LOUIS XII CONQUIERT LE ROYAUME DE NAPLES (Eté
1501)
Louis XII a repris
à son compte les prétentions des rois de France sur l'Italie méridionale,
également convoitée par le roi Ferdinand d'Aragon. Les deux rivaux s'entendent
sur un partage du royaume de Naples. A l'été 1501, une expédition française
descend dans la Péninsule.
Louis XII a la
double ambition de s'emparer du duché de Milan et du royaume de Naples. Il
réclame le premier au nom de son ascendance Visconti. Pour le conquérir, il
s'est au préalable assuré la neutralité bienveillante de l'Empereur, la
complaisance du pape Alexandre VI et l'alliance de Venise, qui s'est, en
échange, adjugé quelques villes. En 1500, le roi de France est maître du
Milanais. Il tourne alors ses regards plus au Sud.
Mais un autre souverain, et non des moindres, s'intéresse de près aux mêmes
possessions : le roi Ferdinand d'Aragon. L'Espagnol, qui tient déjà la Sicile,
a lui aussi des prétentions sur le Napolitain, confié, regrette-t-il, à une
branche bâtarde la Maison d'Aragon. S'il a auparavant aidé ses cousins
d'Italie à récupérer leur trône, il pense désormais à s'approprier leur
royaume.
Plutôt que de se combattre, les deux puissances s'associent pour abattre le
petit roi qui règne alors à Naples, Frédéric III. Elles concluent, le 11
novembre 1500 à Grenade, un traité secret. Il est convenu qu'elles attaqueront
de concert et se partageront, après la victoire, le royaume à parts à peu
près égales. Louis XII obtiendrait le titre de roi, les villes de Naples et de
Gaète, la Campanie, la terre de Labour, les Abruzzes et la province de
Campobasso. Ferdinand recevrait le sud, c'est à dire la Calabre et les Pouilles.
Six mois plus tard,
l'armée de Louis XII, renforcée par des troupes de César Borgia, le fils du
pape, est rassemblée à Milan. Elle s'ébranle le 1er juin, sous la conduite de
Béraud Stuart d'Aubigny, capitaine écossais au service de la France. Le roi
suit, depuis Lyon, l'avancée du corps expéditionnaire vers le sud.
Informé des intentions françaises, le malheureux Frédéric III cherche
secours auprès de son parent espagnol. Hypocritement, Ferdinand le rassure et
lui promet son aide.
Mais quand Gonzalve de Cordoue, installé en Sicile avec de bonnes troupes,
reçoit l'ordre de franchir le détroit de Messine, ce n'est pas pour le
protéger, mais bien pour le combattre.
Début juillet, les Français pénètrent à leur tour dans le royaume de
Naples. Frédéric III choisit d'abandonner le terrain aux envahisseurs qui
dévastent la campagne. Il consacre ses forces à la défense des grandes
villes. Mais seule Capoue et ses 3 000 soldats opposent une véritable
résistance. La cité n'est prise d'assaut qu'après cinq jours de canonnade. Ses
derniers défenseurs sont exécutés et les vainqueurs se livrent alors au
pillage et aux pires exactions avec une rare sauvagerie. Hommes, femmes,
vieillards, enfants sont massacrés. Seule, dit-on, une quarantaine des plus
belles dames de la ville échappent au carnage, réservées au bon plaisir de
César Borgia.
N'ayant plus aucun
espoir d'arrêter l'irrésistible et meurtrière avancée française, Frédéric
III entame des négociations avec Stuart d'Aubigny. Il préfère avoir affaire
au roi de France qu'à son cousin espagnol, qui l'a trahi et accepte un
sauf-conduit pour aller plaider sa cause auprès de Louis XII. Il prend la mer
pour la France, avec une suite de cinq cents gentilshommes. De Marseille, il remonte à
Blois où l'attend le roi. Ce dernier ne l'accueille pas en prisonnier. Au lieu
de l'humilier, il le comble de présents. Bientôt Frédéric renonce à son
titre et à la moitié du royaume de Naples, en échange du comté du Maine.
Fin août 1501, Louis XII nomme un vice-roi de Naples, Louis d'Armagnac, duc de
Nemours, pour administrer la partie du royaume qui lui revient. De leur côté,
les Espagnols se sont emparés de la partie du sud. Mais bientôt, des
dissensions naissent entre les vainqueurs sur les modalités du partage. Le
seigneur de La Palice a pris possession de la Basilicate et de la Capitanate,
deux provinces limitrophes de la zone espagnole. Celles-ci, curieusement, n'ont
pas été attribuées lors du projet de partage. Ferdinand les réclame.
Commencent de longues tractations. Elles sont brutalement interrompues, le 9
juin 1502, quand les troupes de Gonzalve de Cordoue pénètrent en Capitanate et
s'emparent de fortins tenus par les Français.
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|