LES CAPETIENS
HENRI 1ER, CHEF D'ETAT

 

HENRI 1ER FAIT LA PAIX AVEC SON FRERE ROBERT
(JUILLET 1034)

 Henri 1er voit le début de son règne marqué par une guerre civile fomentée par sa propre mère, la reine Constance d'Arles, et par son frère Robert. Trois années lui seront nécessaires pour mettre fin à ce conflit familial, qui ruine le royaume et dont les grands féodaux ne se privent pas de tirer parti. En juillet 1034, le roi fera la paix avec son cadet et, en gage de réconciliation, lui cédera en apanage le duché de Bourgogne.

La reine Constance d'Arles a eu trois fils, Hugues, Henri et Robert. Elle n'a aimé que le dernier. Son mari, Robert le Pieux, à l'exemple de son père, a associé son aîné au trône sous le nom d'Hugues II, en 1017; l'affaiblissement du rôle des grands barons et de leur droit d'élection s'est fait sous des murmures désapprobateurs, mais sans résistance ouverte. A la mort d'Hugues II, en septembre 1025, Robert le Pieux a décidé de faire sacrer son deuxième fils, Henri. Songeant à placer Robert sur le trône, la reine a manifesté une vive opposition à ce projet. Les grands féodaux, espérant tout bonnement voir annuler le sacre, ont pris parti pour l'un ou pour l'autre des souverains, mais sans grande conviction. Le roi a tenu bon et a malgré tout fait couronner Henri, en mai 1027. Ce jour-là, furieuse, la reine Constance a quitté la Cour.
Henri n'en a pas été pour autant fidèle à son père. Avec Robert, et sans doute poussé par la reine, il s'est entendu pour se révolter et devancer l'héritage. En 1030, les deux jeunes princes se sont rendu maîtres de plusieurs villes royales, en Bourgogne et en Ile de France, obligeant Robert le Pieux à se réfugier dans Beaugency.

Fille du comte d'Arles Guillaume 1er et d'Adélaïde d'Anjou, la reine Constance est ambitieuse, avide, dotée d'une nature violente et a vite pris un grand ascendant sur le roi. Leur mariage n'a pas été de tout repos. D'abord parce que pour Robert le Pieux, Constance n'est qu'un pis-aller; pire, elle lui est même odieuse! Il l'a épousée en troisièmes noces, alors que son coeur est pris par Berthe, veuve du comte de Blois. S'il a renoncé à cette dernière, qu'il a prise pour femme malgré l'interdiction de l'Eglise, c'est surtout parce qu'elle ne lui a pas donné d'héritier; mais il n'a pas renoncé à l'aimer même s'il doit songer à l'avenir de sa lignée. Las de Constance, épouse intrigante et acariâtre, le roi a même tenté de demander à Rome l'annulation de son mariage : en vain. Peu après, la reine lui a donné trois fils : ce qui lui a valu d'être pardonnée, provisoirement. Car lorsque les enfants ont été en âge d'accéder au pouvoir, les hostilités ont repris de plus belle.
L'alliance des deux fils et de la mère contre le père a résisté jusqu'à la mort de Robert le Pieux, en juillet 1031. Puis, la haine a pris le dessus. Constance d'Arles n'a pas renoncé à son projet de faire couronner Robert : si bien que le règne d'Henri 1er débute par une guerre civile.

La crise est d'autant plus grave que les barons s'en mêlent. Ils y voient une occasion de remettre en cause le principe de l'hérédité monarchique, que les Capétiens semblent vouloir imposer, et d'exercer leur droit à l'élection du roi à leur guise. Le comte Eudes II de Blois et le seigneur Hugues du Puiset prennent le parti de la reine-mère et de Robert. De son côté, Henri 1er peut compter sur l'appui du duc Robert 1er de Normandie, du comte Foulques III Nerra d'Anjou et du comte Baudoin IV de Flandre.
Les partisans de Robert s'emparent de la plupart des villes du domaine royal autour de Paris; le comte de Blois enlève Sens, et Henri 1er, presque totalement dépouillé, ne trouve refuge qu'à Fécamp, auprès du duc de Normandie.
Bientôt, cependant, il se ressaisit et, sans manquer ni de courage ni de décision, passe à la contre-offensive. Il négocie avec les nombreux ennemis du comte de Blois, noue une alliance avec l'empereur Conrad II le Salique, à Deville sur Meuse en mai 1033. Il arrache quelques victoires prometteuses, mais c'est surtout la mort de la reine Constance, la plus vindicative des protagonistes, qui permet d'entrevoir une issue au conflit. Très vite, en juillet 1034, Henri 1er obtient la soumission de son frère et mulitiplie les victoires. Pour que l'obéissance de Robert soit totale, le roi l'investit du duché de Bourgogne en pleine propriété et en tant que fief héréditaire. Un geste qui apparaîtra vite comme une faute politique majeure, dont ses successeurs auront à affronter les conséquences.

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