CHILDERIC III, SA VIE
CHILDERIC III, LE DERNIER DES MEROVINGIENS
Childéric III est l'arrière-petit-fils de Clovis II, roi de Neustrie et de Bourgogne. Mais quelle pâle figure il fait dans l'histoire de la première dynastie française! Roi fantôme, marionnette manipulée par les maires du palais, Childéric est le dernier des Mérovingiens, celui dont le règne sans gloire annonce déjà la renommée de ses successeurs, les Carolingiens, qui le déposeront en 751.
On ne sait presque rien du bref passage
sur le trône de Childéric III, fils de Childéric II, roi d'Austrasie et de Neustrie. En
fait, son nom n'apparaît dans les chroniques qu'à l'occasion de sa déposition par
Pépin le Bref en 751, neuf ans après le début effectif de son règne.
C'est en effet en 742 que Pépin et Carloman le rétablissent. Les deux hommes sont alors
maires du palais, c'est à dire premiers parmi les aristocrates du royaume. Ils sont les
fils de Charles Martel, lui-même maire en son temps et qui repoussa les Arabes à
Poitiers en 732.
A l'instar de leur père, mort en 741,
Pépin et Carloman exercent le pouvoir en lieu et place du roi. De plus, et contre toute
attente, ils ont choisi de se partager le royaume tout en régnant conjointement. Mais
l'absence sur le trône d'un représentant du sang royal à qui rendre hommage provoque
des troubles politiques. Dans les régions périphériques de la France, certains peuples
se soulèvent contre la puissance parisienne : les Aquitains du duc Hunaud au sud-ouest,
les Alamans du duc Teutbald à l'est, les Saxons au nord-ouest. En outre, Grifon,
demi-frère bâtard de Pépin et de Carloman, revendique sa part du pouvoir.
Le rétablissement d'un simulacre de royauté légitime est donc, avant tout, une solution
provisoire pour ramener la paix à l'intérieur et en dehors du royaume. Pépin et
Carloman se souviennent fort à propos qu'un fils de Chilpéric II vit retiré au
monastère de Sithiun (devenu depuis monastère Saint Berthin) à Saint Omer. Le jeune
prince descendant des Mérovingiens est installé sur le trône sous le nom de Childéric
III. Profitant de cette nouvelle situation, Pépin écrase les Saxons tandis que Carloman
en fait autant avec les Almamans à Canstatt.
A Paris, le pauvre roi Childéric III n'est que le faire-valoir de ses maires du palais et
dispose d'une liberté d'action symbolique. Non seulement il est trop jeune mais il ne
dispose d'aucun soutien réel car l'aristocratie sait fort bien qu'il est là pour
satisfaire les ambitions de Pépin et de Carloman. L'Histoire le surnommera-t-elle plus
tard "l'Insensé" ou "l'Idiot" parce que ses capacités mentales
étaient quelque peu déficientes ?
En 747, Carloman, sans doute perturbé
par des années de guerre, décide d'abandonner la vie politique et de rentrer dans les
ordres. Après avoir passé quelques mois à Rome, il se retire en Italie, au monastère
du Mont Cassin. Ce retournement fait de Pépin le seul régent face à un roi inexistant.
Il entreprend alors une subtile campagne de communication. Il tire argument des traditions
franques et alémaniques réclamant la déposition d'un roi incompétent. Il rappelle que,
selon Saint Isidore, le mot "roi" découle du verbe latin "regir" qui
signifie exercer le pouvoir. Bref, il prépare les Grands du royaume à l'éviction de
Childéric. En 750, il envoie Fulrad, l'évêque de Saint Denis, consulter le pape
Zacharie. Celui-ci est dans une situation militaire telle qu'il ne peut risquer de
mécontenter les Francs, dont il espère l'appui contre les Lombards. Il répond
adroitement qu'il "vaut mieux appeler roi celui qui exerce le
pouvoir royal plutôt que celui qui ne l'exerce pas". Dès le retour de
l'ambassade, Pépin dépose Childéric, lui fait appliquer la tonsure et le renvoie à
Saint Berthin. C'est là que le dernier des Mérovingiens meurt oublié de tous.
Quant à Pépin, il se fait élire roi par l'assemblée des Francs réunie à Soissons en
751. Dans la foulée, il se fait sacrer par les évêques. Enfin en 753, c'est le pape
Etienne II qui le sacre à son tour. Ainsi se concluent les deux siècles et demi de
suprématie des Mérovingiens, entamés avec la révolte de Clovis en 486 et achevés
misérablement avec Childéric III. La porte est ouverte à la famille des Pépinides qui
donnera le jour à la dynastie des Carolingiens.
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