LES CAPETIENS
LOUIS VII LE JEUNE, CHEF DE GUERRE

 

LOUIS VII CONTRAINT HENRY II PLANTAGENET A LEVER LE SIEGE DE TOULOUSE
(ETE 1159)

Sans cesse, Louis VII doit tenir ses vassaux en respect. Celui qui lui donne le plus de fil à retordre est Henry II Plantagenêt, duc de Normandie, d'Anjou et d'Aquitaine et roi d'Angleterre. Malgré tout, les deux souverains ont conclu en 1158 un traité d'amitié dicté par le réalisme politique. Au cours de l'été suivant, cette entente va voler en éclats.

En mars 1159, nul n'ignore à la Cour de France que le roi d'Angleterre Henry II Plantagenêt, qui passe l'hiver en Aquitaine, a reçu à Blaye Raimond Béranger IV, comte de Barcelone et prince d'Aragon. Le premier prétend faire valoir les droits sur le comté de Toulouse que la reine Aliénor d'Aquitaine tient de sa grand-mère. Le second est en conflit permanent avec le comte de Toulouse Raimond V de Saint Gilles pour la domination de la Provence. Ensemble, ils ont décidé de sceller une alliance en mariant leurs enfants.
Le contexte est plus que favorable. La Maison de Castille et Léon, rivale traditionnelle du Catalan-Aragonais, s'est scindée en deux à la mort d'Alphonse VII, et Alphonse VIII n'est qu'un enfant en bas âge. Le rapport de forces a aussitôt basculé en faveur de Raimond Béranger, qui a les coudées franches pour intervenir au nord des Pyrénées. Quant au Plantagenêt, il entend en profiter pour chasser la Maison de Saint Gilles de son fief et étendre son autorité jusqu'aux rives de la Méditerrannée en s'arrogeant le comté de Toulouse.
En froid avec le roi de France et privée de l'alliance avec la Castille prise en tenaille, la Maison de Saint Gilles semble d'ores et déjà avoir perdu la partie. Le roi d'Angleterre peut en toute quiétude s'imaginer qu'aucun grain de sable ne viendra bloquer la formidable machine qu'il s'apprête à lancer contre Toulouse. Il se trompe.

En mars, à Tours, Henry II rencontre Louis VII, son suzerain pour la Normandie, l'Anjou et l'Aquitaine, et tente de le persuader de le laisser faire. Mais le Capétien refuse tout net : Raimond de Toulouse étant son vassal, toute action contre lui sera considérée comme une agression contre la Couronne de France. Le Plantagenêt n'a cure de cet avertissement et, le 22 mars1159, décrète la convocation générale de l'ost de l'ensemble de ses Etats. Tous ses vassaux, ceux des confins aquitains comme le roi d'Ecosse, devront être présents à Poitiers en juin. Il ordonne en même temps la levée d'un lourd impôt pour recruter ce qui constituera sa force principale : une multitude d'archers et de coupe-jarrets soldés à prix d'or et d'une terrible efficacité. Surtout, il parvient à se rallier jusqu'aux proches du roi, notamment le sénéchal Thibaud de Blois, en froid avec Louis VII, qui lui rend hommage.
En juin, le Capétien et le Plantagenêt se rencontrent de nouveau. Bien que Louis VII renouvelle son interdiction formelle de s'en prendre aux Etats du comte Raimond, Henry II croit qu'il va se réfugier dans une prudente inaction, attitude qui l'a déjà si bien servi. Pourtant, le 24 juin, lorsque la puissante armée du Plantagenêt se met en branle vers le sud, le roi de France a donné ses ordres.. Tandis que ses frères Robert de Dreux et Henri, évêque de Beauvais, sont chargés de faire diversion en opérant sur la côte normande, il prend en personne le commandement d'une troupe à l'effectif réduit, formée pour l'essentiel de la mesnie royale, et se met en route pour Toulouse.

En deux semaines, Henry II s'est emparé de Cahors, des principales places fortes du Quercy et du Rouergue, et touche presque au but. Mais, lorsqu'il arrive sous les murs de Toulouse, Louis VII est déjà dans la ville. Le roi de France est bientôt rejoint par le comte Raimond V, qui rentre d'une longue chevauchée contre ses vassaux révoltés, soutenus par le comte de Barcelone. Impossible, donc, de donner l'assaut. Henry II tente de parlementer, demande à Louis VII de se retirer. Mais celui-ci reste inflexible. Quelle raison aurait-il d'obéir, sachant que sa présence dans la ville empêche de la prendre? Les semaines passent, des renforts commencent à affluer. Henry II attend, se contente de renvoyer Thibaud de Blois au nord avec pour mission de contre-attaquer sur la frontière normande. Au début de l'automne, Louis VII est toujours retranché derrière les murs de Toulouse. La mort dans l'âme, le roi d'Angleterre se résout à ordonner la retraite. Confiant à son chancelier Thomas Becket le soin de fortifier Cahors, sa seule prise importante, il remonte vers la Normandie, ravagée par la guerre que s'y livrent Thibaud de Blois et les frères du roi de France. Mais il compte bien se venger de l'humiliant échec que vient de lui infliger Louis VII, qu'il accuse en outre d'avoir rompu le pacte de non agression signé l'année précédente.

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