LES CAPETIENS
PHILIPPE III LE HARDI, SA VIE
Marie de Brabant

 

MARIE DE BRABANT, UNE REINE AIMEE ET JALOUSEE

Seconde épouse de Philippe III le Hardi, Marie de Brabant illumine la Cour par sa beauté et sa gaieté. Si elle se mêle de politique, elle fait également oeuvre de mécène tout en se consacrant à l'éducation de ses trois enfants. Veuve en octobre 1285, elle s'éteindra le 12 janvier 1321, dans sa soixante sixième année.

Le 21 août 1274, Philippe III le Hardi s'est marié avec Marie de Brabant. Belle, gracieuse et cultivée, la seconde épouse du roi a aussitôt fait la conquête de la Cour. Mais l'influence qu'elle exerce sur Sa Majesté suscite également des jalousies, comme celle du chambellan et favori Pierre de La Brosse. A l'inverse de feue Isabelle d'Aragon, la nouvelle reine se mêle de politique et prend la tête d'un clan opposé à celui de la reine-mère, Marguerite de Provence. Mais elle fait aussi oeuvre de mécène et devient la protectrice des poètes.
Née à Louvain le 13 mai 1254, Marie de Brabant a reçu une excellente éducation. Elle s'intéresse particulièrement à l'histoire et aux belles lettres, un goût qu'elle tient de son père, le duc Henri III de Brabant, qui a été le bienfaiteur des plus célèbres trouvères de son temps, Gilbert de Berneville et Adenet, le roi des ménestrels. A la Cour de son époux, elle a amené une foule de gens de son pays, seigneurs et demoiselles. Elle y a aussi introduit un goût pour le luxe et une culture poétique qui "embellissaient en ce temps-là le séjour des cours princières du Nord".

A sa belle épouse, de neuf ans sa cadette, Philippe le Hardi donne maintes preuves de son affection. Aimant et généreux, il ne cesse de lui offrir fêtes et plaisirs. En retour, la reine illumine la Cour de sa gaieté, à Paris comme à Vincennes, où elle invite de nombreux trouvères, baladins et poètes. Son goût pour les lettres est si vif que la légende prétend qu'ele a collaboré à la rédaction de certaines chansons de geste d'Adenet. Il n'en est rien. En revanche, il est vrai qu'elle a prié le ménestrel de versifier pour elle l'histoire de Cléomadès et de Berthe au grand pied; et le poète lui a dédié ses Enfances Ogier. Une miniature du manuscrit de Cléomadès représente la reine Marie étendue sur un lit de parade, la tête appuyée sur la main gauche, une fleur dans la main droite; deux princesses sont assises à ses côtés, la comtesse Mahaut, fille de Robert d'Artois, et madame Blanche, fille de Louis IX et veuve de Ferdinand de La Cerda. C'est également à sa requête que Guillaume de Saint Cloud compose un manuel d'astronomie, qui lui est dédié et deviendra un classique en la matière sous le nom de Calendrier de la Reine.
Marie de Brabant est entourée de la plus brillante chevalerie. Au milieu de la Cour alors assez austère de Philippe le Hardi, roi bien peu lettré, elle apparaît comme une héroïne de roman de chevalerie. Si bien qu'elle devient une source d'inspiration pour les poètes et qu'autour d'elle se forme un clan, bientôt connu sous le nom de "parti brabançon".

Ce parti brabançon se manifeste pour la première fois lors du terrible évènement qui bouleverse la vie de la reine : en 1276, l'année où naît son premier enfant, Louis, fils aîné du premier lit du roi, meurt subitement. Et le favori Pierre de La Brosse fait courir le bruit qu'il aurait été empoisonné par Marie de Brabant. Bien qu'innocentée (et après que La Brosse eut été pendu au prétexte de trahison), la souveraine ne retrouve pas complètement sa sérénité et sa joyeuse insouciance. Et même les louanges d'Adenet sont impuissantes à lui faire oublier la sévérité que montre à son égard le grand poète italien Dante Alighieri.
Après la chute du chambellan Pierre de La Brosse, en juin 1278, le parti brabançon exerce une certaine influence sur le gouvernement royal. Ainsi, lors d'une querelle entre la vicomtesse de Limoges (tante de la reine) et les bourgeois de la ville, Philippe le Hardi rend un arbitrage favorable à la vicomtesse. De même le roi de Sicile, Charles d'Anjou, s'appuie sur ses amis brabançons pour influencer son neveu et l'inciter à servir ses intérêts en Italie.r
Mais Marie de Brabant se tient plutôt dans l'ombre. Apparaissant peu dans les chroniques, elle s'occupe surtout d'oeuvres de charité et de ses trois enfants. A la mort du roi, en octobre 1285, elle prend en charge l'éducation de son fils et de ses deux filles et, par leur mariage, tisse des alliances avec le comte Philippe d'Artois, le roi Edouard 1er d'Angleterre et l'Empereur Albert 1er. Mais elle aura la douleur de les voir tous trois disparaître : d'abord Blanche, la plus jeune, devenue duchesse d'Autriche, morte à Vienne en 1305; puis Marguerite, reine d'Angleterre, en 1318; enfin Louis, comte d'Evreux, en 1319. Elle se retire alors dans un monastère à Murel, près de Meulan. C'est là qu'elle finit ses jours. Décédée le 10 janvier 1321, elle est inhumée dans l'église du couvent des Cordeliers à Paris.

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