ANTOINE DE BOURBON LAISSE LA REGENCE A CATHERINE
DE MEDICIS (Décembre 1560 - Mars 1561)
Charles IX n'a que dix ans quand il succède,
le 5 décembre 1560, à son frère François II. Comme
elle le souhaitait, la reine mère, Catherine de Médicis, se voit
confier le pouvoir. Elle a en effet obtenu d'Antoine de Bourbon qu'il renonce
à la régence. Le premier prince du sang, marginalisé par
les Guise sous le règne précédent, recevra en échange
la lieutenance générale du royaume.
En novembre 1560, l'état de santé
de François II se détériore gravement. Catherine de Médicis
sait son fils irrémédiablement perdu. Si la mère suit avec
une angoisse résignée les ravages de la tuberculose sur l'adolescent,
la "femme d'Etat", qui commence à se révéler,
prépare l'avenir. Charles, qui doit succéder à son frère,
n'a que dix ans et sa minorité rend nécessaire la formation d'un
Gouvernement de régence. Selon les lois fondamentales du royaume, celui-ci
est confié à l'homme le plus proche de l'enfant-roi. Antoine
de Bourbon, premier prince du sang, peut légitimement y prétendre.
Ecarté par les Guise, qui dominent à la Cour, le roi de Navarre
ronge son frein dans le camp protestant. Mais Catherine de Médicis
n'entend nullement se contenter du rôle mineur traditionnellement dévolu
à la reine mère. Elle veut la régence. L'exemple de Blanche
de Castille a démontré que la chose est possible, même si
la violente hostilité des barons à laquelle s'est heurtée
la mère de Saint Louis a prouvé la difficulté de l'exercice.
La Florentine dresse donc ses plans avec l'aide de son vieil ami le cardinal
de Tournon. Elle ne manque pas d'arguments pour écarter le Bourbon, contre
qui, même s'il n'a pas été officiellement mis en accusation,
pèsent de fortes présomptions de complot. En revanche, son frère,
le prince Louis de Condé, a été reconnu coupable d'être
l'un des instigateurs de la conjuration d'Amboise. Alors qu'Antoine de Bourbon
a été laissé en liberté, Condé, immédiatement
arrêté, a été traduit devant un tribunal d'exception
et, condamné à mort pour crime de lèse-majesté,
attend son exécution.
Le 2 décembre 1560, alors que le
roi est au plus mal, Catherine de Médicis convoque Antoine de Bourbon,
en présence des Guise. Elle fait état des accusations de rébellion
dont il n'est pas encore lavé, de la condamnation de Condé, qui
jette la honte sur l'ensemble de sa famille. Le roi de Navarre se voit perdu.
Protestant de son innocence et de sa loyauté, il dit abandonner volontiers
ses droits à la régence. La reine mère n'attendait que
cela. En échange de cette renonciation, elle lui promet de le nommer
lieutenant général du royaume, le faisant ainsi habilement entrer
dans son jeu; d'une part, parce que l'opposition pourrait se servir de lui,
d'autre part, parce qu'il pourra faire contrepoids à la puissance des
Guise. Jusqu'ici, Catherine de Médicis a dû composer avec ces derniers,
qui doivent en partie leur influence à leur nièce Marie Stuart,
l'épouse du jeune François II. Utiles quand il s'est agi de tenir
à distance les Grands du royaume, ces ultra-catholiques sont devenus
bien encombrants, et leur intransigeance a exacerbé les tensions. La
reine mère pense que pour calmer le conflit religieux qui embrase le
pays, il faut aujourd'hui relâcher les persécutions contre les
huguenots et tenter une politique de compromis. Les
dernières mesures qu'elle a prises vont dans ce sens. La consultation
des états généraux, prévue dans quelques jours seulement,
vise à trouver un terrain d'entente entre les deux camps.
Dans ce même souci d'apaisement,
ou pour remercier les Guise de s'être prêtés à sa
manoeuvre d'intimidation, Catherine de Médicis déclare qu'ils
ne sont pour rien dans l'arrestation de Condé. Le roi seul a pris cette
décision, affirme-t-elle au roi de Navarre. Le malheureux François
II, mourant, le confirme. Personne ne croit, naturellement, à cette déclaration,
mais elle permet au moins une réconciliation de façade. Antoine
de Bourbon consent d'ailleurs à embrasser les Guise, ses pires ennemis. Le
5 décembre, alors que les délégués aux états
généraux affluent à Orléans, le jeune souverain
de dix sept ans expire. Son frère lui succède sous le nom de Charles
IX. Le Conseil déclare que la dignité royale ne meurt pas et que
les trois ordres n'ont pas besoin de procéder à de nouvelles élections.
Les états généraux s'ouvrent donc le 13 décembre.
Huit jours plus tard, le 21 décembre, le Conseil confie le pouvoir à
Catherine de Médicis, qui prend le titre non de régente, mais
de "gouvernante de France". En mars 1561, Antoine de Bourbon, qui
commence à s'impatienter, est nommé lieutenant général
du royaume et commandant suprême des armées. "Je
l'ai fait lieutenant général du royaume sous moi (...) à
qui reste la suprême autorité comme je l'ai eue jusqu'ici",
écrit Catherine de Médicis au roi Philippe II d'Espagne, le 27
mars. Bourbon dompté, les Guise effacés (pour l'instant), la reine
mère tient seule les rênes du pouvoir.
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|