LES CAPETIENS
LOUIS IX, SA VIE |
LOUIS IX FAIT VOEU DE CROISADE Gravement malade, Louis IX a sombré dans l'inconscience. Son état est si critique qu'à la Cour on le donne déjà pour mort! Pourtant, le roi va se rétablir. Pour remercier le Seigneur de cette guérison miraculeuse, et aussi parce qu'il a eu une vision de Jérusalem, il va faire voeu de croisade. Et personne ne pourra le faire revenir sur cette promesse solennelle. Au cours de l'été 1242, à Taillebourg puis à Saintes, louis IX a vaincu le roi Henry III d'Angleterre et les seigneurs poitevins. Mais de ses campagnes dans l'Ouest il est revenu atteint d'un mal (sans doute la dysenterie) qui le ronge ainsi que bon nombre de ses soldats. Depuis deux longues années, le souverain lutte pied à pied contre la terrible affection. A la mi-décembre 1244, soudain son état de santé s'aggrave. La rechute est tellement brutale et le pronostic des médecins si pessimiste qu'à la Cour chacun donne le roi pour mort. Depuis plusieurs jours, en effet, Louis IX est alité, immobile, les yeux clos, plongé dans une profonde inconscience. Sa pâleur est telle qu'une "des dames qui le gardaient voulait le drap sur le visage en disant qu'il était mort", rapporte le chroniqueur Jean de Joinville dans ses Mémoires. "Car bien fut l'heure et demie qu'on croyait qu'il était sans vie; tous cuidèrent vraiment que le roi fut trépassé; un drap sur lui fut jeté et pleuraient durement autour de lui tous ses gens", témoigne un trouvère anonyme. Profondément affecté, le peuple
de Paris accourt aux prières publiques et aux processions derrière
les reliques organisées pour le rétablissement et le salut de
l'âme de son bon roi. Mais, aussi soudainement qu'il a sombré dans
l'inconscience, Louis IX recouvre ses esprits : cette guérison miraculeuse
est assurément la marque du doigt de Dieu. "Au
son du bruit que font ces dames, relate Jean de
Joinvile, Notre Seigneur se pencha sur
lui et lui rouvrit les yeux : car il n'arrivait pas à parler".
Comme tous ceux qui sont au chevet du malade, le comte Robert d'Artois reste
très inquiet : son frère a-t-il définitivement perdu la
parole? Il se penche vers son aîné et murmure doucement : "Beau
doux frère, à moi parlez si Jésus vous le permet".
Dans un soupir, le roi lui confie : "Beau
frère, doux ami, l'évêque de Paris bientôt me croisera,
car longuement a été outremer mon esprit, et ce mien corps s'en
ira, si Dieu veut et conquerra la terre sur les Sarrasins". Certes, le roi est guéri, mais sa
santé reste fragile. S'il part pour Jérusalem, la reine mère
Blanche de Castille, âgée de cinquante six ans, craint de mourir sans l'avoir
revu. Aussi tente-t-elle de dissuader son fils de se lancer dans cette périlleuse
entreprise, lui rappelant par ailleurs "les
devoirs du souverain et les obligations que lui impose le salut du royaume".
Les grands vassaux aussi sont hostiles au départ de Louis IX. "Vers
le même temps, raconte Mathieu de Paris,
le seigneur roi de France se vit véhémentement repris et presque
acculé par les seigneurs du royaume parce qu'il se refusait à
se racheter de son voeu ou à le commuer, comme ils l'invitaient à
le faire". L'évêque de Paris renchérit
: "Quand tu as pris la croix, en émettant
sans y réfléchir un voeu si difficile à accomplir, tu étais
malade de corps et d'esprit. Le seigneur pape nous accordera sans peine une
dispense, en tenant compte de l'état de ton royaume et de la faiblesse
de ta santé". Il ajoute que la fragile trêve
conclue avec Henry d'Angleterre et la soumission trop récente des seigneurs
poitevins ne sauraient garantir la paix en l'absence du roi. Page MAJ ou créée le |