LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE ET LES PERSONNALITES
Geoffroy le Bel

 

DUC DE NORMANDIE

La riche Normandie est une proie très convoitée. Pour s'en emparer, le Plantagenêt Geoffroy le Bel ne va pas seulement faire valoir les droits sur le duché de son épouse, l'impératrice Mathilde, mais aussi entreprendre une véritable guerre de conquête. Le 19 janvier 1144, il fera son entrée à Rouen, où il sera solennellement couronné duc de Normandie.

Etendre ses domaines est l'obsession de la Maison comtale d'Anjou. Comme la puissance des ducs d'Aquitaine interdit toute progression vers le sud, les Angevins lorgnent vers le nord et vers la Normandie. En 1109, le comte Foulques V le Jeune a amputé le duché en s'emparant du Maine. En 1128, le mariage de son fils aîné, Geoffroy V le Bel, dit "Plantagenêt", et de l'impératrice Mathilde, fille et héritière du duc roi Henri 1er Beauclerc, a provisoirement apaisé les conflits entre Angevins et Normands.
De son vivant, Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre et duc de Normandie, a fait reconnaître par les barons anglo-normands sa fille Mathilde comme sa seule héritière. Mais les grands ont prêté serment de très mauvaise grâce : ils sont peu désireux de placer une femme sur le trône et envisagent d'un très mauvais oeil de voir la Normandie tomber dans l'escarcelle de l'Angevin Geoffroy le Bel.

A la mort d'Henri Beauclerc, en décembre 1135, le Plantagenêt, sentant la réticence des Normands, décide aussitôt de s'emparer de plusieurs châteaux dans le sud du duché. Il est soutenu par Thierry d'Alsace, comte de Flandre, qui attaque en même temps par le nord. Cette incursion provoque une vive réaction de la part des barons normands, qui font appel au comte Thibaud II de Blois-Troyes-Champagne. Mais, rapidement, l'Angevin et le Champenois concluent une trêve d'un an : des troubles en Anjou empêchent Geoffroy le Bel d'attaquer plus avant en Normandie pour faire valoir les droits de sa femme.
Pendant ce temps, en Angleterre, Etienne de Blois, comte de Boulogne et de Mortain; frère de Rhibaud de Blois et cousin en ligne maternelle de Mathilde, se fait acclamer à Londres et à Winchester. Les barons anglo-normands, qui sont nombreux à posséder des fiefs de part et d'autre de la Manche, préfèrent se soumettre à sa seule suzeraineté et s'empressent de le reconnnaître comme duc de Normandie. Dès lors, voilà Mathilde dépouillée de la totalité de son héritage! Avec son époux, elle va mener la lutte contre Etienne de Blois avec autant de ténacité que de méthode. Alors qu'elle passe en Angleterre, Geoffroy le Bel, après avoir mis de l'ordre dans ses domaines, entreprend à l'automne 1136 la conquête de la Normandie à la tête d'une coalition réunissant le duc d'Aquitaine, les comtes de Ponthieu et de Vendôme. Il va lui falloir quatre invasions en règle du duché pour venir à bout de ses adversaires.

Au début, succès et revers alternent. Puis, peu à peu, Geoffroy le Bel s'empra des places les plus vitales de la province : Caen, Bayeux, Lisieux, Falaise. Louis VII est trop préoccupé par la guerre qui le retient en Champagne pour intervenir, bien qu'il soutienne officiellement Etienne de Blois. Celui-ci est vaincu et fait prisonnier par les troupes de l'Impératrice Mathilde à la bataille de Lincoln, en juin 1141. A sa libération, en novembre, il renonce à laisser son héritage normand à son fils Eustache et abandonne le duché à Geoffroy le Bel.
En 1143, le mouvement de conquête s'accélère : le Plantagenêt soumet Avranches et Coutances. Le 19 janvier 1144, enfin, il fait son entrée à Rouen, où, dans l'église cathédrale, il reçoit solennellement la couronne ducale. En avril, son entreprise est presque achevée, et, l'année suivante, en 1145, la forteresse d'Arques, le dernier bastion ennemi, tombe.
Comte d'Anjou, du Maine et de Touraine, Geoffroy V le Bel est en outre désormais définitivement maître de la Normandie. Fin avril 1144, Louis VII a menacé d'intervenir et a mis le siège devant Neufchâtel en Bray. Cette manoeuvre lui a permis d'ouvrir des négociations et d'obliger le nouveau duc de Normandie à reconnaître sa suzeraineté.
Cependant, l'équilibre des forces est bouleversé : pour le roi de France, le danger ne vient plus de l'est et de la Champagne, mais de l'ouest, où l'Anjou et la Normandie sont passés aux mains d'un seul et puissant lignage.

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