LE CAMP DU DRAP D'OR (Juin 1520)
Dans l'après-midi du 7 juin 1520, les rois de
France et d'Angleterre, François 1er et Henry VIII ouvrent le Camp du Drap d'Or. Une
rencontre fastueuse et amicale entre deux souverains qui veulent, en ces trois semaines de
fêtes, adoucir les moeurs politiques en vogue, par trop guerrières. Et pendant
que les Cours s'amusent, les diplomates peuvent discuter.
Aucun d'eux n'a trente ans, cet âge de
raison, mais encore l'enthousiasme de la vingtaine. François et Henri sont amis, dans
leurs différences. La premier a fière allure, avec son 1,95m, sa prestance élancée, sa
noblesse naturelle. Le second, cheveux blonds et oeil bleu, compense sa rondeur par
son exubérance. Ils apparaissent, tels des vainqueurs, chamarrés, aux barrières du camp,
dressé sur la plaine, à Guines et Ardres, à côté de Calais. A cette heure tardive, le
soleil couchant fait resplendir leurs silhouettes chevauchant dans l'immense décor. Les mille tentes de drap d'or et d'argent scintillent tandis que les cavaliers royaux mettent
pied à terre et entrent dans un pavillon doré. C'est le début des festivités.
Tournois, joutes, banquets, spectacles, concerts et parades peuvent à présent se
succéder.
Français et Anglais font assaut de courtoisie. François et Henri sont venus en famille,
avec leurs épouses, Claude de France et Catherine d'Aragon. François a aussi voulu la
présence de sa mère, Louise d'Angoulême et de sa soeur Marguerite. Les deux cours
rivalisent de grâces et d'élégance.
Le cardinal Wolsey, qui gouverne pour Henry, a été l'instigateur de cette rencontre
destinée à établir les bases d'un futur traité d'alliance. Très méticuleux, il
invente sans cesse de nouvelles formalités dans le déroulement des cérémonies.
Agacé, François 1er a envie de bousculer l'étiquette. Un matin, il se lève à l'aube,
et va réveiller Henry chez lui. Celui-ci est ravi : "Mon
Frère, prenez ceci", dit-il en dégrafant le collier de prix qu'il porte.
Aussitôt François enlève un lourd bracelet, le lui tend, et écartant le valet d'Henry
se déclare son serviteur pour le vêtir. Enchantés l'un de l'autre, ils dialoguent
longuement, loin du protocole.
Les bonnes relations se développent. Ils
se mesurent à l'arc (Henry gagne), ils boivent ensemble le bon vin de France, dans la
tente royale couronnée de pommes d'or. "Luttons à
présent", propose Henry. Il lui prend gentiment le cou, et soudain serre avec
force. François, entraîné à la bagarre, riposte vite, et le jette à terre. Les
courtisans présents retiennent leur souffle. Le jeu est-il allé trop loin? Non, Henry
se relève, beau joueur. Pendant que les deux rois, jeunes gens fougueux, se distraient,
que les dames se renvoient des compliments de plus en plus acidulés sur la richesse de
leurs toilettes, la diplomatie semble moins prospère. Les conférences franco-anglaises
évoluent dans un flou réciproque. Louise trouve que son fils en fait trop pour de bien
maigres résultats. Il s'intéresse plus aux tournois, qui se terminent, Dieu merci, sans
excès, qu'aux affaires politiques. Mais l'ex-régente de France, dont l'avarice est
proverbiale, est excédée par le coût de ces trois semaines interminables.
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