LES VALOIS DIRECTS
PHILIPPE VI DE VALOIS, LES PERSONNALITES |
BERTRAND DU GUESCLIN, UN ENFANT REBELLE Fils de messire Robert Du Guesclin et de Jeanne de Malemains, le futur connétable de France connaît une enfance tumultueuse. Rejeté, humilié par les siens, il fuit la demeure familiale. Bertrand Du Guesclin a dix sept ans, en cette année 1337, lorsqu'il se réfugie chez son oncle, à Rennes. C'est là qu'il tâchera de parfaire une éducation jusque-là défaillante et qu'il se familiarisera avec les règles de la chevalerie. Au château de La Motte Broons, près de Dinan, dans le duché de Bretagne, tout aîné qu'il soit, le jeune Bertrand est le paria d'une famille de dix enfants. Ce fils "banni" n'a pu trouver grâce aux yeux de l'admirable Jeanne Du Guesclin, sa mère, si belle, dont les espoirs ont été déçus lorsque, pour la première fois, son regard s'est posé sur ce petit corps singulièrement laid. Meurtri dans sa chair d'enfant, Bertrand, révolté à jamais, s'est jeté à corps perdu dans les jeux de la guerre. Divertissements prédestinés qu'il a partagés avec les enfants du village, auprès de qui il a trouvé enfin la camaraderie, l'assurance et aussi un amour de la liberté sans précédent, qui l'incitera à briser définitivement le carcan familial. En ce jour de l'année 1320, alors que les premiers cris du nouveau-né rompent le morne silence du triste château dominant le petit village de Broons, aucune manifestation, ni humaine ni divine, annonciatrice d'une vie marquée par le destin ne viendra célébrer la naissance de ce fruit de l'amour. Seule, Jeanne Du Guesclin, dont l'épaisse et sombre chevelure contraste avec le visage pâle, est allongée dans un grand lit, posant un regard interrogateur sur le petit être à la peau brune et aux cheveux noirs qu'elle s'apprête à recevoir des mains de son tendre époux, messire Robert Du Guesclin. C'est sur les épaules de ce nouveau-né, prestement nommé Bertrand, que va reposer la pérennité du nom des Du Guesclin, une des plus vieilles familles de la côte bretonne entre Saint Malo et Cancale. Héritier de la branche cadette, la plus pauvre, Bertrand n'est pas le fils désiré, tant sa laideur répugne ses parents. L'enfance de
Bertrand fut tumultueuse, lui qui a fait ses premiers pas dans les cuisines du
château, seul lieu où l'on supporte sa présence. N'ayant reçu pour toute
éducation que celle transmise par les domestiques, ignorant les bonnes
manières, "rétif à toute culture",
l'enfant ne sait ni lire, ni écrire, ni compter. Avec ses compagnons de jeu, il
se révèle bagarreur et redoutable, faisant preuve d'une force peu commune et
d'un "tempérament de chef". C'est lors d'une
belle journée de printemps que se déroulent à Rennes les fêtes en l'honneur
des noces de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre. Sous l'oeil amusé
des jeunes époux, nombre de chevaliers et d'écuyers, venus parfois de fort
loin, vont s'affronter. Bertrand est très impatient d'y participer, craignant
malgré tout le ridicule de son armure, vieille et dépareillée, et de son
vieux cheval qui "ne valait pas quatre florins".
En chemin, alors qu'il croise des chevaliers "si
resplendissants dans leurs cottes de maille dorées et damasquinées, leur
panache au vent, leurs boucliers blasonnés, leurs grands éperons dorés",
ses craintes se vérifient. Résigné, le jeune homme se fond dans la foule des
anonymes. Page MAJ ou créée le |