LOUIS XII, LES PERSONNALITES
        
    
    

        
 
            
GASTON DE FOIX, LE "FOUDRE D'ITALIE"
Gaston de Foix, duc de Nemours,
est à peine âgé de vingt deux ans
quand il reçoit, en 1511, le
commandement de l'armée
d'Italie. En quelques mois
d'une campagne fulgurante, qui
lui vaut le surnom de

            "foudre d'Italie", ce
capitaine de génie renverse
la situation, avant de
périr à la bataille de
Ravenne, le 11 avril 1512.
La France est aux yeux du pape
Jules II la première des
puissances étrangères qu'il
convient d'éliminer du sol
italien. Solidement implantée
à Gênes et dans le Milanais
depuis 1500, elle étend son
influence sur nombre de principautés. Après l'avoir utilisée pour mater la
république de Venise, le pape se retourne contre elle. En 1510, il absout la
Sérénissime et rompt avec Louis XII. Début octobre, la guerre éclate en
Italie du Nord entre Français et pontificaux.

Le 5 octobre 1511, Jules Il promulgue l'acte de la Sainte Ligue,
coalition anti-française qui
rassemble au côté du pape,
Venise, l'Espagne, les cantons suisses et, plus tard, l'Angleterre. Le danger,
loin d'inciter Louis XII à la prudence, renforce sa détermination à
détrôner le souverain pontife. Le roi n'envisage pas de franchir les Alpes et
de conduire lui-même ses
troupes à la victoire. Il confie cette mission à son neveu, Gaston de Foix.

Louis XII a beaucoup d'affection pour le fils de sa soeur, Marie d'Orléans qui
a épousé Jean de Foix, vicomte de Narbonne, second fils du comte Gaston IV de
Foix et d'Éléonore d'Aragon, reine de Navarre. Quand il fait son entrée
triomphale à Milan en 1499, le garçonnet, âgé de dix ans, est déjà à son
côté. En 1505, il a érigé pour lui (en échange de ses droits sur Narbonne)
le comté de Nemours en duché-pairie et lui fait prendre le titre de roi de
Navarre. Depuis, Gaston s'est fait remarquer par son esprit d'initiative dans
l'armée d'Italie. Après la mort, le 11 mars 1511 du lieutenant général du
roi,  il a su s'imposer à des chefs plus âgés que lui. Car il ne faut
pas se fier aux apparences : ce grand jeune homme aimable aux allures de frêle
adolescent est un redoutable stratège.
Par une tactique
d'usure, Gaston de Foix a refoulé les Suisses dans leurs montagnes. Puis, par
une série d'opérations audacieuses, il désarçonne le reste de la Sainte
Ligue. Fin janvier 1512, les Vénitiens menacent Brescia, tandis que l'armée
hispano-pontificale est sous les murs de Bologne. il n'est pas question de
laisser Jules II récupérer la cité la plus importante des États pontificaux
après Rome.

Gaston quitte Milan, évite Modène, où l'ennemi l'attend, et rejoint, à
Finale, son allié, le duc de Ferrare. Il se dirige à marche forcée sur
Bologne. Ni le froid, ni les marécages gelés ne le ralentissent. Dans la nuit
du 4 au 5 février, une tempête de neige lui permet d'introduire dans la ville,
au nez et à la barbe des assiégeants endormis, 1 300 lances et 14 000 hommes
de pied! A leur réveil, les troupes de la Ligue comprennent que la cité est
devenue imprenable. Elles n'insistent
pas et se replient en Romagne.

Gaston de Foix ne s'attarde pas à Bologne. Brescia est tombé aux mains des
Vénitiens, seule la citadelle résiste encore. Le jeune capitaine reprend la
cité à l'issue de violents combats de rue, le 18 février.
Fin mars, Gaston de
Foix quitte Brescia pour la Romagne. Il a reçu des renforts et veut écraser
l'armée hispano-pontificale. Mais celle-ci refuse le face à face. Pour l'y
contraindre, il se jette, le 9 avril, sur Ravenne, qui abrite les magasins de
vivres de l'adversaire. La place soutient le premier assaut et, comme prévu, la
Ligue se porte à son secours. Les forces sont sensiblement égales, quelque 20
000 hommes de chaque côté. Au petit matin du 11 avril, jour de Pâques, la
bataille s'engage, sur les bords du Ronco, au sud de Ravenne. Elle s'achève par
une victoire sans appel des troupes royales. C'est pourtant la consternation
dans le camp français : Gaston de Foix a été tué. On a retrouvé son corps
parmi les cadavres qui jonchent le champ de bataille (plus de 10 000, dont un
tiers de "royaux"). La dépouille du héros est percée de dix 
            huit
blessures toutes reçues par devant, "montrant bien,
le gentil (brave) prince qu'il n'avait pas tourné le dos". Gaston
de Foix aurait reçu une arquebusade en poursuivant des fantassins espagnols.
Tombé de cheval, il aurait été achevé à coup de piques.

Quand il apprend la mort de celui qu'il chérissait comme un fils, Louis XII
s'effondre en larmes : "Plût à Dieu que je n'eusse
pas un pouce de terre en Italie et que mon neveu et que le reste des seigneurs
fussent en vie et j'aimerais mieux que l'ennemi eût une victoire pareille à la
nôtre." Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice, lui-même
blessé pendant cette sanglante bataille, succède à Gaston de Foix, mais il
n'a pas le génie militaire du "foudre d'Italie".
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