LES VALOIS
HENRI II, LES ARTS ET LES SCIENCES |
LA LITTERATURE RAJEUNIE PAR LES POETES DE LA PLEIADE François 1er avait, avec la Renaissance, instauré philosophie et arts nouveaux. Deux ans après sa mort, de jeunes poètes, qui se dénommeront la "Brigade" puis la "Pléiade", décident de réformer des règles littéraires qu'ils estiment dépassées, proclamant les vertus de la langue française et un nécessaire recours à la modernité. Les uns étudient fébrilement la littérature (latine et grecque) au collège de Coqueret, sous la direction de leur maître Jean Dorat. Ils se nomment Pierre de Ronsard, Joachim du Bellay et Jean Antoine de Baïf et exercent déjà leur plume à l'art poétique. Les autres, au collège de Boncourt, ont pour professeurs Buchanan et Marc Antoine Muret. Ils ont orienté leurs études vers le théâtre. Ce sont Etienne Jodelle, Jean de La Péruse et Rémy Belleau. Ils ont entre dix sept et vingt sept ans. Férus de culture gréco-romaine et goûtant fort l'art italien sous toutes ses formes, ils n'en craignent pas moins l'italianisme à la mode et la suprématie du latin, considéré comme la langue "noble" et écrasant lourdement, de ce fait, la langue française. Certes, dix ans auparavant, par l'ordonnance de Villers Cotterêts qui abolissait l'emploi du latin dans les tribunaux et l'administration, François 1er accomplissait un énorme pas dans l'anoblissement du langage "vulgaire". Mais, pour ces jeunes gens qui se désignent alors sous le terme générique de la "Brigade", c'est encore trop peu. Il s'agit de secouer le monde des lettres, de le nettoyer de la poussière qui le sclérose depuis des siècles (ou seulement des années : Clément Marot, poète français "officiel", mort depuis cinq ans, est dans la ligne de mire), de l'aiguillonner et de l'aiguiller vers un vrai renouveau. En ce printemps 1549, ils piaffent d'impatience. Le plan de bataille est prêt, les armes sont fourbies, reste à allumer la mèche. Ils vont frapper juste et fort, ils en sont certains. Leur manifeste est imparable. C'est Pierre de Ronsard, s'affirmant d'emblée comme leur chef de file, qui l'a inspiré dans ses grandes lignes. Mais c'est du Bellay, le plus âgé, le plus doué de talent polémique et le mieux introduit dans le monde (sa famille est fort estimée à la Cour et l'un de ses oncles est cardinal), qui l'a rédigé. Les thuriféraires de feu Clément Marot, les versificateurs de mignardises désuètes, les pâles imitateurs des grands Anciens qui s'exercent laborieusement à un pseudo néo-latin de bas étage n'ont qu'à bien se tenir. La jeune garde est là qui a posé et étayé ses principes. Cette "Défense et Illustration de la Langue Française" qui va, enfin, paraître aujourd'hui, édifiera de nouvelles bases et des règles neuves. La littérature moderne est en train de naître. Il ne s'agit pas, bien sûr, de faire
table rase de tout un passé. Les grands Anciens restent tout autant dignes d'admiration
et d'imitation. De même que les Italiens et, en particulier Pétrarque, qu'ils
considèrent comme leur maître. Mais ce qu'il faut, affirment-ils, c'est les lire, s'en
imprégner, les digérer pour mieux les retrouver. Ne pas les reproduire mais les laisser
renaître à travers sa personnalité propre. Fi des formes venues du Moyen Age,
retrouvons celles, plus amples et plus belles de l'Antiquité et ajoutons y l'inspiration,
un vrai don de Dieu qui doit se conjuguer avec une authentique sensibilité qui ne craint
pas de s'exprimer et nécessite, aussi, un travail long, douloureux et intransigeant. Mais
le plus important sera, surtout, de s'exprimer en français, une langue que l'on va
enrichir en créant de nouveaux mots, en en empruntant d'autres aux dialectes provinciaux
ou au langage technique. Page MAJ ou créée le |