LES VALOIS
HENRI II, LES ARTS ET LES SCIENCES |
LOUISE LABE, POETESSE DE LEGENDE Louise Labé, une des plus brillantes réprésentantes de l'Ecole Lyonnaise, poétesse et amoureuse fervente, chante comme nul autre le malheur d'aimer. Lorsqu'elle s'éteint, elle a à peine quarante ans, mais sa vie est devenue une légende et son oeuvre, publiée en 1555 dans un volume unique, court les salons jusqu'à Paris. Depuis le début du XVIème siècle, Lyon fait figure de seconde capitale de la France. A la croisée du couloir rhodanien et des routes qui conduisent à Rome et à Genève, la ville voit tansiter les marchandises, mais aussi les hommes, les livres et les idées. On y trouve des imprimeurs allemands, des banquiers, des commerçants et des diplomates italiens. Ouverte à toutes les influences, favorisant un brassage social considérable, la cité se révèle propice au foisonnement d'une vie intellectuelle et artistique riche et créative, qui préfigure la Renaissance. Dans ce contexte de liberté et de raffinement, les femmes bénéficient d'une position exceptionnelle pour l'époque. Elles participent grandement à la vie artistique et aux débats d'idées, et leurs oeuvres connaissent un grand succès. Dans le domaine de la poésie, les plus
illustres représentants de ce que l'on appelle alors l'Ecole Lyonnaise, même
si ces auteurs n'ont pas de doctrine commune et font chacun oeuvre originale,
ont pour noms Maurice Scève, Pernette du Guillet et Louise Labé. Née en 1526,
Louise Labé est la fille de Pierre de Charly (ou Charlin) , dit Labé (ou Labbé),
riche cordier, "maître des métiers pour les marchands de chanvre",
ce qui, ajouté à des attraits physiques certains, lui vaut son surnom de "la
belle Cordière". Elève de Scève, qui lui apprend le latin et l'italien
dans les textes de Dante, elle est également experte dans l'art de monter à
cheval, de chanter et de jouer du luth. Elle est âgée d'une vingtaine d'années
quand elle épouse le sieur Ennemond Perrin, qui affiche le double de son âge
et sera un époux complaisant pour une amoureuse ardente dont les plaintes ne
lui sont, de toutes évidences, pas destinées : les trois élégies qui ouvrent
le recueil des poésies de Louise Labé constituent une sorte de journal, une
autobiographie condensée, de la brusque émergence de l'amour aux affres de l'absence
et à la peur de l'oubli. "Je vis, je meurs;
je me brûle et me noie Comme en témoigne ce sonnet VIII, Louise
Labé puise largement dans le répertoire poétique de son temps, pétri d'oppositions
brutales et de métaphores empruntées à l'italien Pétrarque. Tout n'est que flèches,
poisons, plaies, regards qui infusent le mal d'amour, blessure amoureuse instantanée.
Mais sa plainte trouve un ton personnel à travers un style débarrassé de toute
emphase, de tout hérmétisme, de tout procédé technique visible. Cette fluidité
n'en récèle pas moins une recherche précise du mot, du rythme, de la prosodie;
tandis que maîtrise et simplicité confèrent à l'expression de la souffrance
une grande dignité. Louise Labé revendique son statut de femme écrivain avec
une force inédite. Pour elle, écrire et aimer ne font qu'un. Le désir est lié
à la création, à l'existence même : son absence signifie la mort. La mise au
féminin de l'expression de ce désir renouvelle tous les lieux communs, et cette
originalité vaut à la poétesse un grand succès teinté d'un parfum de scandale.
On lui attribue des amants, une vie sulfureuse, même si son seul commerce amoureux
avéré s'exerce avec le poète Olivier de Magny, ami de Joachim du Bellay. On
en trouve trace dans ses textes, et tous deux se livrent au jeu alors en vigueur
des poèmes en écho. Page MAJ ou créée le |