LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE, CHEF DE GUERRE
La seconde croisade (Noël 1145-Pâques 1147)

 

UN VOEU LONG A CONCRETISER

A la Noël 1145, Louis VII a fait voeu de croisade. Malgré les réticences du pape, des grands et de ses conseillers, il est décidé d'aller en Terre Sainte. Mais il lui faudra patienter dix huit mois, et c'est seulement à Pâques 1147 qu'il pourra enfin songer au grand départ.

Le jour de Noël 1145, le roi a fait voeu de croisade. S'il a décidé de se rendre en Terre Sainte, ce n'est pas seulement pour porter secours au royaume de Jérusalem et à la principauté d'Antioche, gravement menacés depuis que, l'année précédente, Immadedin Zenghi, l'émir de Mossoul, a repris Edesse. Il est poussé par le remord qui l'habite depuis le dramatique incendie qui, au cours de l'été 1142, a ravagé la petite cité champenoise de Vitry en Perthois. Il veut aussi expier un grave péché, celui de parjure : au printemps 1144, il est revenu sur son serment solennel et a accepté d'investir Pierre de La Châtre archevêque de Bourges. Peut-être le pieux souverain souhaite-t-il enfin exaucer le voeu de Philippe, son frère aîné, mort prématurément en 1131.

La décision de Louis VII, très loin de susciter l'enthousiasme, soulève maintes objections. Le ministre Suger, l'abbé de Saint Denis, craint qu'une absence prolongée du souverain n'encourage les grands vassaux à la rébellion; le pape Eugène III doit faire face à une révolte des Romains et juge le moment innoportun; enfin la noblesse, réunie en assemblée à Bourges, n'a pas oublié que la première croisade a fait de nombreux morts parmi ses ancêtres. Ces résistances n'entament pas la détermination du roi, mais l'incitent à la patience : il ne convoque une nouvelle assemblée, à Vézelay, que pour Pâques 1146.
Bien que d'abord réticent à ce projet, l'abbé Bernard de Clairvaux prêche la croisade avec toute son énergie et sa force de persuasion. Son fervent sermon provoque la même exaltation parmi les clercs et les barons que parmi les petites gens. Il se montre si convaincant que, peu après, il écrit au pape : "J'ai ouvert la bouche, j'ai parlé, et aussitôt les croisés se sont multipliés à l'infini. Les bourgs et les villages deviennent déserts, vous trouveriez difficilement un homme contre sept femmes. On ne voit partout que des veuves dont les maris sont encore vivants". Une foule de pénitents est prête à suivre les chevaliers; et ces derniers, à l'instar de Louis VII qu'accompagnera la reine Aliénor d'Aquitaine, peuvent emmener leurs épouses. Enfin, le jour de Noël 1146, Bernard de Clairvaux, qui entend que tous les princes d'Europe s'unissent contre les Infidèles, convainc l'empereur Conrad III de Hohenstaufen de se joindre à l'expédition, dont il prendra la tête au côté du Capétien.
Pendant ce temps, Louis VII parcourt son royaume pour collecter des fonds auprès de ses vassaux, des églises et des monastères. Le 16 février 1147, une nouvelle assemblée des grands est réunie à Etampes. Mais on n'y débat que fort peu des objectifs de la croisade. On n'envisage même pas de se concerter avec les chefs des Etats latins d'Orient, dont on ne soupçonne pas les querelles. On décidera sur place, au gré des événements...

Quel itinéraire les croisés suivront-ils pour rejoindre la Palestine? Louis VII décline la proposition du roi normand Roger II de Sicile, qui lui offre de convoyer ses troupes directement par mer. L'idée est certes séduisante, mais, ennemi acharné des Byzantins et du basileus Manuel 1er Commène, Roger II pourrait faire obstacle à l'alliance de tous les chrétiens d'Occident et d'Orient contre les musulmans, alliance que le roi de France juge indispensable à la réussite de l'entreprise. Les croisés prendront donc la route terrestre, celle qu'ont empruntée une cinquantaine d'années auparavant Godefroy de Bouillon et ses compagnons et qui les mènera à travers l'Empire, la Hongrie et les Balkans jusqu'au Bosphore et à Contantinople. A Pâques, Louis VII reçoit à Saint Denis le pape Eugène III, à qui il confie "la tutelle du royaume des Francs". Le souverain pontife en investit l'abbé Suger, qui en l'absence du roi assurera la régence. Ses affaires ainsi mises en ordre, le Capétien peut à présent songer à partir pour la Terre Sainte.

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