LOUIS XI, SA VIE
        
    
    

        
 
LOUIS XI, MALADE ET VIEILLISSANT
A partir du printemps 1479, l'état de santé de Louis XI ne 
cesse de se dégrader. Outre de brutales poussées de fièvre 
qui l'affaiblissent un peu plus chaque jour, le roi est victime, en 1481, à 
quelques mois d'intervalle, de deux attaques d'apoplexie. Il a toujours été 
persuadé qu'il ne passerait jamais la soixantaine : si bien qu'à 
l'automne 1482, il a déjà pris maintes dispositions, tant pour 
se préparer à la mort que pour l'avenir de son royaume.
A partir du printemps 1479, Louis XI approche la soixantaine, un âge 
qu'il a toujours été persuadé de ne jamais dépasser 
(il doit fêter ses soixante ans le 3 juillet 1483). Depuis ces dernières 
années, de plus en plus marqué par la fatigue, il a beaucoup vieilli. 
Il est régulièrement sujet à de brutaux accès de 
fièvre, toujours suivis d'étranges moments de refroidissements, 
se plaint également de douloureuses crises de goutte de plus en plus 
fréquentes. Par ailleurs, depuis plusieurs mois, il souffre d'une maladie 
de peau, inflammation nerveuse apparentée au zona. Au mois de février 
1481, il décide de se retirer aux Forges, près de Chinon, l'un 
de ses châteaux préférés, et d'y prendre un peu de 
repos.
Début mars, Louis XI se rend assister à la messe de l'église 
paroissiale de Saint Benoît, non loin des Forges. Au cours du dîner 
qui suit, il s'effondre soudainement, victime d'une hémorragie cérébrale. 
"Il perdit en tous points la parole, et toute connaissance et mémoire", 
rapporte Philippe de Commynes, l'un de ses plus proches et fidèles conseillers. 
Bien que conscient, il est incapable de prononcer un mot et, plus grave, de 
comprendre ce qu'on lui dit. Angelo Cato, son médecin et astrologue napolitain, 
futur évêque de Vienne, intervient aussitôt en lui faisant 
"bailler un clystère, et ouvrir les fenêtres et bailler l'air". 
Revenant à lui, le roi insiste pour regagner le château des Forges 
à cheval. Il lui faudra une douzaine de jours pour se remettre (pendant 
lesquels, tous, ses proches, ses conseillers, les Grands, les prélats 
de son entourage, le croiront perdu), et il restera particulièrement 
affaibli.
En septembre, au Plessis lez Tours, le roi est victime d'une seconde 
attaque. De nouveau, il perd la parole et gît, inanimé, sur une 
paillasse, dans une galerie du château : "Il fut bien deux heures 
qu'on croyait qu'il fut mort". "Nous le vouâmes à Monseigneur 
Saint Claude [patron des épileptiques] et tous les autres qui étaient 
présents l'y vouaient aussi. La parole lui revint et sur l'heure, il 
alla par la maison très faible", rapporte les seigneurs d'Argenton 
et du Bouchage. Très fatigué, le roi décide de passer quelques 
mois de convalescence chez Commynes, à Argenton, puis à Thouars, 
en Poitou, où il demeure jusqu'en février 1482, mais où 
il n'est pas épargné par la maladie, qui le contraint à 
plusieurs reprises à garder la chambre.
En mars 1482, Louis XI se prépare à partir en pélerinage 
à Saint Claude, en Franche Comté, conformément au voeu 
que ses proches ont fait en son nom lors de sa dernière crise. Persuadé 
qu'il n'en reviendra pas vivant, il nomme son gendre Pierre de Beaujeu, lieutenant 
général du royaume pendant son absence. Le mois suivant, Commynes 
le rejoint à Saint Claude et ne peut que constater la dégradation 
de son état de santé : "Je fus ébahi de le voir tant 
il était maigre et défait".
Aux mois de juin et juillet, 
le roi fait étape à Cléry, près d'Orléans. 
Il vénère tout particulièrement la Vierge de Cléry, 
proclamée "protectrice de nous, de nos enfants et de notre royaume" 
par ordonnance de 1475. Il a fait construire une église, de style gothique 
flamboyant, sur des plans de l'architecte Pierre Chauvin. C'est dans ce sanctuaire, 
achevé en 1478, qu'il a fait préparer son tombeau, sur lequel 
une statue en cuivre doré le représente, agenouillé en 
tenue de chasse devant Notre Dame. Au mois d'août, puis en septembre suivant, 
il reviendra y faire une "visite" et se recueillir sur sa future sépulture...
Si 
le roi sait qu'il ne sera pas longtemps épargné par la mort, il 
n'en abandonne pas pour autant la charge du royaume. En même temps qu'il 
continue de consacrer ce qui lui reste de forces aux affaires courantes, il 
prépare méticuleusement l'avenir et sa succession. En septembre 
1482, à Amboise, il rencontre brièvement son fils, le dauphin 
Charles, le futur Charles VIII, à qui il livre son testament politique 
et spirituel. En octobre, il est au Plessis lez Tours que désormais il 
ne quittera plus. C'est là qu'il convoque son gendre le duc Louis d'Orléans, 
le futur Louis XII, et le contraint à renoncer sous serment à 
la régence, qui pendant la minorité du jeune Charles VIII sera 
confiée à l'aînée de ses filles, Anne de Beaujeu.


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