LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE ET LES PERSONNALITES
Geoffroy le Bel

 

LA MORT DE GEOFFROY LE BEL

Toute sa vie, Geoffroy le Bel a lutté sans relâche pour assurer à ses deux fils, Henry, le futur Henry II Plantagenêt, et Geoffroy, son héritage angevin ainsi que celui de son beau père, Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre et duc de Normandie. Surpris par la mort le 7 septembre 1151, il va tout juste avoir le temps de rédiger un testament raisonnable et juste, en espérant que son fils aîné respectera ses dernières volontés.

De l'héritage de son épouse,, l'Impératrice Mathilde, fille d'Henri 1er Beauclerc, roi d'Angleterre et duc de Normandie, Geoffroy le Bel a déjà récupéré le duché. En 1150, il en a investi son fils aîné, le futur Henry II Plantagenêt, qui a prêté hommage à Louis VII. Depuis longtemps, il a prévu de lui donner la Normandie : dans plusieurs chartes concernant le duché, le nom de son héritier est associé au sien comme "fils du comte d'Anjou et duc de Normandie". Pour lui, comme pour les barons anglo-normands, l'Angleterre et la Normandie sont indissociables, et Henry est donc destiné à recueillir l'héritage maternel. En revanche, il est inimaginable que son aîné puisse y adjoindre les possessions paternelles, les comtés d'Anjou, du Maine et de Touraine. Comment un seul homme pourrait-il gouverner de si vastes territoires? Les barons anglo-normands, qui se sont si souvent rebellés, et les faibles moyens dont dispose le pouvoir "central" pour faire exécuter ses volontés ne permettent pas d'envisager la création d'un tel Etat. De plus, il convient d'assurer un héritage à Geoffroy, son cadet.

A trente sept ans, Geoffroy le Bel, dit "Plantagenêt", est en pleine force de l'âge et en pleine santé. Mais, en septembre 1151, lors d'une baignade dans le Loir, il prend froid. Contraint de garder la chambre dans sa demeure de Château du Loir, il sent la mort venir. Avant de rendre son âme à Dieu, il doit faire connaître ses dernières volontés et répartir ses biens entre ses fils. Il lui faut d'abord tenir compte de la situation en Angleterre, où la guerre civile fait toujours rage entre les partisans de son épouse, l'Impératrice Mathilde, et ceux du roi Etienne de Blois. Il prévoit donc que, tant que ce dernier sera sur le trône, son fils aîné gardera, en plus de la Normandie, l'Anjou, la Touraine et le Poitou, et ne cédera à son cadet que les châteaux de Chinon, de Loudun et de Mirabeau. Mais, sitôt entré en possession de l'Angleterre (et apparement le mourant n'en doute pas), il ne conservera que la Normandie et restituera à son frère la totalité de l'héritage angevin.
Voilà un testament tout à fait raisonnable, à la fois politique et juste. Mais Geoffroy le Bel reste insatisfait : il connaît Henry, son caractère ambitieux, et ne se fait guère d'illusions sur son souci de respecter les volontés paternelles. Aussi prend-il la précaution d'exiger que son aîné s'engage solennellement à se soumettre à ses décisions et, comme ce dernier est pour l'heure absent, fait jurer à ses fidèles de ne pas lui donner de sépulture tant que cet engagement n'aura pas été pris.

Sitôt après la mort de Geoffroy le Bel, le 7 septembre, Henry accourt à Château du Loir. Apprenant les dispositions prises à son égard, il hésite longuement : son père le connaissait bien! Les prières des évêques et des grands seigneurs qui ont assisté aux derniers moments du défunt finissent par le faire fléchir, et il se résigne, mais de très mauvaise grâce, à prêter le serment exigé. Geoffroy le Bel peut alors être inhumé en grande pompe dans la cathédrale du Mans. De son tombeau, aujourd'hui disparu, il ne subsiste qu'un vestige d'une valeur inestimable : une plaque d'orfèvrerie qui le représente en armure, arborant un bouclier orné de trois léopards. Ce très beau travail d'émail champlevé est l'un des plus admirables spécimens de l'art du XIIème siècle.
Mais Henry "oubliera" bien vite son serment! Il accaparera l'héritage angevin et n'en laissera que des bribes à son frère Geoffroy, qui luttera en vain pour faire valoir ses droits. Duc de Normandie, comte d'Anjou, de Touraine et du Maine, et devenu roi d'Angleterre, le tout puissant Henry II règnera sur les possessions de sa mère comme sur celles de son père, qui seront à l'origine de l'immense "Empire Plantagenêt".

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