LES MEROVINGIENS

CHILDERIC III

 

LA DIFFICILE SUCCESSION DE CHARLES MARTEL

A la mort de Charles Martel, en octobre 741, de graves troubles éclatent. Carloman et Pépin le Bref, qui se sont partagés l'héritage de l'unique maire du palais du royaume france, vont devoir réprimer les révoltes des Aquitains et des Germains. Ils vont devoir aussi soumettre Griffon, leur demi-frère aussi ambitieux que rebelle.

De sa première épouse Rotrude, Charles Martel a eu deux fils, Carloman et Pépin le Bref. De ses secondes noces avec Sonnochilde sont nés un troisième fils, Griffon, et une fille, Hiltrude. En outre, de ses unions "passagères" et de ses relations avec ses concubines sont issus de nombreux enfants naturels. Conscient des difficultés que risque de poser sa succession, Charles Martel (qui, en tant qu'unique maire du palais, règne en véritable maître sur le royaume franc) a rédigé un testament très précis. Conformément à ses volontés, quand il meurt, en octobre 741, Carloman hérite de l'Austrasie, de la Souabe et de la Thuringe; Pépin le Bref reçoit la Neustrie, la Bourgogne et la Provence; Griffon se voit attribuer des territoires épars. Prévoyant, Charles Martel a par ailleurs pris soin de confier à chacun de ses héritiers une partie de l'Austrasie, terre d'origine de la famille, pensant ainsi les contraindre à la concorde et à l'union.

Carloman et Pépin le Bref viennent à peine de succéder à leur père que Hunald, le fils du duc Eudes d'Aquitaine, que les dispositions testamentaires de Charles Martel ne satisfont pas, entre en révolte. Il fait alliance avec le duc Odilon de Bavière pour contester le partage du royaume franc. Odilon, qui a épousé la princesse Hiltrude, entend faire valoir ses droits en tant que gendre du défunt. Quant à son épouse, après s'être enfuie d'Austrasie et s'être jetée dans ses bras, elle espère pouvoir intervenir en faveur de son frère Griffon qui, lui aussi, conteste le partage.
Sous l'égide du duc Theutbald, l'Alémanie profite de ces querelles de succession pour se soulever et tenter de reprendre son autonomie. Pépin le Bref et Carloman, extraordinairement solidaires, vont devoir combattre sur plusieurs fronts à la fois. Tout d'abord, les deux frères se portent conjointement contre les Aquitains, qu'ils écrasent avant de prendre Bourges et Loches et de se partager le duché. Puis, Carloman s'attaque aux Alémans. C'est avec une terrible férocité qu'il mate leur révolte en 744, massacrant une grande partie de l'aristocratie locale. L'Alémanie est scindée en deux entités, confiées au gouvernement des comtes francs Warin et Ruthard. Pendant ce temps, Pépin le Bref intervient en Bavière où, avec diplomatie, il parvient à calmer les esprits.

Les succès militaires et diplomatiques de Carloman et de Pépin le Bref n'ont pas convaincu Griffon de renoncer à ses ambitions. Selon sa mère, Sonnichilde, Charles Martel lui aurait, peu avant sa mort, concédé de plus vastes territoires. Mais personne ne peut dires lesquels! Faisant fi de l'allégeance qu'il doit faire à ses aînés, Griffon s'est rallié au parti de Hunald, le duc d'Aquitaine en révolte. Capturé par ses demi-frères, il a été emprisonné à Neufchâteau.
Ayant pu s'échapper grâce à la complicité de sa soeur et d'Odilon, Griffon a rejoint le camp de Hunald. Les deux alliés, qui n'ont pas désarmé, se soulèvent de nouveau, mais sont écrasés en 745. Acceptant sa défaite, Hunald décide de se retirer au monastère de l'île de Ré et de laisser l'Aquitaine à son fils, Waifre. Auparavant, il n'a pas manqué de châtier cruellement son frère Hatto, coupable d'être resté fidèle à Carloman et à Pépin le Bref, en l'aveuglant à coups de dague.
De son côté, Griffon, de nouveau capturé, parvient encore à s'échapper et reprend l'offensive en s'alliant aux Saxons. Mais, c'est compter sans les talents de guerrier de Pépin le Bref. Celui-ci défait les troupes saxonnes et se fait remettre son demi-frère rebelle. Soit par bon vouloir fraternel, soit parce qu'il pense mettre un terme à sa rebellion en satisfaisant partiellement ses revendications, il nomme Griffon duc du Mans et lui confie le gouvernement de douze comtés. C'est alors, en 747, que le très pieux Carloman décide de se retirer du monde et de se faire moine. Désormais, Pépin le Bref est seul maître du royaume franc. Bientôt, le maire du palais va se faire proclamer roi, et les Carolingiens vont définitivement succéder aux Mérovingiens.

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