LES CAPETIENS
PHILIPPE III
LE HARDI, CHEF D'ETAT
LA FIN DE LA HUITIEME CROISADE
Le jour même de la mort de Louis IX, le 25 août 1270, les croisés reçoivent enfin le renfort de Charles d'Anjou et de son armée. Après avoir signé un traité avec l'émir de Tunis, Philippe III le Hardi, fils et successeur du pieux Capétien, donnera le signal du départ pour la Sicile. Mais il devra renoncer au projet de reprendre la croisade et, à la tête d'un triste cortège funèbre, se mettra en route vers Paris, où il fera son entrée le 21 mai 1271.
Le 25 août 1270, alors que Louis IX vient tout juste de
mourir, son frère cadet, Charles d'Anjou, rejoint enfin la huitième croisade
en Tunisie. Le roi de Sicile arrive bien avec les renforts qu'il a promis à
son aîné, mais trop tard. Sitôt après avoir débarqué, il va se recueillir auprès
de la dépouille du défunt; puis rend hommage à son neveu, Philippe III le Hardi,
désormais roi de France.
Le 27 août, Philippe le Hardi reçoit l'hommage des
barons. Contrairement à son père et à son frère cadet, le comte Jean Tristan
de Nevers, il a eu la chance de survivre à l'épidémie de dysenterie. Encore
convalescent, il est trop faible pour combattre et laisse son oncle prendre
la situation militaire en main. Cependant, il n'entend en rien céder sur ses
prérogatives de souverain et, le 12 septembre, affirme son autorité en envoyant
deux messagers en France avec pour mission de confirmer les pouvoirs de régence
accordés par le défunt roi à l'abbé de Saint Denis, Mathieu de Vendôme, et au
seigneur Simon de Nesle.
A la tête de son armée, composée de troupes fraîches et
aguerries, Charles d'Anjou lance une contre-attaque et inflige une sévère défaite
aux musulmans. L'émir de Tunis, Muhammad, préfère négocier plutôt que de devoir
résister à un interminable siège. Le traité, signé le 30 octobre 1270, prévoit
une trêve de quinze ans et que "tous les négociants
chrétiens auraient accès et libre patente dans les Etats de l'émir, dont les
sujets musulmans bénéficieraient en France des mêmes droits (...). Les prêtres
et les moines chrétiens pourraient demeurer dans les Etats de l'émir, qui leur
donnerait un lieu pour bâtir des monastères et des églises et enterrer leurs
morts". L'émir s'engage également à verser 5 000 onces d'or (dont
2 000 iront à Charles d'Anjou) en échange de l'évacuation de Carthage par les
croisés. Enfin, les prisonniers, de part et d'autre, sont restitués.
Mais
l'épidémie continue à faire des ravages et menace les nouveaux arrivants. Il
est plus que temps de quitter ces lieux inhospitaliers, et Philippe le Hardi
donne le signal du départ. Le 11 novembre, la flotte croisée appareille pour
la Sicile, où il est prévu qu'elle passera l'hiver, avant de gagner la Palestine
au printemps suivant.
Le 15 novembre, les vaisseaux jettent l'ancre en rade
de Trapani. En fin de journée, alors que le roi, la reine et une partie de l'armée
viennent de débarquer, une violente tempête se lève. Dans la nuit, dix huit
navires sont coulés ou détruits, 4 000 passagers et hommes d'équipage sont noyés.
Désormais, il est impossible de poursuivre la croisade.
Après avoir tenu conseil, Philippe le Hardi renonce au
projet de gagner la Palestine, mais jure cependant de reprendre la croix dans
un délai de quatre ans. Seul le prince Edouard (le futur Edouard 1er d'Angleterre)
décide de se rendre en Terre Sainte et, après avoir passé l'hiver en Sicile,
il va appareiller au mois de mai 1271 pour Saint Jean d'Acre. De son côté, le
Capétien se met en marche vers le royaume de France, contraint de laisser derrière
lui de nombreux malades et mourants
Au mois de janvier 1271, après avoir
rejoint l'Italie, il commence lentement la remontée de la Péninsule. En Calabre,
le voyage est marqué par un tragique accident. Le 11 janvier, en traversant
un ruisseau, l'épouse de Philippe le Hardi, Isabelle d'Aragon, fait une chute
de cheval. Enceinte de six mois, elle met prématurément au monde son cinquième
enfant, qui ne survit pas. Le 30 janvier, dans la petite ville de Cosenza, la
jeune reine est elle aussi emportée par la mort.
Après une courte étape à
Rome, le cortège royal gagne Florence, Bologne, puis Milan. Il traverse les
Alpes au col du Mont Cenis et s'engage dans la vallée de la Maurienne. De Lyon,
il rejoint ensuite Mâcon, Chalons et Troyes. Enfin, le 21 mai 1271, un peu plus
de six mois après avoir quitté la Tunisie, il fait son entrée dans Paris. C'est
en larmes, que le peuple de la capitale accueille ses deux souverains : Louis
IX, mort à l'âtge de cinquante six ans, et son fils Philippe III le Hardi, âgé
de vingt cinq ans, qui désormais préside aux destinées du royaume.
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