LES MEROVINGIENS

CLOTAIRE 1ER, CHEF DE GUERRE

 

LES HERITIERS DE CLOVIS SOUMETTENT DEFINITIVEMENT LES BURGONDES

Le royaume burgonde attise l'appétit de conquête des Francs et des Ostrogoths. Jusqu'ici, le roi Sigismond est parvenu à écarter ces dangereux voisins. Mais un drame familial va le conduire à sa perte. La jalousie d'une seconde épouse et un meurtre perpétré sous le coup de la colère auront raison de l'indépendance de la Burgondie, que les fils de Clovis annexeront sans le moindre état d'âme.

Alors que Sigismond s'efforce de regrouper les différentes constituantes de son peuple en appliquant une politique voisine de celle adoptée par Clovis, les nuages s'accumulent au dessus du royaume burgonde.
Si la Burgondie court à sa perte, la faute en revient d'abord à son souverain. D'un premier mariage avec Ostrogothe, fille de Théodoric, roi d'Italie, Sigismond a eu un fils, Sigéric. Or, sa seconde épouse le persuade que l'adolescent en veut à sa vie et complote pour s'emparer du pouvoir. Aveuglé par la colère, le roi fait étrangler le présumé coupable sous ses yeux. Sigéric mort, Sigismond, désespéré, court se réfugier dans son monastère d'Augane et y fait pénitence des jours entiers. Puis il lui faut revenir à Lyon.
Chez les Ostrogoths comme chez les Francs, on crie vengeance. Théodoric entend bien châtier l'assassin de son petit-fils, qui aurait pu lui succéder sur le trône d'Italie. Et Sigismond perd avec Théodoric son dernier espoir de résister aux Francs. Quant à la reine Clotilde, la veuve de Clovis qui est aussi la cousine paternelle de Sigismond, elle réclame le prix du sang au nom de la famille burgonde.

Ces règlements de compte familiaux ne doivent pourtant pas masquer les enjeux géopolitiques. Le royaume burgonde représente pour les Francs la dernière région à conquérir pour réaliser l'unité des Gaules alors même qu'il s'agit pour Théodoric d'une zone tampon lui permettant de se protéger des ambitions des Mérovingiens.
Clotilde s'est alliée avec Clodomir, roi d'Orléans, le seul de ses enfants dont le royaume est limitrophe du territoire burgonde, pour engager une action militaire. Dans le coeur de la vieille reine, c'est l'occasion idéale de venger enfin le meurtre de ses parents, assassinés par Gondebaud, le père de Sigismond.
Théodoric, lui, n'a d'autre issue que de s'allier à ses ennemis francs, qu'il pousse à envahir le royaume burgonde. Néanmoins, il ne veut pas perdre ses forces militaires dans un combat qui lui est en réalité inutile. Aussi il ordonne au duc Tuluin d'avancer le plus lentement possible, à moins que la victoire des Francs n'ait été confirmée.
Après d'âpres combats, les Francs parviennent à écraser Sigismond. La majeure partie du royaume burgonde est répartie entre les deux vainqueurs et les Ostrogoths s'acquittent d'une amende pour compenser leur absence lors des combats. Godomar, le cadet de Sigismond, se réfugie entre Isère et Durance. Sigismond trouve asile à Agaune avant d'être livré, par son propre peuple, à la brutalité de Clodomir.

Clodomir a joint ses forces à celles de Thierry, son demi-frère roi d'Austrasie. Le 21 juin 524, à Vézenonce, près de La Tour du Pin en Isère, ils livrent contre les Burgondes une terrible et sanglante bataille. Alors que Clodomir s'élance à la poursuite de ses adversaires, ceux-ci font brusquement volte face et le tuent. La tête du Mérovingien fichée au bout d'une pique est brandie par les Burgondes comme le barbare trophée d'une victoire sur les Francs qui leur permet de rester maître de leur royaume pour les dix années suivantes.
C'est seulement en 534 que les héritiers de Clovis soumettent définitivement les Burgondes. Alors que le pouvoir ostrogoth, dernière protection de Godomar, est de nouveau en guerre contre l'Empire romain d'Orient, qui souhaite reconquérir l'Europe Occidentale, Childebert, roi de Paris, Clotaire, roi des Francs et Théodebert, le fils de Thierry, s'allient contre leur voisin. Ils pénètrent en Burgondie, mettent le siège devant Autun, qui tombe alors que Godomar a disparu à jamais. Cette ultime victoire des héritiers de Clovis doit beaucoup à l'influence de Clotilde qui a su, provisoirement, inciter ses fils à s'unir et à oublier les conflits qui ne cessent de les opposer. Rien ne pouvait empêcher la vieille reine de mener à terme sa vengeance contre les Burgondes, assassins de ses parents, et le grand oeuvre territorial entamé par Clovis.
En 534, le Regnum Francium a atteint sa pleine expansion. Seul le littoral méditerranéen reste aux mains des Ostrogoths.

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