PHILIPPE VI DE VALOIS, LES 
            PERSONNALITES
        
    
    

        
 
BENOIT XII, PAPE REFORMATEUR ET BATISSEUR
Elu pape le 13 décembre 1334 sous le nom de Benoît XII, 
le cardinal Jacques Fournier va engager de profondes réformes religieuses. 
Sous l'influence de la monarchie française, il ne pourra réaliser 
le projet de retour de la papauté à Rome.
Le 13 décembre 1334, le conclave se réunit 
pour la première fois au palais d'Avignon. Les vingt quatre cardinaux 
chargés de choisir un successeur à feu Jean XXII se divisent en 
deux tendances : les "Italiens" et les "Français", 
majoritaires et regroupés derrière l'influent cardinal Elie de 
Talleyrand-Périgord. Soucieux de ne pas précipiter la 
décision finale, ils envisagent de voter pour un candidat aux chances 
quasiment nulles, mais la majorité des voix désignent le cardinal 
Jacques Fournier. La surprise est totale, y compris pour l'élu, qui aurait 
déclaré : "Vous venez d'élire un âne!"
La mauvaise foi semble dicter ce témoignage au chroniqueur 
italien Villani, car Jacques Fournier, couronné le 8 janvier 1335, sous 
le nom de Benoît XII, n'est pas un sot. Né à Saverne, dans 
le comté de Foix, en plein pays cathare, il est réputé 
pour ses qualités de docteur de l'Eglise ayant joué un grand rôle 
dans la lutte contre les hérétiques. De famille modeste (son père 
est boulanger), il est entré très jeune à l'abbaye cistercienne 
de Boulbonne, où son oncle, Arnaud Nouvel, abbé de Fontfroide, 
s'est chargé de son éducation avant de l'envoyer à Paris. 
En 1311, il est devenu abbé de Fontfroide, à la suite de son oncle 
nomé cardinal par le pape Clément V. Sept ans plus tard, il a 
été nommé évêque de Pamiers, puis de Mirepoix 
en 1326, et a accédé au rang de cardinal moins d'un an après. 
Participant à tous les grands procès, ceux de l'inquisiteur Jean 
Galand et d'Adhémar de Mosset, il est la terreur des Cathares et des 
Vaudois.
Grand, fort, le visage sanguin, mais très austère, 
il est toujours vêtu de la robe de bure blanche des cisterciens, ce qui 
lui vaut le surnom de "cardinal blanc".
Dès le début 
de son pontificat, Benoît XII s'attire des inimitiés tenaces en 
engageant des réformes. Choqué par les prélats qui intriguent, 
cherchent des bénéfices, il les prie de retourner à leurs 
diocèses. Il s'attache à rétablir la règle et la 
discipline parmi les différents ordres : chez les franciscains, qu'il 
menace d'excommunication, chez les cisterciens, les bénédictins 
de Cluny ou les augustins. Il donne lui-même l'exemple en rejetant le 
népotisme : "Le pape doit ressembler à Melchisedech qui n'avait 
ni père, ni mère, ni généalogie". Les honneurs 
rendus par le roi de Naples Louis de Tarente à son neveu Guillaume provoquent 
son mécontentement, et il faut toute la force de conviction des cardinaux 
pour qu'il accepte qu'un de ses neveux soit élevé au rang d'archevêque 
d'Arles.
Benoît XII ne se soucie pas que du spirituel. La 
cité d'Avignon, alors en plein essor, est le cadre de nombreux trafics, 
qu'il souhaite éliminer. Il décide de remplacer le maréchal 
de justice, chef de la police et neveu de Jean XXII, Arnaud de Trian. Une discrète 
enquête confiée à son trésorier Jean de Corjodan 
l'a convaincu des dysfonctionnements d'une justice indulgente, voire complice, 
et de la neccesité de placer à sa tête un homme de confiance. 
Parallèlement à ces tentatives d'épuration, Benoît 
XII décide, dans un premier temps, de restaurer les tours et la chapelle 
du palais. Lors de son élection, il s'est engagé auprès 
des cardinaux à retourner à Rome au plus tard le 1er octobre 1335. 
La date limite est dépassée sans que la pauté déménage, 
et le 31 juillet 1337 il décide de rester à Avignon et d'agrandir 
le palais. Il confie cette tâche à l'architecte Pierre Poisson, 
qui érige le premier palais autour de l'ancienne résidence épiscopale 
sur le rocher des Doms, un austère monastère-forteresse.
Lors 
d'un séjour à Avignon en mars 1336, le roi de France Philippe 
VI aurait persuadé le pontife de rompre sa promesse d'un retour en Italie 
afin de garder le contrôle de la papauté. Il est beaucoup question 
de la menace de l'islam, au point que Benoît XII prêche la croisade 
et confie la croix à Philippe VI le jour du vendredi saint. La décision 
de rester à Avignon déclenche la fureur des Italiens. Le poète 
Pétrarque quitte la cité pour montrer sa désapprobation 
et ne ménage pas le pape dans ses écrits. A la colère des 
Italiens, s'ajoute le mécontentement des membres de la Curie, des ordres 
religieux malmenés par les réformes, ainsi que l'inimitié 
de ceux qui ont vu leurs affaires contrariées. A partir de 1340, Benoît 
XII, souffrant d'ulcères aux jambes, est très diminué et 
doit rester le plus souvent alité. Le 25 avril 1342, il meurt des suites 
d'une nouvelle crise compliquée par la gangrène.
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