LES MEROVINGIENS

SUCCESSEURS DE CLOVIS : THIERRY 1ER

 

 

LE ROYAUME FRANC EN GUERRE CONTRE LA THURINGE

En 490, à l'issue de plusieurs campagnes militaires, Clovis avait déjà soumis une première fois la Thuringe, patrie de sa mère, Basine. C'est son fils aîné, Thierry 1er, roi d'Austrasie, qui, allié à son frère Clotaire 1er, roi de Neustrie, en fera définitivement la conquête et l'annexera au royaume franc.

Depuis 490, la Thuringe, royaume germain situé entre la Weser et la Saale, est plus ou moins soumise à la domination des rois mérovingiens. Un traité prévoyant l'échange d'otages de haute naissance garantit un statut quo pacifique entre les deux peuples. Pendant plusieurs années, les Thuringiens sont assujettis à un gouvernement tricéphale. Contrairement aux pratiques en usage chez les Mérovingiens (qui tendent habituellement à partager le royaume entre les héritiers du roi défunt), trois frères, Hermenfrid, Baderic et Berthaire, exercent conjointement le pouvoir. Malheureusement, cet arrangement ne peut résister aux ambitions des trois princes, qui vont prendre les armes et se livrer un combat sans merci.

Hermenfrid ouvre les hostilités en faisant assassiner Berthaire, le père de la belle Radegonde, qui deviendra plus tard l'épouse de Clotaire 1er. Berthaire éliminé, la Thuringe est dirigée pendant quelques années par ses deux frères, Hermenfrid et Baderic. Cependant, Hermenfrid subit l'influence néfaste de son épouse, Amalabergue, la nièce de Théodoric, roi des Ostrogoths d'Italie, qui n'a de cesse de l'inciter à s'arroger seul la puissance et le pouvoir. Le jeune roi thuringien se laisse convaincre et songe à faire appel à un allié étranger pour se débarrasser de Baderic. Dans ce dessein, il envoie un émissaire à Thierry 1er, roi d'Austrasie, afin de lui proposer une action militaire commune. En échange de son assistance, le fils aîné de Clovis recevra la moitié du territoire thuringien. Pour le roi franc, cette proposition est une véritable aubaine, qui lui permettra d'étendre sans trop de difficultés son royaume vers le nord.
Pendant que les deux alliés réunissent les forces de leurs milices en une armée commune, Baderic regroupe, courageusement mais sans grand espoir, ses grands vassaux les plus fidèles. Devant faire face à un adversaire plus nombreux, mieux armé et mieux préparé, il est vaincu puis décapité par ses vainqueurs.
Mais, après la bataille, Hermenfrid, le frère félon, tarde à remettre à Thierry 1er les terres promises, sachant que, tant qu'il aura le soutien de Théodoric, son oncle par alliance, le Franc ne tentera aucune action punitive.

En 531, Théodoric meurt. Dès lors, Thierry 1er peut agir sans crainte de devoir faire face à un ennemi puissant. Il propose donc à son frère, Clotaire 1er, roi de Neustrie, une alliance de circonstance en échange d'une part du butin. Et c'est une formidable armée franque qui se met en marche vers la Thuringe. Pour pallier l'insuffisance de ses troupes, Hermenfrid recourt à la ruse et fait creuser des fossés destinés à faire obstacle à la cavalerie ennemie.
Bien que le piège fonctionne, les Francs réussissent à percer la défense des Thuringiens. Contraints de se replier sur les rives de l'Unstrut, ceux-ci sont rattrapés par les hommes de Thierry et de Clotaire, et sauvagement massacrés. Grégoire de Tours rapporte que "la rivière fut remplie d'un tel monceau de cadavres que les Francs la traversèrent en marchant sur eux comme sur un pont".
Tandis qu'Amalabergue, son épouse, s'est enfuie à Constantinople, Hermenfrid a trouvé refuge dans une cachette bien gardée. Le Thuringien ne s'avoue pas encore vaincu et compte sur la discorde qui règne entre les rois francs. Il ne se trompe pas.
C'est tout juste si, lors du partage du butin, les deux frères n'en viennent pas aux mains. Clotaire 1er est prêt à tout pour obtenir le plus précieux des trésors, la jeune princesse Radegonde, dont il veut faire son esclave et son épouse. Faute de trouver un terrain d'entente avec son frère, Thierry 1er décide de négocier avec Hermenfrid, dont il a découvert la retraite.
Convoqué à Tolbiac, le Thuringien est accueilli en ami et de nombreux présents lui sont offerts. Mais il commet la faute irréparable de croire en la sincérité de son adversaire. Lors d'une promenade sur les remparts, le roi franc saisit vivement son hôte et le précipite dans le vide. Plus rien ne fait désormais obstacle à l'annexion de la Thuringe par Thierry 1er.

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