LES BOURBONS
HENRI IV, LE PEUPLE |
ASSIEGES PAR HENRI IV, LES PARISIENS RESISTENT Assiégés par Henri IV depuis le 7 mai 1590, les Parisiens organisent la résistance. Pour les galvaniser, la Ligue ultra-catholique ordonne des processions de moines soldats, mais ces démonstrations ne peuvent distraire les esprits tenaillés par la faim. Faute de pain, on mange du chien, du chat, du rat... Les Parisiens résistent et rien ne semble pouvoir
entamer leur détermination. Tout acquis à la Ligue ultra-catholique,
ils s'obstinent à garder les portes closes et à interdire l'entrée
de leur ville à Henri IV, ce souverain protestant. Mais le Béarnais
n'entend ni rester un roi sans capitale ni voir ses sujets continuer à
se montrer rebelles à son autorité. Le 12 mai, le roi lance son premier assaut en attaquent le faubourg Saint Martin. Après quatre heures de lutte, ses troupes sont repoussées. Bien que modeste, cette victoire est fêtée par les assiégés et par la Ligue, qui organise une procession destinée à galvaniser le moral du peuple. Afin de marquer les esprits, les moines sont travestis en soldats. Toute la population accourt "à ces spectacles nouveaux qui représentent, à ce que les zélés disent, l"Eglise militante", raconte le chroniqueur Pierre de L'Estoile. En rangs par quatre, chartreux, feuillants, capucins et minimes défilent "armés" d'arquebuses, de pertuisanes, de dagues. Quant aux supérieurs de ces ordres religieux, "chacun d'eux tient d'ue main un crucifix et de l'autre une hallebarde. Tous ont leur robe retroussée et leur capuchon rabattu sur leurs épaules. Beaucoup portent des casques, des corselets, des poitrinals". Mais ce genre de procession ne fait pas oublier que la famine menace. Si les riches et les établissements religieux ont engrangé des provisions et de la farine, les pauvres, vivant au jour le jour, sont promis à la disette. Le duc de Nemours demande que l'on inventorie les céréales et fait entreposer quinze cents muids d'avoine pour quand le blé sera épuisé. Mais dès le 31 mai, la faim se fait durement sentir. et les premiers cris de mécontentement s'élèvent. L'annonce de l'arrivée imminente du duc Charles de Mayenne, qui est en route avec une armée de secours, et de la distribution de pain aux plus démunis par Francisco de Mendoza, ambassadeur d'Espagne en France, redonne du courage aux assiégés. Cependant, certains commencent à envisager de négocier avec Henri IV. Plusieurs bourgeois modérés le déclarent publiquement, mais, accusés de trahison, sont jetés à la Seine. Redoutant un soulèvement populaire, le Parlement, composé de ligueurs zélés, interdit sous peine de mort d'entrer en pourparlers avec le "roi de Navarre". Au mois de juin, le pain manque. Les assiégés
ne vont bientôt même plus pouvoir mélanger l'avoine au froment.
Mendoza suggère un surprenant substitut : "Moudre
les os des morts empilés. Tremper et mollifier cette poudre avec de l'eau
et en faire du pain pour ceux qui n'ont pas de blé!" Un étrange
procédé qui est adopté, faute de mieux. L'ambassadeur distribue
aussi cinquante mille écus, fait fondre son argenterie, distribue aux
pauvres des poignées de pièces d'or lorsqu'il se déplace
en carrosse. Mais le 24 juin, les plus affamés refusent son argent :
ce qu'ils veulent, c'est du pain. Pendant ce temps, certains s'enrichissent
grâce au "marché noir", qui leur permet de vendre à
prix d'or de la viande de cheval et d'âne. Page MAJ ou créée le 2003 |