régence. Pendant deux ans, Suger gère fort efficacement les
affaires du royaume. Il réussit en outre à assurer l'ordre public, à déjouer les
intrigues de la noblesse et à contenir l'insubordination d'une partie du clergé. A son
retour, en 1149, Louis VII consacre ces heureux résultats en offrant à Suger le titre de
"Père de la Patrie".
Le fidèle conseiller du roi meurt à Saint Denis, en 1151. Soucieux de la délivrance de
la Terre Sainte, il était alors en train de préparer une nouvelle expédition, à ses
frais.
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