LES CAPETIENS
PHILIPPE III LE HARDI, SA VIE

 

LA MORT DE PHILIPPE III LE HARDI

Alors que la croisade d'Aragon tourne au désastre militaire, Philippe III le Hardi est victime de la fièvre qui a déjà fait des milliers de morts dans les rangs de son armée. Epuisé par une pénible retraite qui l'a conduit jusqu'à Perpignan, le fils de Saint Louis va s'éteindre le 5 octobre 1285, à l'âge de quarante ans.

Philippe III le Hardi. Peinture de Jules Jollivet commandée par Louis  PhilippeLe 26 juin 1285, l'armée de Philippe III le Hardi a mis le siège devant Gérone, place-forte qui couvre Barcelone. Pendant deux mois, elle a enduré une chaleur torride et un soleil de plomb, a souffert de la maladie et des fièvres, a été sans cesse harcelée par l'ennemi sans que la fière cité catalane se soit résignée à capituler. De surcroît, le 4 septembre, la flotte française a été écrasée devant Rosas et la majeure partie de ses vaisseaux ont été détruits. Sur mer comme sur terre, la bataille s'est soldée par de nombreux morts et prisonniers, tandis que les Aragonais se sont emparés d'un précieux butin. Ce combat décisif sonne comme le glas de la croisade d'Aragon. D'autant que le roi de France souffre de fièvres pestilentielles.

Le 7 septembre, Gérone, ruinée, capitule enfin. Mais ce semblant de succès arrive trop tard et ne peut retourner la situation, désastreuse pour Philippe le Hardi, qui ne songe plus qu'à rentrer en France. "Il proposa d'aller hiverner dans le pays de Toulouse", rapporte le chroniqueur Guillaume de Nangis. L'armée est encombrée de malades, privée de communications avec la mer et découragée par la défaite essuyée : la croisade d'Aragon ne peut être poursuivie dans ces conditions. De plus, le royaume voisin de Castille se fait menaçant : les ambassadeurs du roi Sanche, venus en médiateurs, haussent le ton avec arrogance.
Devant Gérone, l'armée royale lève le camp le 13 septembre. Philippe III ne laisse sur place que mille deux cents gents d'armes et cinq mille sergents sous les ordres d'Eustache de Beaumarchais. Au bout de sept jours de retraite, l'armée n'a parcouru que treize lieues. Les soldats, affaiblis, piétinent dans une terre détrempée par de violentes averses. Lorsque le Capétien arrive à Villanova de La Muga, près de Castellon, il est si fatigué qu'il ne peut plus tenir en selle. Ses souffrances s'aggravant, il est transporté en litière. Le chroniqueur aragonais Muntaner raconte que, sur les conseils de son père, le futur Philippe IV le Bel, héritier de la Couronne, envoya un messager au roi Pierre III d'Aragon "pour le prier instamment de lui laisser franchir les montagnes, sachant bien s'il ne pouvait sortir vivant du pays sans son aide". Cette version est tout à fait plausible; en revanche, le chroniqueur grossit l'anecdote en décrivant avec complaisance l'escorte de la litière où repose le roi, défilant par le col du Perthus sous la chevaleresque protection de Pierre d'Aragon. En fait, ce sont les milices languedociennes qui occupent les passes de La Clusa et de Paniçars, évitant que la retraite ne soit coupée par les Aragonais.

Une dernière bataille va être livrée le 30 septembre et le 1er octobre. Postés dans la montagne, les Almogavares, redoutables archers pyrénéens d'origine sarrasine, assaillent l'arrière-garde, la massacrent puis dépouillent les cadavres et pillent les bagages. A La Clusa, Aimeri de Narbonne et le roi Jacques II de Majorque attendent Philippe le Hardi, qu'ils accompagnent jusqu'à Perpignan. Miné par la fièvre (peut-être causée par le paludisme), le roi est épuisé. Il a tout juste le temps de dicter ses dernières volontés, avant de s'éteindre le 5 octobre à l'âge de quarante ans. Sept jours plus tard, l'armée se transporte à Narbonne. Philippe IV le Bel, désormais roi, décide de ne pas hiverner à Toulouse et de mettre un terme à cette croisade qu'il n'a jamais approuvée. A dix sept ans, il inaugure son règne en dirigeant la retraite de ses troupes et en faisant célébrer les obsèques de son père dans la cathédrale de Narbonne, loin des siens. Les chairs du roi sont inhumées dans la ville. Le 3 décembre, ses ossements sont enterrés à la nécropole royale de Saint Denis, près des restes de la reine Isabelle d'Aragon; puis ses entrailles sont déposées à l'abbaye de La Noë en Normandie. Les honneurs que le clergé et le peuple du royaume rendent à Philippe le Hardi ont un caractère très officiel. Les effusions dont ils font preuve ne paraissent pas très spontanées. Le défunt roi n'est sincèrement et longuement pleuré que par sa veuve, la reine Marie de Brabant, et par ses amis de la dynastie angevine.

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