LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, CHEF D'ETAT |
LE TRAITE DE BOVES Face à la coalition formée par les Champenois et les Flamands, Philippe II Auguste résiste avec détermination. Lorsque l'union de ses adversaires va donner des signes de faiblesse, il usera de tous les moyens pour l'anéantir. Par le traité de Boves, signé en juillet 1185, il assoiera définitivement son pouvoir et son autorité sur les grands seigneurs du royaume. En mai 1181, les féodaux champenois et flamands se sont ligués contre Philippe Auguste. Mais la coalition montre vite des signes de faiblesse. Deux des oncles du roi appartenant à cette opposition, le sénéchal Thibaut de Blois et l'archevêque de Reims Guillaume Blanches Mains, répugnent à faire la guerre. Si bien qu'ils acceptent les avances du Capétien et reprennent leur ancienne place au palais royal. De son côté, le comte Baudouin V de Hainaut commence à se lasser de suivre la politique des Flamands. La guerre contre le roi de France lui coûte accablement et dépenses colossales, tant en argent qu'en hommes. S'il devient hésitant, c'est aussi parce que Philippe Auguste est son gendre; et parce que sa fille le supplie de faire la paix avec le roi. La reine Isabelle de Hainaut insiste d'autant plus que sa position à la Cour est de plus en plus difficile. Son époux lui reproche de n'avoir pas réussi à détacher son père de la coalition, et en 1184 l'absence d'héritier le convainc de demander le divorce. Et il faut le geste spectaculaire de la jeune femme (qui, à Senlis, vêtue en pauvresse, implore la miséricorde divine) pour qu'il se résigne à ne pas la répudier. Néanmoins, le comte de Hainaut craint pour sa fille
et songe désormais à abandonner ses alliés. Philippe Auguste
use sans aucun scrupule d'un procédé déloyal. Lors d'une
des trêves conclues avec les Flamands, il mentionne le nom de son beau-père
parmi les partisans de la France à qui s'applique l'armistice. Se croyant
trahi par Baudouin de Hainaut, le comte de Flandre Philippe d'Alsace se venge
en formant contre lui une ligue de barons allemands et lorrains qui envahit
son comté. Attaqué de toutes parts, le père de la reine
se défend comme il peut, sans que son gendre se donne la peine d'aller
à son secours. En séparant la Flandre et le Hainaut, le roi a
réussi à réduire la coalition : le reste lui importe peu. Au mois de juillet 1185, par la signature du traité
de Boves, Philippe d'Alsace donne à Philippe Auguste, avec l'expectative
de l'Artois, dot de sa femme, soixante cinq châteaux du Vermandois et
l'importante ville d'Amiens. La domination des rois de France s'étend
désormais presque sans discontinuité de la Seine moyenne à
l'Authie. La Flandre vaincue et dépouillée d'une partie de son
territoire, les princes de Champagne réduits à l'état de
serviteurs dociles de la monarchie, l'impuissance des ligues féodale
démontrée, la supériorité de la dynastie capétienne
affirmée avec éclat : tel est le résultat obtenu par le
jeune roi de viongt ans après seulement cinq années de règne. Page MAJ ou créée le 10/07/2004 |