LES CAPETIENS
ROBERT II LE PIEUX, SA VIE
LES FEMMES DE SA VIE

 

BERTHE DE BOURGOGNE : LE GRAND AMOUR DU ROI

Robert le Pieux s'est pris d'une folle passion pour Berthe de Bourgogne. Mais son père s'oppose à ce qu'il épouse la veuve de son vieil ennemi le comte Eudes de Blois. Peu après la mort d'Hugues Capet, à la fin de l'année 996, les noces seront pourtant célébrées. Pendant, près de sept ans, le roi Robert, refusant de renoncer au grand amour de sa vie, résistera aux pressions de l'Eglise de Francie et du Saint Siège.

Au printemps 996, Berthe de Bourgogne, veuve du comte Eudes 1er de Blois, est venue demander aide et protection à Robert le Pieux. Le souverain a été séduit par la noblesse et la détermination de cette femme de quelques années son aînée, mère de cinq enfants, dont Thibaud et Eudes, âgés de quatorze et treize ans. Peu après, Berthe est devenue sa maîtresse. Qui pourrait s'en soucier puisque, près de cinq ans auparavant, il a répudié sa première épouse, Rozala Suzanne et se considère libre de tout lien? Mais le roi est très amoureux et ne songe plus qu'à épouser celle qui a partagé ses nuits. Hugues Capet, qui ne voit pas d'un très bon oeil l'arrivée au palais de la veuve de son ennemi d'autrefois, s'y oppose fermement.

Le 24 octobre 996, Hugues Capet rend son âme à Dieu. Robert est désormais seul roi et libre de convoler avec celle qu'il aime. Il espère que, contrairement à son union avec Rozala Suzanne, son aînée de plus de quinze ans, qui lui a été imposée et qui est restée stérile, ce mariage d'amour lui permettra de donner un héritier à la jeune dynastie capétienne. En outre, Berthe lui apportera en dot des droits sur la Bourgogne et les immenses possessions de la puissante famille de Blois. Tout semble donc pour le mieux dans le meilleur des royaume...
Mais l'Eglise désapprouve, et le pape Grégoire V condamne formellement ce mariage. Berthe est née de l'union du roi Conrad II de Bourgogne et de Mathilde, fille du Carolingien Louis IV. Or, depuis les années 830, le droit canonique interdit les mariages entre parents jusqu'au septième degré. Or Robert le Pieux et Berthe de Bourgogne sont cousins issus de germains : leurs grands mères respectivement paternelle et maternelle étaient toutes deux filles du roi de Germanie Henri 1er l'Oiseleur. Sans compter que le roi est le parrain du dernier né de sa future épouse; ce qui constitue alors un véritable et indissoluble lien de parenté. En faisant fi des avis de l'Eglise, Robert le Pieux s'expose à voir ses relations avec les puissants du clergé et la papauté se compliquer sérieusement. Qu'importe! Sa décision est prise; puisque liaison il y a, autant l'officialiser. En novembre ou en décembre, les noces sont célébrées par l'archevêque Archambaud de Tours, un des seuls prélats qui lui soient restés fidèles.

En février 987, le concile de Pavie, présidé par le pape, somme le roi de Francie de renoncer à Berthe de Bourgogne, "sa cousine qu'il a épousée contre l'interdiction apostolitique", et les évêques qui "ont  consenti à ces noces incestueuses" sont rappelés à l'ordre. Robert le Pieux ne cède pas. Au cours de l'été suivant, le pape et l'Empereur Otton III convoquent un nouveau concile à Rome. Le roi se voit infliger sept années de pénitence pour se laver du péché d'avoir épousé une cousine au troisième degré et, s'il ne renonce pas à Berthe, est menacé d'être frappé d'anathème. Mais il ne cède toujours pas à ces considérations politiques.
En février 999, Grégoire V rend son âme à Dieu et, en avril, Gerbert d'Aurillac devient pape sous le nom de Sylvestre II. Robert le Pieux est-il alors prêt à se rendre aux arguments de celui qui a été son précepteur? Il va désormais sur ses vingt neuf ans, et aucun enfant ne lui est né du lit qu'il partage avec Berthe de Bourgogne. Si la raison lui souffle de mettre un terme à une union stérile, il ne peut se résoudre à renoncer à son grand amour. Il lui faudra près de quatre ans pour accepter cette idée, et ce n'est qu'en 1003, qu'il répudiera Berthe de Bourgogne.
Pourtant, même après avoir épousé Constance d'Arles, sans doute ne mettra-t-il pas fin à leur liaison. En 1008, las des intrigues et des récriminations incessantes de sa troisième femme, il se rendra à Rome avec Berthe pour solliciter du pape Jean XVIII l'annulation de son mariage et l'autorisation de reprendre "officiellement" la vie commune avec celle qui n'est plus que sa maîtresse. Robert II essuiera encore un refus et, cette fois, se soumettra définitivement.

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