LES VALOIS DIRECTS
LOUIS XII, CHEF DE GUERRE |
LOUIS XII CONQUIERT LE DUCHE DE MILAN Succédant en 1498 à Charles VIII, Louis XII reprend à son compte les rêves italiens de son prédécesseur. Revendiquant l'héritage de sa grand-mère, Valentine Visconti, il s'empare sans coup férir du duché de Milan. Puis le perd et le reprend. A la fin du XVème siècle, l'Italie
exerce sur la France une fascination que Charles VIII puis Louis XII vont transformer en
rêves d'hégémonie. Sans doute la Péninsule Italienne offre-t-elle l'éclat d'une
civilisation aboutie que le rayonnement de Laurent le Magnifique rend d'autant plus
attrayante. Venise contrôle encore le commerce vers l'Orient et les banquiers florentins
cultivent l'art de se rendre indispensables aux impécunieux souverains. Mais les
souverains français ne conçoivent guère pour l'Italie des projets de tourisme culturel.
Bien au contraire, ils veulent en forcer l'entrée et s'y établir en véritables
seigneurs. Les protagonistes de l'aventure se
connaissent déjà fort bien. Alors qu'il n'était encore que duc d'Orléans, Louis XII a
commandé une armée lors de la première guerre d'Italie, en 1494 et 1495. Issu d'une
vieille famille milanaise, Giangiacomo Trivulce s'est rallié à Charles VIII en 1495 et
s'est illustré à Fornoue. Quant à Ludovic Sforza (dit le More à cause de son teint
particulièrement brun), il a offert un prétexte en or à l'intervention française. Duc
de Milan, peut-être après avoir empoisonné son neveu pour lui ravir son titre, il fait
appel, en 1494, à l'aide de Charles VIII pour protéger ses domaines des prétentions de
Ferdinand d'Aragon. Epoux de Béatrice d'Este, le duc de Milan vit alors dans un faste
inouï pour l'époque. Ami des arts, il est le protecteur des peintres Bramante et
Léonard de Vinci. Alors que Charles VIII n'avait de pensées que pour Naples, Louis
tourne ses regards vers le duché de Milan. La conquête lui en tient d'autant plus à
coeur, qu'il se prévaut lui aussi d'arguments familiaux. Il croit en effet pouvoir
faire valoir ses droits et ses prétentions car sa grand-mère, Valentine Visconti, était
la fille du duc de Milan Jean Galéas Visconti, écarté du pouvoir par les Sforza. Dans la chaleur de l'été 1499, l'armée
française s'ébranle en direction de la plaine lombarde. Une partie de la troupe, qui au
passage ravage la campagne italienne, est commandée par Trivulce qui joue un rôle
décisif. Sa participation à la bagarre est décisive. En septembre, Milan tombe sans
coup férir aux mains des Français. Ludovic Sforza, abandonné de toute l'Italie, n'a que
le temps de mettre en sécurité ses enfants et son trésor avant de fuir vers le Tyrol.
Quant à Louis XII, il se rend en personne à Milan afin d'organiser sa conquête. Il
remplace le conseil secret, instrument de la tyrannie des Sforza, par une assemblée. En
récompense de sa vaillance, il fait Trivulce maréchal de France, le nomme gouverneur de
Milan et livre la Lombardie à son despotisme. Le terrible condottiere (étaient ainsi
appelés les chefs mercenaires en Italie), multipliant les exactions, ne tarde pas à se
rendre odieux. D'une rare cruauté, il égorge les prisonniers de ses propres mains. Il
impose un régime de terreur, y compris à l'égard de ses propres troupes. Ainsi fait-il
pendre par dizaines des soldats, et même des chevaliers, pour des vétilles, tel le vol
d'une poule. Ludovic Sforza tente alors de profiter de la situation pour reconquérir son
duché. En février 1500, un soulèvement populaire lui en donne l'occasion. A la tête
d'une armée de 10 000 mercenaires suisses et allemands, Sforza contraint Trivulce à
abandonner la place. Mais Louis XII achète la trahison des capitaines du duc. En avril,
la ville est de nouveau aux mains des Français. Ludovic doit chercher le salut sous un
déguisement de moine. En vain, car il est capturé à Novare. Telle une bête sauvage,
enfermé dans une cage de fer, on le transporte jusqu'au château de Loches où il finira
ses jours. Page MAJ ou créée le |