LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE ET LE PEUPLE
LES CATHARES TIENNENT "CONCILE"
Contestation religieuse radicale, le catharisme s'organise en une véritable contre-Eglise. Venu peut-être de Bulgarie par la vallée du Rhin, il prospère dans le Languedoc, menaçant l'unité religieuse du royaume, et fera l'objet d'une sévère répression. Vers 1174, les cathares se réunissent en assemblée générale européenne et tiennent un véritable "concile".
Au château de Saint Félix de Caraman, dans le Languedoc, la réunion (qui se tient probablement vers 1174) a des allures de concile. Sur ces terres languedociennes rebelles, les mouvements hérétiques fleurissent et prospèrent au cours des XIIème et XIIIème siècles. Venu de Constantinople, l'évêque Nicétas (que certains considèrent comme le "pape des hérétiques") préside l'assemblée. Lors d'une tournée en Occident, il vient transmettre le pouvoir d'ordination épiscopal dont il est détenteur. Ce "concile cathare" est connu des historiens par un document faisant partie des archives de l'Inquisition de Carcassonne, dont ne subsiste aujourd'hui qu'une copie du XVIIème siècle.
De nombreuses communautés cathares
ont envoyé des représentants à Saint Félix de Caraman.
Les groupes du Languedoc, dénommés Albigeois, y côtoient
ceux de la France du Nord, venus d'Artois et de Champagne, et ceux de Lombardie.
L'évêque Nicétas va finalement s'employer à organiser
la hiérarchie des communautés et à fixer les limites territoriales
des diocèses. Il confirme dans leurs fonctions épiscopales Robert
d'Epernon et Sicard Cellerier, consacre évêques Marc pour la Lombardie,
Bernard Raimond pour Toulouse, Guiraud Mercier pour Carcassonne et Raimond de
Casals pour Agen. Ces décisions pèseront lourd sur les relations
entre le catharisme et le christianisme officiel. Jusqu'alors, les communautés
franco-italiennes ont plutôt professé un dualisme mitigé.
Cette conversion est un pas supplémentaire vers la rupture avec l'Eglise
romaine.
En 1143, un moine allemand avertit Bernard de Clairvaux, grand
défenseur de l'orthodoxie religieuse, de l'arrestation à Cologne
de membres d'une secte rejetant les sacrements et pratiquant l'ascèse
avec ferveur. Ceux-ci affirment appartenir à une "Eglise" restée
cachée depuis l'aube du christianisme, présente et bien organisée
en Grèce. Leur doctrine s'apparente à celle de la secte des bogomiles,
qui existait en Bulgarie depuis le siècle précédent et
a gagné Constantinople. Vers 1140, l'empereur byzantin Manuel Commène
les persécute. Les cathares sont-ils des bogomiles? Faits et dates semblent
plaider en faveur de cette hypothèse.
Dans les années 1150,
les évêques de Cologne, de Trèves et de Liège condamnent
à plusieurs reprises un clerc, qui est convaincu de professer "l'hérésie
des cathares". Le terme cathare (venant d'un mot grec signifiant "pur")
apparaît pour la première fois officiellement. Il est largement
repris à partir de 1163 par Eckbert, abbé de Schönau, prédicateur
qui pourchasse les hérétiques rhénans.
La nouvelle hérésie s'étend
rapidement, grâce à des adeptes qui font preuve d'un réel
zèle militant. D'abord signalé dans les régions rhénanes,
le catharisme gagne la France du Nord-Est, l'Artois et la Champagne. Il s'épanouit
ensuite dans le Midi languedocien et se répand en Italie du Nord. Il
semble solidement implanté dès les années 1160. Avant la
fin du XIIème siècle, une vingtaine d'Eglises cathares sont répertoriées
du Languedoc au Proche Orient. Dans le nord de la France, en Flandre et en Angleterre,
la hiérarchie catholique prend le problème très au sérieux
et combat férocement l'hérésie. Dans le Sud, en particulier
dans le Languedoc, les évêques sont tout aussi inquiets, mais la
contre-offensive est beaucoup plus difficile à organiser.
La France
méridionale est manifestement plus perméable à l'expansion
cathare. Plusieurs mouvements hérétiques ont déjà
chauffé les esprits à blanc. En 1145, Bernard de Clairvaux vient
y prêcher contre les dissidences religieuses. Peu touché par la
réforme grégorienne, initiée par le pape Grégoire
VII, le Languedoc ne dispose pas d'un clergé de très bonne qualité.
Très bien implanté dans la région, le catharisme y menace
l'unité religieuse par son organisation et par son corps de doctrine.
Au début du XIIIème siècle, la riposte politique et religieuse
s'organise avec la croisade contre les Albigeois et l'instauration de l'Inquisition.
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