LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE ET LE PEUPLE

 

QU'EST-CE QUE LE CATHARISME?

Prospérant dans le Languedoc, le catharisme menace l'unité religieuse de la Chrétienté. Très organisé, il se présente comme le "véritable" christianisme et a ses propres croyances. Le dualisme est un de ses fondements théologiques et le consolamentum son unique sacrement.

Les cathares souhaitent réformer de l'intérieur une Eglise catholique vivement critiquée à cause de ses richesses temporelles. Fortement ancré dans le Languedoc dès la seconde moitié du XIIème siècle, le catharisme est beaucoup mieux organisé que les autres mouvements religieux dissidents. Ayant ses évêques et ses diocèses, disposant de son propre corps de doctrines et de coyances, il fait figure de "contre-Eglise". Il se distingue très nettement du christianisme officiel et se pose comme le seul christianisme "authentique", héritier des premières communautés chrétiennes. Il accuse l'Eglise de Rome d'être corrompue parce qu'elle recherche le pouvoir politique et les richesses de ce monde.
En quoi consistent la doctrine et les rites cathares? Difficile de le savoir avec exactitude : d'une part, les "Eglises" cathares locales disposent d'une réelle autonomie; d'autre part, l'essentiel de ce que nous en savons nous a été transmis par les adversaires de cette "hérésie".

L'un des traits fondamentax du catharisme est le dualisme, un peu à la manière du manichéisme, combattu par Saint Augustin. Dieu et Satan, le Bien et le Mal se livrent une bataille permanente. Pour les cathares, le monde matériel et visible (qui est aussi celui de la chair) dans lequel nous vivons est régi par le principe du Mal. C'est un univers corruptible et corrompu, empli de créatures inutiles. Dieu, incarnation du Bien, ne peut être à l'origine ni du Mal ni de ce monde. Un autre monde, celui de l'Esprit, peuplé de créatures éternelles, est régi par le principe du Bien. Plusieurs courants vont d'un dualisme absolu à un dualisme mitigé, ce dernier assez proche du monothéisme traditionnel. Parcelles d'esprit enfermées dans la matière, les âmes peuvent s'en libérer par l'ascèse et en suivant l'exemple du Christ. Ce dernier, comme le proclamait le docétisme (hérésie des premiers siècles de l'Eglise), est le fils adoptif de Dieu. Il n'a pas un corps réel et sa Passion n'a été qu'une apparence. Pour les cathares, son enseignement est plus important que sa souffrance.
Par ailleurs, les tenants du catharisme ne croient pas au dogme chrétien de la Trinité. Ils récusent en grande partie l'Ancien Testament, oeuvre du Diable, tout comme Abraham, Moïse ou encore Jean Baptiste. Du Nouveau Testament, considéré, lui, comme divin, ils apprécient particulièrement l'Evangile de Jean.

Les cathares n'admettent pas les sacrements dispensés par l'Eglise catholique. Le Christ n'est pas présent dans l'eucharistie et le baptême d'eau des enfants n'a aucune validité. Pourtant, ils partagent chaque jour le pain préalablement béni. Le mariage est également condamné, tout comme la procréation puisqu'elle perpétue l'oeuvre du Mal. Le seul sacrement qui compte est le consolamentum, baptême de l'esprit. Après une période de préparation d'un an faite d'ascèse, le postulant reçoit l'imposition des mains et celle de l'Evangile, qui transmet l'Esprit Saint. S'il est marié, il doit d'abord rompre cet engagement en accord avec son conjoint. Le rituel du consolamentum permet au corps, qui retient l'âme, de se purifier, accorde la remise des fautes et engage celui qui le reçoit dans une vie de perfection, faite de chasteté et de prières. Le plus souvent, les sympathisants du catharisme demandent à ne recevoir le consolamentum que quelque temps avant de mourir à causes des contraintes qu'il suppose. Ce rituel donne aussi l'assurance de rompre le cycle des réincarnations successives, certains courants du catharisme croyant à la métempsycose.

Le catharisme réunit, schématiquement, deux catégories d'adeptes : ceux qui n'ont pas reçu le consolamentum et ceux qui l'ont reçu. Les premiers constituent les sympathisants. Ils ne sont pas soumis à un mode de vie particulier, mais se regroupent néanmoins en communautés avec les croyants, les "baptisés de l'Esprit", véritables piliers du catharisme. L'administration du consolamentum transforme le cathare en "parfait" (appelé aussi "chrétien" ou, en albigeois, "bon homme"). Les femmes accèdent également à ce statut. Le "clergé" cathare se recrute parmi les parfaits. Les diacres, qui dirigent les communautés et les diocèses, sont soumis à l'autorité d'un évêque, assisté d'un "fils majeur" et d'un "fils mineur" qui lui succèdent à sa mort.

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