LES CAPETIENS
PHILIPPE III
LE HARDI, CHEF D'ETAT
LE COMTE DE TOULOUSE EST ANNEXE AU DOMAINE ROYAL
Au début du XIIIème siècle, les pays de langue d'oïl et de langue d'oc sont comme étrangers. Leurs caractères, soumis à des influences différentes, font douter qu'ils puissent appartenir au même royaume. Les rois de France profitent de la croisade contre les Albigeois pour rattacher au domaine royal le comté de Toulouse.
En 1271, Philippe III le Hardi vient de succéder à son père le bon roi Saint Louis. En ce mois d'octobre, la nouvelle de la mort du dernier descendant des comtes de Toulouse vient rassurer le souverain. Son oncle, Alphonse de Poitiers et la femme de celui-ci, Jeanne de Toulouse, ont eu le bon goût de mourir sans descendance. Philippe III est le seul héritier et recueille entre ses mains un héritage convoité, dont l'annexion a été soigneusement préparée quelque quarante ans plus tôt.
L'histoire commence au début du XIème
siècle. L'hérésie cathare qui se répand dans le Languedoc affole peu à peu les
autorités ecclésiastiques et en premier lieu le pape Innocent III. En 1206, le futur
Saint Dominique constate avec horreur la profonde implantation des pratiques véhiculées
par les "parfaits". Le comte de Toulouse, Raymond VI, semble considérer les
hérétiques avec bienveillance tout en conservant une attitude des plus neutres. Si bien
qu'il ne tente même pas de contrer l'appel à la croisade que lance Innocent III. A la
suite de l'assassinat du légat Pierre de Castelnau, le comte, soupçonné d'avoir
commandité l'attentat, est excommunié, en 1209. Ses terres, qui ne lui appartiennent
déjà plus, vont bientôt être la proie des seigneurs du Nord. Devant la déferlante des
armées dirigées par Simon IV de Montfort, Raymond VI tente de sauver ce qui peut encore
l'être. En 1209, il fait pénitence et se soumet à l'Eglise qu'il promet d'aider dans sa
lutte contre le catharisme. En 1211, un concile se réunit à Montpellier pour étudier le
cas de ce seigneur occitan peu motivé par la lutte contre l'hérésie. La "charte
infâme" qui en découle l'oblige à se soumettre et à aller faire pénitence en
Terre Sainte. Le comte se soulève alors et se retranche dans Toulouse. Montfort échoue
à l'en déloger, mais s'empare du Toulousain. Raymond trouve un allié en Pierre II
d'Aragon à qui il prête allégeance après avoir abdiqué en faveur de son fils, le
futur Raymond VII. Tentant une dernière fois sa chance, le comte de Toulouse, aidé de
son allié aragonais, rencontre les Français près de Muret, en 1213. C'est une défaite
catastrophique qui entraîne la mort de Pierre II. Trois ans plus tard, le concile de
Latran IV ordonne la déchéance de la Maison de Toulouse. Le comte est dépossédé de
ses biens qui sont remis à Simon de Montfort. Ce dernier commence à réorganiser le pays
auquel il impose les coutumes du Nord.
De retour à Toulouse, en septembre 1217,Raymond VI se rebelle de nouveau. En 1218, Simon
de Montfort met le siège sous les remparts de la ville. Dans la lutte acharnée, celui-ci
trouve la mort. Son fils Amaury hérite alors de ses droits sur le comté. Le nouveau chef
des "croisés" est rapidement accablé par le retour de Raymond VI et de son
fils. Ne parvenant pas à faire face, Amaury abandonne au roi de France sa souveraineté
sur le Toulousain. A ce stade, le comté de Toulouse appartient déjà à la Couronne de
France. Dans les faits, la situation est tout autre. Les Occitans résistent. Louis VIII
lance alors une croisade, en 1226, pour faire valoir ses droits. Mais il meurt, les
rebelles à peine soumis.
Pieux, Saint Louis est aussi un souverain habile et calculateur. Le pouvoir d'un roi de
France doit s'exercer directement sur tout le pays. Mais rien ne presse. Mieux vaut un
plan efficace à long terme qu'une action hâtive promise à l'échec. Aussi, le
rattachement du Sud de la France et du comté de Toulouse peut prendre le temps
nécessaire pourvu qu'il soit effectif. En 1228, Raymond VII et les seigneurs occitans se
soumettent solennellement au roi. L'année suivante, on signe le traité de Meaux par
lequel le comte reconnaît l'éclatement de son fief. La fille unique de Raimond VII,
Jeanne, promise au frère du roi Alphonse de Poitiers, devient son héritière.
L'Occitanie connaît alors des soubresauts. Trencavel de Carcassonnne se soulève en 1240.
Montségur tombe en 1244. Divorcé, Raimond VII tente de contrer les plans du roi et
cherche à se remarier afin d'avoir un nouvel héritier. Mais Saint Louis, Blanche de
Castille et le pape Innocent III font bloc contre lui. La machine est en marche. En 1249,
Raimond VII meurt. Sa fille recueille son héritage. Vingt ans plus tard, Alphonse de
Poitiers disparaît. Puis sa femme, Jeanne de Toulouse, le suit dans la tombe. Ils n'ont
pas d'enfants. Seul héritier, le roi Philippe III reçoit le comté de Toulouse, sonnant
le glas de l'indépendance occitane.
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