LES ORIGINES ET LA DIFFUSION DE LA REFORME EN FRANCE
Venues
d'Allemagne et
portées par l'imprimerie, les idées de la Réforme se propagent en France auprès des
cercles des lettrés. Le mouvement humaniste leur aura ouvert la voie. A partir de 1540,
le calvinisme se répand dans la classe moyenne mais aussi parmi les Grands. En 1569,
comme Renée de France, duchesse de Ferrare et fille de Louis XII, et Jeanne d'Albret,
mère du futur Henri IV, près d'un tiers de la noblesse a adopté le Réforme.
Partie d'Allemagne en 1517 sous
l'impulsion de Martin Luther, moine augustin du couvent de Wittenberg en Saxe, la
Réforme, qui va durablement diviser la chrétienté occidentale, se propage à travers
l'Europe au cours des deux décennies suivantes. La France va connaître et participer à
cette entreprise de rénovation théologique et, dans la seconde partie du XVI ème
siècle, sera secouée par les Guerres de Religion.
Dès 1519, les ouvrages de Luther sont vendus à Paris. Dans ses "Quatre vingt
quinze thèses", Martin Luther, professeur d'études bibliques, prend position
contre le trafic des indulgences et affirme que seule la foi en Dieu sauve l'homme et le
rend juste. Pratique largement répandue assurant d'appréciables revenus financiers à
l'Eglise Catholique, l'achat d'indulgences a pour but d'abréger les châtiments qui
attendent le pêcheur au purgatoire. Abcès de fixation, le trafic des indulgences
n'explique cependant pas à lui seul la naissance de la Réforme.
Les affres que l'Europe a connues au XIVème et XVème siècles (grande peste de 1348, famines dévastatrices, guerre de Cent
Ans, grand schisme qui voit s'affronter des papes rivaux) ont installé un climat
d'inquiétude religieuse et de peur collective. Pélerinages, confréries, cultes mariaux
et des saints se développent pour apaiser les âmes préoccupées par la mort et le
Jugement Dernier. L'aspiration à une réforme de l'Eglise catholique se fait jour. Les
reproches pleuvent sur l'institution : luxe dans lequel vivent le pape et les prélats,
clergé ignorant et aux moeurs contestables, poids des impôts prélevés par
l'Eglise, évêques absents de leurs diocèses.
Dès 1520, les idées de Luther se propagent en France dans des petits groupes de lettrés
et touchent aussi les milieux aristocratiques. Elles se diffusent grâce à l'imprimerie
naissante via deux grandes villes, sises aux frontières du royaume : Strasbourg et Bâle.
L'humanisme chrétien est le terreau sur lequel grandit la Réforme. Le Cénacle de Meaux,
rassemblé autour de l'évêque de la ville, est l'un de ces petits groupes sensibles aux
nouvelles idées. Sans volonté de rupture avec Rome, il prône quand même une réforme.
Le vicaire général du diocèse, Lefèvre d'Etaples, assure la première traduction en
français du Nouveau Testament.
François 1er, lui-même, est dans un
premier temps favorable à la Réforme, comme sa soeur Marie d'Angoulême.
L'affaire des Placards en 1534 va consacrer le revirement royal. Un pamphlet développant
des idées protestantes radicales est affiché jusque dans le château d'Amboise.
Convaincu de la nécessité de maintenir l'unité religieuse du royaume, François 1er
prend position contre le protestantisme naissant. Avec le soutien de la Sorbonne, le
Parlement de Paris multiplie les procès et interdit les traductions françaises de la
Bible.
Depuis Genève, Jean Calvin va exercer une influence spirituelle considérable sur
l'Europe et particulièrement sur les huguenots français. En 1536, il publie, en latin, "L'Institution
de la Religion Chrétienne" où il développe l'essentiel de sa doctrine
largement inspirée par le maître de Wittenberg. Le teste, paru en français en 1541, est
la première somme théologique publiée en langue vulgaire. Autorité unique de la Bible,
salut par la foi et sacerdoce universel sont les trois principes qui fondent la religion
chrétienne. Calvin reprend là la pensée de Luther en la radicalisant, notamment avec la
notion de prédestination.
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