L'IDYLLE AVEC LE DUC HENRI DE GUISE
Au printemps 1569, Marguerite de
Valois, la fille de Catherine de Médicis, âgée de seize ans, tombe éperdument amoureuse
du duc Henri de Guise. Prudents, les jeunes gens veillent à garder secrets leurs
rendez vous romantiques. Lorsque la reine-mère et le duc d'Anjou, le futur Henri
III, découvriront cette idylle, ils manifesteront un vif courroux, sans pourtant
y mettre un terme définitif. Pas encore...
Grande, mince, la taille fine, le teint de neige, la chevelure
brune, les yeux sombres, la démarche souple et légère : Marguerite de Valois,
septième enfant d'Henri II et de Catherine de Médicis est incontestablement
belle, très belle. Au printemps 1569, dans toute la fraîcheur de ses seize ans,
elle a acquis un charme et une grâce irrésistibles, elle prend conscience de
sa séduction; et s'éveille à l'amour. Les premiers balbutiements de son coeur
sont pour le jeune duc Henri de Guise. A bientôt dix neuf ans, l'héritier de la
Maison de Lorraine a toutes les qualités pour séduire une adolescente romanesque.
Grand, athlétique, des cheveux couleur de blé, des yeux myosotis : il est tout
simplement beau. Lorsqu'il s'incline devant Marguerite, l'aimable demoiselle
lui décoche son plus rayonnant sourire : et le voilà aussi comblé d'être agréé
par la belle que troublé par ses attraits.
Se laissant emporter par son coeur et ses sens, Margot
ne peut résister bien longtemps. Elle succombe aux caresses et aux baisers volés,
découvre la volupté et, audacieuse, multiplie les rencontres. Prudents, les
jeunes gens dissimulent leur idylle. Au début, personne à la Cour ne soupçonne
leur liaison secrète. Seul le cardinal de Lorraine, l'oncle d'Henri en a décelé
les prémices. Guidé par des desseins de grandeur (pourquoi pas un mariage entre
l'héritier des Guise et la benjamine de la Maison de France?), le rusé prélat
a beau savoir que l'aventure peut avoir de graves conséquences politiques, il
encourage son neveu; qui n'a d'ailleurs pas besoin qu'on le pousse, car il est
sincèrement épris. Mais les rendez-vous clandestins de Margot et d'Henri
finissent par être découverts. C'est Louis Béranger du Guast, favori du duc
Henri d'Anjou, frère du roi Charles IX et de Marguerite, qui lève le voile sur
leurs amours. Il s'empresse de courir tout raconter à Henri d'Anjou, lequel
n'a guère besoin d'explications : il connaît la folle ambition des Lorrains,
qui rêvent d'accéder au pouvoir, par quelque moyen que ce soit. A son tour,
il prévient sa mère, Catherine de Médicis, sans manquer de la mettre en garde
contre Margot. Etant très amoureuse, celle-ci ne risque-t-elle pas de révéler
certains secrets que sa mère, le roi ou lui même, lui ont confié? Dès lors,
l'attitude de la reine-mère envers sa fille change du tout au tout. Elle cesse
de lui faire des confidences, la tient éloignée des affaires politiques. Quant
à Henri, il reproche à sa soeur sa liaison avec Guise, qu'il vit comme une trahison
personnelle, et lui retire sa confiance.
Marguerite a beau se défendre, c'est peine perdue. Catherine
de Médicis manifeste son courroux par mille vexations. Ainsi, quand l'adolescente
lui baise la main, elle ne dit mot et la fixe de son regard aussi terrible que
glacial. N'étant pas en reste, Henri d'Anjou affiche une froideur méprisante.
Humiliée, la princesse souffre autant de son injuste disgrâce que de l'impossibilité
de voir Guise. Elle finit par tomber malade "du corps, mais plus encore
de l'âme". Mi-décembre 1569, une épidémie de pourpre, sorte de rougeole
aiguë accompagnée d'une forte fièvre, s'abat sur la Cour. Rapidement, Margot
devient si maigre et si faible que l'on craint pour sa vie. La reine-mère inquiète,
fait fi de la contagion et passe des heures à son chevet. Henri, lui aussi,
s'installe dans sa chambre et se montre le plus attentionné des gardes malades.
Lorsque la fièvre tombe enfin, la princesse est transportée sur un brancard
à Angers, où la Cour s'est déplacée. Peu après, le duc Henri de Guise rejoint
l'entourage royal sur les bords de la Loire. Contre toute attente, c'est Henri
d'Anjou en personne qui le conduit auprès de sa soeur, toujours alitée. Quelque
peu exalté, il s'écrie : "Plût à Dieu, qu'elle guérît
et que tu fusses mon frère!" Guise feint de ne pas comprendre. Margot
n'ose pas répliquer, craignant que son frère ne lui tende un piège. Mais, pour
l'heure, Anjou ne nourrit aucune vengeance : il est simplement, et réellement,
heureux que sa soeur soit en voie de guérison. Bientôt, Marguerite se rétablit.
Se riant du danger et de la surveillance mise en place par les siens, elle renoue
avec son amoureux. Mais sa famille veille. Et, dans quelques mois, il va lui
falloir renoncer définitivement à cette idylle.
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|