LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VII LE VICTORIEUX, CHEF D'ETAT |
LA PRAGUERIE : LE DAUPHIN LOUIS EN REVOLTE CONTRE CHARLES VII Charles VII, ce roi de trente sept ans qui a si chèrement reconquis son trône, ne peut aucunement compter sur le soutien de son fils. A dix sept ans, l'héritier de la Couronne, le futur Louis XI, fait preuve d'une irrésistible impatience de régner. Si le père et le fils n'ont jamais été très proches, leurs relations sont de plus en plus conflictuelles. L'hostilité latente qui les dresse l'un contre l'autre va insensiblement, mais irrémédiablement, tourner à l'affrontement. Le père, Charles VII, et le fils, le dauphin Louis, futur Louis XI, ne s'entendent guère. Leurs querelles sont fréquentes et violentes. Fort peu séduisant au physique, le dauphin est d'une intelligence remarquable. Impatient de régner, il fait au roi son père, le reproche, pour partie injuste, de son manque d'énergie politique, de son inactivité et de son inaction. En outre, ce jeune homme de dix sept ans ne peut souffrir Agnès Sorel, la favorite en titre, dont il juge l'influence néfaste. Surtout, il ne peut supporter de voir sa mère, la reine Marie qu'il aime profondément, publiquement humiliée. Aussi s'oppose-t-il fréquemment à son père et se plaît-il à ourdir de machiavéliques combinaisons politiques. En vain, Louis a réclamé le Dauphiné, qui lui revient de droit, et sa propre Maison. Tout ce que le roi lui accorde est une pension frisant l'indigence et le titre honorifique de lieutenant général du Languedoc. Prince sans argent et sans armée, il sent monter en lui une amertume qui va bientôt tourner à la révolte. L'affaire de la Praguerie (ainsi appelée en référence à la grande révolte de Prague, ou révolte des hussites, en Bohême, en 1419) commence avec la publication de l'ordonnance royale d'Orléans, le 20 novembre 1439. Celle-ci vise à la réorganisation de l'armée et de la noblesse, qui tire une grande part de ses revenus de la guerre, lui fait fort mauvais accueil. Désormais, seul le roi a le droit de lever les troupes. Les seigneurs qui entretiennent des garnisons ne peuvent plus les employer à leur convenance. Violemment hostiles à la réforme préconisée par Charles VII, les Grands du royaume n'entendent pas se laisser ainsi spolier. A l'instigation d'Alexandre, bâtard de Bourbon, ils forment une ligue et désignent pour chefs Charles 1er et Louis de Bourbon, la Trémoille, le duc Jean II d'Alençon, parrain du dauphin, et Dunois. Bientôt Louis va rejoindre leurs rangs. Les rebelles quittent la Cour, qui
séjourne à Angers, et se rendent à Blois, avec le projet d'enlever le roi et de le
remplacer par son fils. Mais, averti du complot, Charles VII a le temps de se réfugier à
Amboise où Richemont, qu'il a appelé à l'aide, vole à son secours. Après avoir été
battue par les troupes royales en Poitou, la Ligue gagne la Marche et l'Auvergne. Mais,
mal organisée, et privée des routiers (qui ont préféré le service du roi et surtout
les salaires bien plus élevés offerts par Charles VII) l'entreprise échoue
lamentablement. Les rebelles sont bientôt forcés de faire leur soumission. En
juillet, la révolte a vécu et la paix de Cusset y met définitivement un terme. Dans sa
grande clémence, le roi pardonne à la plupart des trublions. Alexandre de Bourbon, tenu
pour leur chef et l'instigateur du mouvement, est capturé. Cousu dans un sac, il finit
noyé dans l'Aube. Quant au Dauphin, il est prêt à se soumettre. A condition
toutefois que le roi lui octroie le Dauphiné, le Languedoc et l'Ile de France ainsi
qu'une pension conséquente et sa propre Maison. Charles VII, par l'intermédiaire de ses
émissaires, accepte de donner suite à ses requêtes... à condition que Louis implore
son pardon. Les Bourbons et d'Alençon poussent le dauphin à obéir. Et celui-ci n'y
consent que de fort mauvaise grâce. Page MAJ ou créée le |