LUDOVIC LE MORE, LE RIVAL DU DUCHE DE MILAN
Le 8 avril 1500, Ludovic Sforza, dit
le More, est fait prisonnier par les Français à Novare, en Lombardie. Louis
XII tient enfin à sa merci celui qui lui a disputé le duché de Milan pendant
plus de vingt ans.
Louis XII a toujours rêvé du
Milanais. Petit-fils de Valentine Visconti, il peut à bon droit revendiquer le
titre ducal. Mais ses prétentions avaient peu de chances d'aboutir quand il
n'était encore que duc d'Orléans et sans grands moyens. Comme son père,
Charles d'Orléans, le prince poète, il a dû se résoudre à voir la riche
Lombardie "confisquée" par la famille Sforza. Et ce n'est
certainement pas Louis XI, toujours soucieux de neutraliser la branche cadette
des Valois, qui l'aurait aidé.
En 1479, Ludovic Sforza, duc de Bari, prend les rênes du duché de Milan.
Frère cadet du duc Galeazzo Maria Sforza, assassiné à Milan trois ans plus tôt,
il exerce le pouvoir au nom de son neveu Gian Galeazzo, trop jeune pour
gouverner.
Ludovic Sforza, qui tire son surnom de More moins, semble-t-il, de son teint
bronzé que de sa prudence symbolisée chez les Anciens par le mûrier qui
figure sur ses armes, a vingt huit ans. Ambitieux, calculateur, fourbe, cruel à
l'occasion, il est aussi protecteur des artistes et savants, recevant à Milan
des hommes comme Bramante ou Léonard de Vinci.
L'avènement de Charles VIII en 1483, ne change rien aux excellents contacts
qu'entretiennent Sforza avec la Couronne de France. Pour éviter tout risque de
conflit, il améliore ses relations avec le petit comté voisin d'Asti,
possession des Orléans, et donc du futur Louis XII.
Le véritable sujet
de préoccupation de Sforza est ailleurs. Son neveu a épousé Isabelle
d'Aragon, fille d'Alphonse de Calabre et petite-fille du roi de Naples. Il va
sur ses vingt cinq ans et vient d'avoir un fils, héritier présomptif des terres
lombardes. Si Gian Galeazzo se satisfait de la vie de plaisirs où l'a cantonné
son oncle, sa belle-famille, elle, n'apprécie guère. Pour se préserver d'une
vengeance qu'il croit proche, Ludovic choisit d'attaquer indirectement les
Aragonais de Naples. Dès décembre 1491, il encourage Charles VIII à venir
conquérir le royaume méridional.
Sforza offre son argent au roi de France, met à son service ses troupes et son
réseau de relations : Hercule de Ferrare, dont il vient d'épouser la fille
Béatrice d'Este, le nouveau pape Alexandre VI Borgia qui doit son élection à
son frère, le cardinal Asciano Sforza. Ludovic Sforza a formé, en avril 1493,
avec Venise, une ligue contre Naples et il est impensable pour Louis d'Orléans
d'intervenir contre un allié aussi précieux du roi de France. Pire, il doit
collaborer at faire bonne figure.
Début septembre 1494, Charles VIII, en route pour Naples, franchit les Alpes.
Le 21 octobre, Gian Galeazzo meurt. Ludovic est soupçonné de l'avoir
empoisonné. En tout cas, le décès de son neveu devenu encombrant ne
l'attriste guère. Dès le lendemain, il se fait proclamer duc de Milan, au
détriment du fils de Gian Galeazzo. L'empereur Maximilien qui vient d'épouser
sa nièce, Bianca Maria Sforza, a donné son aval pour qu'il prenne le titre de
ce fief impérial. Le roi de France ne trouve rien à redire. Sforza s'est
toujours montré un allié fidèle. Il ne va pas le rester longtemps...
A peine Charles VIII
a-t-il conquis le royaume de Naples que Ludovic Sforza change de camp, rejoint
la Ligue de Venise et attaque le comté d'Asti de Louis d'Orléans. Ce dernier
contre-attaque en investissant Novare, place forte milanaise. Sforza reprend
l'avantage en assiégeant Novare. Mais ses troupes ne peuvent empêcher Charles
VIII de repartir en France. Le roi fait étape à Asti et dégage Louis
d'Orléans, piégé dans Novare. Ludovic a plus de goût pour l'intrigue que
pour les armes et Charles n'a guère envie de gaspiller ses forces. Les deux
hommes négocient la levée, le 22 septembre, d'un blocus de deux mois qui a été
effroyable pour les assiégés. Et ils se réconcilient sur le dos du duc
d'Orléans.
Deux ans plus tard, Louis est roi et tient sa revanche. Il isole
diplomatiquement Ludovic Le More et, en 1499, conquiert le duché en un mois à
peine. Sforza s'enfuit chez l'empereur Maximilien. Il tente un retour en janvier
1500, reprend Milan, mais est battu, le 8 avril, à la bataille de Novare,
lâché par ses mercenaires suisses, sans doute soudoyés par les Français. Il
espère s'échapper en se déguisant en fantassin, mais il est dénoncé.
Inflexible, Louis XII refusera de le voir lors de son transfert en France.
Emprisonné à Lys Saint Georges, en Berry, puis à Loches, en Touraine, Sforza
s'éteint le 17 mai 1508, dans un total oubli.
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