L'ECHEC DEVANT PERPIGNAN (Septembre
1542)
Face aux Impériaux, François 1er décide
d'ouvrir les hostilités simultanément sur deux fronts, au nord et au sud. Au
dauphin, le futur Henri II, il confie le commandement du gros de l'armée royale
et la mission de reconquérir Perpignan, aux mains des Espagnols. Mais cette
campagne se soldera par un échec cuisant. Après avoir ordonné à ses troupes
de lever le siège et de battre en retraite, le roi déchargera son fils aîné
de son commandement militaire en Roussillon.
Après avoir consulté son Conseil, François 1er a décidé
de passer à l'offensive simultanément sur deux fronts contre l'Empereur Charles
Quint, son irréductible ennemi. Au nord, le cadet de ses fils, le duc Charles
d'Orléans, prend la tête des opérations pour attaquer le Luxembourg, secondé
par le duc Claude de Guise et son fils, François d'Aumale. Simultanément, le
duc de Vendôme passera à l'action en Flandre et le duc de Clèves dans le Brabant.
Au sud, le dauphin, futur Henri II, a, quant à lui, pour mission de reconquérir
le Roussillon et Perpignan.
En l'absence de son mentor, le connétable Anne de Montmorency,
alors en disgrâce, le dauphin doit assumer seul le commandement du gros des
forces royales. Il rejoint ses troupes à Avignon : il a sous ses ordres quelque
40 000 fantassins, en majorité rappelés du Piémont, 14 000 Suisses, 6 000 mercenaires
allemands, ainsi qu'une cavalerie rassemblant 2 000 hommes d'armes et 2 000
chevau-légers. Au sein de son état major, il a réuni plusieurs de ses amis et
fidèles, tel Jacques d'Albon de Saint André, gentilhomme de sa Chambre. Il doit
également être épaulé par Charles de Brissac, qui, bien que parent du connétable
disgracié, a conservé la faveur et la confiance du roi. Brissac rallie l'armée
royale avec le renfort de quinze compagnies, soit quelque 6 000 hommes. Le
23 août 1542, le dauphin Henri se lance à l'assaut de Perpignan tenue par les
Espagnols, mais sans succès : ses hommes sont repoussés par un feu nourri d'artillerie.
Il décide alors de mettre le siège devant la place, qu'il s'emploie à isoler
en l'encerclant d'un réseau de tranchées. Cette initiative n'entame cependant
pas le résistance des assiégés, qui tentent de rompre l'encerclement par des
sorties successives hors des murs. Lors d'une de ces attaques surprises,
Brissac se précipite à la tête d'un contingent pour repousser les assaillants.
Il réussit à sauver l'artillerie de ce mauvais pas. Mais, faute d'avoir pris
le temps de s'armer avant de partir au combat, il ne porte qu'une hausse-col,
une légère pièce d'armure qu'une balle tirée par l'adversaire parvient à endommager.
Dans l'aventure, il est en outre grièvement blessé par un coup de pique à la
cuisse; ce qui lui vaut de voir son courage et sa vaillance salués par tous.
"Si je n'étais dauphin, je voudrais être Brissac!",
s'exclame, admiratif, le futur Henri II.
Mais la bravoure et les actions d'éclat ne suffisent pas
à venir à bout des défenseurs de Perpignan. Avec les premières pluies de septembre,
les positions retranchées de l'armée royale sont envahies par la boue et deviennent
intenables; au point que François 1er donne l'ordre à son fils aîné de battre
en retraite. Malgré ce désavoeu paternel, le dauphin se force à faire bonne
figure devant son cadet, qui vient de le rejoindre après avoir connu le succès
sur le front du Nord en prenant coup sur coup Ivoy, Arlon et Luxembourg. Ayant
laissé quelques troupes dans le duché de Luxembourg, Charles d'Orléans a tenu
à être présent lorsque son frère s'emparera de Perpignan. S'il est là, c'est
au prétexte d'apporter son aide et des pièces d'artillerie supplémentaires.
Mail il a plus probablement l'intention de tirer sa part de gloire de l'opération
conduite par son aîné : car nul n'ignore l'animosité qu'il nourrit à l'égard
du dauphin, lequel lui voue aussi une sourde inimitié. Mais non seulement il
arrive sur le front du Sud alors que tout est perdu, mais, deux jours plus tard,
il apprend que pendant son absence les Impériaux ont lancé une contre-attaque
et repris Luxembourg. François 1er est furieux contre son cadet, qui a eu
l'inconséquence d'abandonner sa conquête. Et il n'est pas plus satisfait de
son aîné. S'il ne subit pas aussi sévèrement les foudres paternelles, le dauphin
n'en est pas moins déchargé de son commandement militaire. Tandis que des pluies
torrentielles s'abattent sur le Roussillon, le roi tente d'éviter la dispersion
de l'armée royale et en envoie la majeure partie dans le Piémont rejoindre le
maréchal d'Annebaut.
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