JEANNE DE BOULOGNE
Le 19 février 1350, en épousant la comtesse Jeanne de Boulogne
et d'Auvergne, dont le fils, né d'un premier lit, est duc héritier
de Bourgogne, le futur Jean II le Bon épouse surtout un bon parti. Au
cours de onze années de mariage, le couple ne sera guère uni;
mais à la mort de la reine, le duché de Bourgogne reviendra à
la Couronne.
Contrairement à son père le roi Philippe VI, le duc de Normandie,
le futur Jean II le Bon, épouse en secondes noces non une toute jeune
fille, mais une veuve âgée de vingt quatre ans. La comtesse Jeanne
de Boulogne et d'Auvergne, fille de Guillaume d'Auvergne et de Marguerite d'Evreux,
est en effet un bon parti : elle est héritière du duché
de Bourgogne, qui, après son décès, sera rattaché
à la Couronne. A six ans, à la mort de son père, Jeanne
de Bourbon est devenue comtesse de Boulogne et d'Auvergne. Après la disparition
de son mari, Philippe de Bourgogne, en 1346, puis celle de son beau-père,
elle s'est retrouvée à la tête du duché de Bourgogne,
et des comtés de Bourgogne et d'Artois. Ces territoires lui donnent un
grand pouvoir, argument décisif dans le choix de Philippe VI pour l'unir
à son fils aîné, veuf de Bonne de Luxembourg. Le mariage
est célébré le 19 février 1350 à Nanterre.
Les oncles paternels de la mariée, Jean de Boulogne, comte de Montfort,
le cardinal Gui de Boulogne et Godefroy de Boulogne, seigneur de Montgascon,
sont flattés d'entrer dans la famille royale, mais sont aussi frustrés
de ne pouvoir gouverner les domaines de leur nièce, et ne se rangeront
jamais du côté du roi lors des crises qui opposeront Jean II le
Bon à son cousin Charles II le Mauvais, roi de Navarre. La reine Jeanne
de Boulogne adoptera, elle aussi, une neutralité peu royale.
Jeanne de Boulogne a peu de goût pour la politique et ne s'en mêle
aucunement. Elle joue cependant son rôle officiel et participe à
toutes les cérémonies, vêtue de ses beaux atours et portant
même sur ses robes les insignes (une épingle et un anneau) de l'ordre
de l'Etoile, créé par Jean le Bon. Après la défaite
de Poitiers, en septembre 1356, et la capture du Valois par les Anglais, elle
quitte la Cour pour se retirer en Bourgogne auprès de son fils Philippe
de Rouvre, né de son premier mariage, et avec les trois enfants qu'elle
a eus avec le roi et qui mourront tous en bas âge. Cette absence de
la Cour alors que le royaume est en difficulté et le trône vacant,
est considérée par le chroniqueur Jean de Venette comme un abandon
indigne d'une reine. Sans doute cette défection est-elle due au fait
qu'à aucun moment il n'a été question de lui confier la
régence : c'est le dauphin, le futur Charles V, qui l'exerce. Si bien
que la reine suit les événements de fort loin, tout en attendant
le retour de captivité de son époux. Celui-ci restera quatre ans
en Angleterre et ne sera libéré, à la suite du traité
de Brétigny, qu'en octobre 1360. Le couple royal n'aura guère
le temps de renouer et de reprendre la vie commune, car la reine Jeanne mourra
le 21 septembre 1361.
Philippe de Rouvres disparaît peu de temps après sa mère,
le 21 novembre 1361, alors qu'il n'a pas encore quinze ans, victime d'une épidémie
de peste qui sévit en Bourgogne. Il n'avait pris aucune disposition testamentaire
et venait d'être émancipé par le roi, son beau-père
et tuteur, à l'occasion de son mariage avec Marguerite, héritière
des comtés de Flandre et de Nevers. Conformément à la
coutume, ses biens, considérables, sont partagés entre les lignes
paternelle et maternelle, à l'exclusion du riche et puissant duché
de Bourgogne. Les comtés de Boulogne et d'Auvergne échoient à
son grand-oncle maternel Jean de Boulogne. Le cardinal Gui de Boulogne, autre
grand-oncle maternel, ne réclamant rien, c'est sa veuve qui hérite
des comtés de Bourgogne et d'Artois. Quant au roi, il récupère
le duché de Bourgogne sans se préoccuper des autres héritiers
légitimes, tels son frère, Philippe d'Orléans, retenu en
otage en Angleterre et parent au cinquième degré de Philippe de
Rouvre; et surtout son cousin le roi de Navarre Charles II le Mauvais. Jean
le Bon se rend à Dijon et, sitôt arrivé, cherche à
s'attirer les bonnes grâces des notables de la ville et de la population
bourguignonne. Dans ce but, il satisfait toutes leurs requêtes, y compris
l'autonomie judiciaire, et reconnaît même au parlement de Beaune
le droit de juger sans appel. Peu lui importent pour l'heure ces concessions,
puisqu'elles lui permettent d'agrandir son territoire, fortement amputé
par le traité de Brétigny. Mais, en août 1363, Charles de
Navarre, qui revendique l'héritage bourguignon, signe avec le roi d'Aragon
un traité d'alliance contre le Valois. Jean le Bon réplique en
annulant l'intégration de la Bourgogne au domaine royal et en donnant
le duché en apanage à son troisième fils, Philippe le Hardi,
pour le récompenser de la bravoure dont il a fait preuve à la
bataille de Poitiers.
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