LES CAPETIENS
ROBERT II LE PIEUX, SA VIE
LES
FEMMES DE SA VIE
ROZALA SUZANNE : LE CHOIX D'HUGUES CAPET
Robert le Pieux vient tout juste de fêter ses seize ans. Hugues Capet songe qu'il est temps désormais que son fils se marie afin de donner un héritier à la jeune dynastie capétienne. Au printemps 988, le roi Robert convole avec Rozala Suzanne, la veuve du comte Arnoul de Flandre. C'est sans aucun plaisir qu'il épouse celle qu'on a choisie pour lui et qui a le double de son âge.
En 988, le jeune roi Robert a seize ans. A
la Noël de l'année précédente, son père, Hugues Capet, l'a associé au trône.
Il faut donc qu'il envisage de se marier et d'assurer l'avenir de la dynastie
capétienne. Reste à trouver une épouse digne de celui qui est destiné à régner
sur le royaume de Francie. La future reine doit non seulement être de haut lignage,
mais aussi bénéficier d'une bonne constitution, afin de pouvoir procréer, ce
que l'on attend d'elle au premier chef.
Hugues Capet charge l'un de ses plus
proches conseillers, l'archevêque de Reims Gerbert d'Aurillac, d'écrire au puissant
Empereur d'Orient Basille II pour solliciter la main de sa fille Anne. Ne jugeant
sans doute pas la famille capétienne assez prestigieuse, l'Empereur ne daigne
pas répondre.
Hugues Capet se tourne alors vers le Nord et la Flandre. Le comte Arnoul II, mort en mars, a laissé une veuve, Rozala, que ses sujets appellent communément Suzanne. Certes, la comtesse a passé la trentaine. Mais elles est la fille du roi Bérenger d'Italie, descend en ligne directe de Charlemagne. Enfin, elle a un fils, le jeune Baudoin IV (qu'on appellera plus tard le Barbu), et semble à même de procréer de nouveau. Si Robert n'est guère enthousiaste à l'idée de convoler avec une femme de plus de quinze ans son aînée, Hugues n'en a cure. Il considère une alliance avec la Flandre comme un excellent moyen de se prémunir contre les menées de l'Empire germanique. Tout à ses préoccupations stratégiques et diplomatiques, il offre à la mariée le port de Montreuil sur Mer, qu'il a enlevé dix ans plus tôt au défunt comte Arnoul! Il lui restitue également les villes d'Arras et de Douai, ainsi que les abbayes de Saint Vaast et de Saint Amand, jadis prises à la Flandre par le roi Lothaire. Les grands seigneurs du Nord sont entièrement favorables à cette union, qui a le double avantage de les rapprocher de la monarchie capétienne et de placer le jeune comte Baudoin, encore mineur, sous la tutelle et la protection du roi de Francie.
Le roi Robert ne peut guère s'opposer à
la volonté de son père, et c'est sans plaisir qu'il se lie à celle qu'on appellera
bientôt "la vieille" Rozala Suzanne. Les noces ont lieu à Compiègne
fin avril ou début mai. Si cette union est politiquement satisfaisante, elle
ne sera ni heureuse ni féconde. Quelques années après la célébration du mariage,
à la fin de 991 ou au début de 992, Robert le Pieux se rebelle contre l'autorité
de son père et répudie la reine. Contrairement à l'usage qui veut que le douaire
reste acquis à la mariée en cas de séparation des époux, il se garde bien de
restituer Montreuil sur Mer, seul port permettant l'accès à la Manche et d'une
importance capitale pour le royaume.
Hugues Capet et la reine mère Adélaïde
n'approuvent pas la décision de leur fils. Pas plus que le clergé de Francie
et l'aristocratie flamande. "Des personnes
d'un discernement plus sain furent choquées", souligne
le moine Richer dans sa chronique. Cependant, nul ne tente de raisonner le roi
Robert et de le faire changer d'avis.
Rozala Suzanne doit donc s'en retourner
en Flandre, où elle s'installe auprès de son jeune fils Baudoin. Furieuse de
n'avoir pu garder son douaire (et sans doute aussi d'avoir subi l'humiliation
d'être répudiée!), elle fait construire une forteresse face à celle de Montreuil
sur Mer. Mais elle ne parviendra pas à concurrencer la place désormais tenue
par les Capétiens.
Quelques mois plus tard, Rozala Suzanne entre au couvent,
où elle finira ses jours et mourra dans les premières années du XIème siècle.
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