LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER, SA VIE

 

LA REINE ANNE DE KIEV DEVIENT COMTESSE DE CREPY

Fin 1061, Anne de Kiev, veuve d'Henri 1er depuis un peu plus d'un an, se remarie avec Raoul de Péronne, comte de Crépy. A la Cour, l'affaire fait grand bruit.. Bien des grands jugent scandaleux le fait que la reine mère, qui assume la régence et la tutelle du jeune roi Philippe 1er encore mineur, épouse un seigneur de rang inférieur. Mais le plus grave, c'est que Raoul de Crépy est déjà marié.

A la mort d'Henri 1er, le 4 août 1060, sa veuve, Anne de Kiev, devient la "reine blanche", car le blanc est alors la couleur du deuil. C'est à elle que sont confiées la régence et la tutelle de son fils Philippe 1er, âgé d'environ huit ans, conjointement avec le comte Baudoin V de Flandre, oncle du jeune souverain, et avec l'archevêque Gervais de Reims. La reine mère prend sa tâche très à coeur; mais un événement innatendu va l'éloigner du gouvernement royal : son remariage avec Raoul de Péronne, comte de Crépy.
C'est en 1061 qu'Anne de Kiev, alors âgée de quelque 36 ans, tombe amoureuse d'un personnage haut en couleur et familier de la Cour : Raoul de Péronne. A force de ténacité, et aussi au gré de ses deux mariages, ce feudaire a considérablement agrandi ses domaines. Bon militaire, il s'est emparé sans scrupule de villes et de châteaux tenus par des seigneurs moins déterminés et plus faibles que lui, mettant à profit l'attitude d'Henri 1er, qui a préféré le ménager plutôt que d'intervenir.

Après la mort d'Henri 1er, le comte Raoul de Crépy fait une cour assidue à la reine Anne. Comme il est déjà marié, il répudie son épouse, qu'il va jusqu'à accuser d'adultère afin de légitimer son comportement! Anne de Kiev cède à ses avances (selon certains, le comte Raoul l'aurait enlevée...) et le mariage est célébré à la fin de l'année 1061. A la Cour, l'union de la reine régente avec un seigneur de rang inférieur, qui plus est déjà marié, passe pour scandaleuse et fait grand bruit. De son côté, Anne de Kiev, réputée pour sa profonde piété, vit sans doute un drame de conscience : Raoul de Crépy a beau avoir belle allure, son mariage est entaché d'illégalité.
Tandis que l'épouse légitime du comte Raoul en appelle au pape Alexandre II, Gervais de Reims, dans une lettre au souverain pontife, fait état de "la peine du jeune roi, de l'étonnement de la Cour, de son désarroi personnel". Les chroniqueurs les plus virulents crient leur indignation face à un mariage contracté au mépris de la loi et du droit. En 1066, Raoul de Crépy est excommunié; ce qui ne l'empêche pas de se qualifier sans vergogne de "beau père du roi". Quant à Anne de Kiev, aucune sanction n'est prise contre elle. Bien que devenue comtesse, la reine tient à ce que son statut de régente continue à être reconnu. En 1063, alors qu'on a omis de la mentionner dans les actes d'une donation faite par Philippe 1er à Soissons, elle réplique en apposant sa signature "Ana Reina", juste au dessous de celle de son fils d'une écriture appuyée qui traduit bien sa détermination. Après cet incident, les secrétaires du roi ne l'oublieront plus, même si elle est souvent mentionnée sous le titre de comtesse.

Au cours des années 1060, Anne de Kiev participe au renouveau monastique de son temps en fondant l'abbaye Saint Vincent à Senlis. Sur des terres du comté de Senlis, dont elle a la joiussance à titre de pension, avec "la faveur" de son fils et "l'assentiment de tous les grands", elle fait bâtir une église dédiée à Saint Vincent et un monastère destiné à des chanoines réguliers. Dans la lettre de fondation, elle précise que son intention est de réparer les fautes du roi Henri 1er, de ses amis et les siennes (pense-t-elle à son second mariage?). En 1065, lors de la consécration de l'église, elle émet le voeu qu'en ce lieu "puissent vivre des religieux, dans le calme et la paix, pour y servir Dieu jour et nuit, en renonçant au monde et en embrassant canoniquement la vie régulière, c'est à dire la règle écrite des Saints Apotres et de Saint Augustin".
A la mort de Raoul de Crépy, en 1074, Anne de Kiev se retire vraisembablement à Senlis. L'année suivante, elle est mentionnée une dernière fois, en tant que "Anne mère du roi Philippe", sur une charte en faveur de l'abbaye de Pont Levoy, puis elle disparaît de la vie publique. On ne sait pratiquement rien des dernières années de sa vie : peut-être se serait-elle retirée, loin du monde et de la Cour, sur ses terre de Verneuil l'Etang, près de Melun. Elle serait morte un 5 septembre, en 1078 ou 1079, et on ignore où se trouve sa sépulture.

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