LES CAPETIENS
ROBERT II LE PIEUX, SA VIE
LES
FEMMES DE SA VIE
CONSTANCE D'ARLES : LA MERE DE L'HERITIER DU TRONE
En 1003, Robert le Pieux s'est résolu, le coeur brisé, à mettre un terme à son union avec Berthe de Bourgogne. Puisqu'il lui faut assurer sa descendance et l'avenir de la dynastie capétienne, il se résout à prendre femme pour la troisième fois. La nouvelle élue, Constance d'Arles, va se révéler une reine ambitieuse et avide de pouvoir, une épouse avare et acariâtre. Mais elle va donner au roi ce fils qu'il attend depuis si longtemps.
Pendant près de sept ans, Robert le Pieux
a tenu bon. Quitte à voir ses relations avec l'Eglise de Francie et le Saint
Siège se dégrader, il a refusé de céder aux pressions. Pourtant, en 1003, il
a renoncé à Berthe de Bourgogne, le grand amour de sa vie. S'il a agi ainsi,
à contrecoeur, c'est parce que sa deuxième épouse ne lui a pas donné d'enfant.
Et, faute d'un héritier mâle, la jeune dynastie capétienne serait amenée à disparaître.
Un temps, le roi a songé à reprendre la vie commune avec Rozala Suzanne, sa
première femme, qu'il a répudiée fin 991 ou début 992. Mais elle a pris le voile
et refuse de quitter son couvent. Robert le Pieux s'est donc résolu à convoler
une troisième fois, et les cérémonies de son mariage avec Constance d'Arles
ont été célébrées en mai ou en août.
La nouvelle reine est fille du comte
d'Arles, Guillaume 1er, et d'Adélaïde d'Anjou. Par son intermédiaire, l'alliance
historique du roi capétien et de la famille d'Anjou, rompue le temps de son
mariage avec Berthe de Blois, est rétablie. Fille de Provence, Constance, brune
et d'une grande beauté, n'a cependant pas hérité de la douceur et de la chaleur
que l'on prête aux Méridionaux. De l'avis unanime des contemporains et des chroniqueurs
de l'époque, elle est ambitieuse, acariâtre, brutale et même cruelle. Si elle
est réputée pour apporter sa protection aux poètes provençaux, elle n'a guère
de goût pour les pieuses lectures et les psaumes que son époux apprécie tant.
De surcroît, la reine Constance est avare.
La générosité et les largesses dont Robert le Pieux fait preuve à l'égard des
pauvres et les fondations religieuses l'exaspèrent. Tous les moyens lui sont
bons pour s'y opposer. Et comme, suivant les usages du temps, elle tient les
cordons de la bourse, a la garde des clefs du Trésor et gère les Finances du
royaume, elle ne s'en prive pas! Dans les couloirs du palais, on murmure que
"constante et forte, Constance ne
plaisante pas", rapporte le moine Helgaud.
A l'arrivée
de Constance d'Arles, le roi et sa Cour sont confrontés à un véritable choc
culturel. La reine et sa suite parlent une langue difficilement compréhensible,
ont des habitudes et des goûts qui paraissent étranges et passent pour exotiques.
Les gentilshommes provençaux déplaisent fort aux barons du Nord et au clergé
de Francie. "Frivoles, légers, ces hommes étaient aussi raffinés dans leurs
moeurs que dans leur costume. Ils négligeaient leurs armes et les harnais de
leurs chevaux; leur chevelure était coupée à mi-tête, ils n'avaient point de
barbe comme des histrions, portaient des bottines et des chaussures indécentes.
C'étaient des gens dépourvus de foi", constate le moine Raoul Glaber.
Robert et Constance ne s'entendent guère. D'autant que Berthe est, semble-t-il, restée la maîtresse du roi et l'objet de toute son affection. Constance se venge en attisant les querelles qui opposent les grands du royaume et en faisant assassiner Hugues de Beauvais, le favori de son mari. Elle a mis au monde deux enfants, une fille, Advise, en 1005, et un fils, Hugues, deux ans plus tard. Puisqu'elle a assuré la succession au trône, Constance n'a rien à craindre. Néanmoins, excédé par les humeurs et les intrigues de la reine, Robert le Pieux tente une ultime et audacieuse démarche auprès du Saint Siège. Il se rend à Rome pour solliciter du pape Jean XVIII l'annulation de son troisième mariage et l'autorisation de reprendre la vie commune avec sa chère Berthe, dont il n'a pu se séparer et qui l'a accompagné en Italie. A ces deux demandes, le souverain pontife oppose un refus ferme et sans équivoque. Auquel le roi se soumet. A dater de ce jour, nul n'entendra plus parler de Berthe, et Robert le Pieux finira ses jours au côté de l'acariâtre Constance.
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