LES MEROVINGIENS

DE DAGOBERT 1ER A THIERRY III : THIERRY III

 

LA BATAILLE DE TERTRY : PEPIN DE HERSTAL DEVIENT MAITRE DU ROYAUME FRANC

En 687, lors de la bataille de Tertry, les Austrasiens, emmenés par Pépin de Herstal, remportent une victoire décisive sur les Neustriens, gouvernés par Thierry III, un roi sans envergure qui a laissé le pouvoir à son maire du palais. Ces combats sonneront le glas de la dynastie mérovingienne. L'Austrasie, la Neustrie et la Burgondie, les trois royaumes francs réunifiés, tomberont aux mains de la puissante famille des Pipinnides.

Roi de Neustrie et de Burgondie, Thierry III règne sur un royaume qui, pour une large part, échappe à son contrôle. Isolés de la capitale, les ducs et les comtes se sont peu à peu arrogé leur autonomie à la tête de petites principautés. Quant à la lointaine Aquitaine, elle forme un véritable Etat dans l'Etat. En outre, si Thierry III a le titre de souverain, il n'exerce aucunement le pouvoir qui, depuis 680, est aux mains du maire du palais, Waratto. Celui-ci entend rester en paix avec la turbulente Austrasie, gouvernée par Pépin II de Herstal, qui, ne se satisfaisant pas du titre de maire du palais, s'est donné le titre de "duc des Francs d'Austrasie".

Mais la paix ne dure pas. Gislemar, fils de Waratto, renverse son père et lance une expédition militaire contre l'Austrasie. Après que ses troupes ont dévasté Namur, il se heurte à la résistance acharnée de Pépin de Herstal et doit négocier la paix. Celle-ci est signée à Cologne en 683, sous les auspices de Dadon, le futur Saint Ouen. A la mort de Gislemar, Waratto revient au pouvoir, avec, vis à vis de l'Austrasie, les mêmes intentions pacifiques qu'avant sa chute. Il entame de nouvelles négociations avec Pépin de Herstal. L'Austrasien ne rêve que d'envahir la Neustrie, mais, sachant ses forces insuffisantes, attend prudemment.
En 686, Waratto meurt et c'est son gendre, Berthier, qui lui succède. La Chronique de Frédégaire décrit le nouveau maire du palais comme impétueux et pusillanime, fort peu capable et peu intelligent. Les leudes neustriens ne lui accordent aucune confiance. Tandis que les pourparlers de paix sont rompus, ils implorent Pépin de Herstal de venir rétablir l'ordre au royaume de Neustrie. Pire, bon nombre d'entre eux vont jusqu'à offrir leurs services à l'Austrasien. Ainsi assuré du soutien de l'aristocratie neustrienne, Pépin de Herstal décide de passer à l'action. Après avoir pris le temps de mettre sur pied une armée puissante et bien équipée, il entreprend de descendre l'Escaut. Arrivés dans la forêt dite Silva Carbonaria, les Austrasiens, avant de s'engager plus avant, font étape pour se recueillir et prier Dieu de leur accorder la victoire. Cette précaution prise, ils attendent l'adversaire à l'oppidum de Tertry.

Pépin de Herstal a judicieusement choisi le lieu de la rencontre. Le site de Tertry, à quelques lieues de Saint Quentin, est protégé par l'Omignon, un ruisseau affluent de la Somme, et par des collines sur lesquelles serpente une ancienne voie romaine. Si Berthier veut engager le combat, il va devoir traverser la Somme, dont les gués sont surveillés par l'adversaire. Sitôt averti de l'arrivée de l'ennemi, Pépin de Herstal fait mettre ses troupes en ordre de bataille. Les Austrasiens n'ont plus qu'à fondre sur les Neustriens, qu'ils prennent rudement à partie et défont sans aucune difficulté. Vaincu, Berthier prend la fuite et se réfugie à Paris, où il est mis à mort, à l'instigation de sa belle-mère, Ansefledis, par des leudes neustriens.
Dès lors, Pépin de Herstal n'a plus qu'à continuer sa marche vers la capitale, où il entre sans rencontrer de résistance. Il s'y approprie le trésor royal et prend le titre de dux et princeps Francorum. Plus avisé que ses prédécesseurs, il a l'intelligence de ménager l'amour propre des vaincus, à qui il octroie un maire du palais, Norbert, une de ses créatures qui ne fera rien sans son aval. Pour préserver les apparences, il reconnaît Thierry III comme souverain des royaumes francs d'Austrasie, de Neustrie et de Burgondie désormais réunifiés et le fait acclamer par ses sujets. Pendant quatre ans, jusqu'à sa mort, en 691, se contentant d'honorer les Conseils royaux de sa présence, le Mérovingien sera la marionnette de Pépin de Herstal, qui gardera le contrôle du Gouvernement, des finances et de l'armée.
Le glas de la dynastie mérovingienne a sonné. A la suite de Pépin de Herstal, le père de Charles Martel, les membres de la puissante famille des Pipinnides, qui donnera naissance à la dynastie des Carolingiens, à la fois ducs d'Austrasie et maires du palais de Neustrie, deviendront les maîtres incontestés du royaume franc.

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