LOUIS XI, SA VIE
        
    
    

        
 
LA MORT DU ROI
Au château de Plessis lez Tours, Louis XI vit en 
reclus. Epuisé par l'âge et par les suites de plusieurs hémorragies 
cérébrales, il se prépare à la mort, qu'il redoute, 
certes, mais sans doute moins bien que les complots contre sa royale personne. 
Alors que son état de santé se détériore de jour 
en jour, il espère cependant un miracle. Mais le 30 août 1483, 
il va s'éteindre à l'âge de soixante ans.
Depuis l'automne 1482, Louis XI ne quitte plus le château 
de Plessis lez Tours, où il vit en reclus. Bien que son état de 
santé se dégrade de jour en jour, il tente d'oublier la maladie 
et de rejeter l'idée de sa mort prochaine. Passionné d'animaux, 
il en fait venir des quatre coins d'Europe. "En Sicile, il envoya quérir 
quelques mules, spécialement à quelques officiers du pays, les 
payant au double; à Naples deux chevaux; en Barbarie, une espèce 
de petit loup appelé 'adive'; au Danemark et en Suède, des élans 
et des rennes, et pour avoir six de chacune de ces bêtes, donna au marchand 
quatre mille cinq cents florins d'Allemagne", raconte Philippe de Commynes, 
l'un de ses plus proches et fidèles conseillers. Cependant, quand ces 
animaux arrivent au Plessis, le roi est bien trop épuisé pour 
y prêter la moindre attention.
Quand il ne s'occupe pas des affaires 
du royaume, le souverain aime passer de longues après-midi à lire, 
dans la vaste galerie du château. Pour éviter qu'il ne s'assoupisse, 
un orchestre traditionnel, composé de plusieurs bergers du Poitou, joue 
sous ses fenêtres des mélodies populaires.
Extrêmement croyant et superstitieux, Louis XI ne néglige 
rien de ce qu'il estime susceptible de prolonger sa vie. Il dépense plusieurs 
centaines de milliers de livres en offrandes, qu'il distribue aux chapelles, 
aux églises et aux monastères du royaume, mais aussi aux Trois 
Rois de Cologne à Saint Jean de Latran à Rome. Georges Bissipat, 
l'un de ses meilleurs capitaines de marine, est chargé de se rendre aux 
îles du Cap Vert pour en rapporter de grandes tortues de mer, dont le 
sang serait le meilleur remède pour soigner la lèpre, dont le 
roi est à présent persuadé d'être atteint. Par ailleurs, 
            "Notre dit roi, qui en humilité passait tout autre prince du monde, 
cherchait un religieux ou homme de bonne vie (...) afin qu'il fût moyen 
entre Dieu et lui de lui allonger ses jours; car à Dieu et aux saints 
remettait son espérance de vie, connaissant qu'il ne pouvait guère 
durer sans miracle". Il envoie ainsi chercher en Calabre "le bonhomme 
François de Paule", ermite réputé qui sera le fondateur 
de l'ordre mendiant des minimes. Lorsque le vieil homme arrive au Plessis, au 
mois de mai 1483, le roi se prosterne devant lui "comme si c'eût 
été le pape" et le supplie de "prier Dieu pour lui afin 
qu'il pût allonger sa vie".
Louis XI a placé sa "miséricorde 
en Dieu", mais croit encore au miracle. Il a demandé aux moines 
de l'abbaye de Reims de lui faire parvenir la Sainte Ampoule : peut-être 
une goutte de la liqueur de l'onction du sacre lui sera-t-elle salutaire? Il 
la reçoit le 1er août, en même temps que la Croix de Charlemagne 
et les Verges d'AAron et de Moïse, apportées de la Sainte Chapelle 
de Paris. Il se recueille devant les précieuses reliques, puis les fait 
placer sur le buffet de sa chambre et ne cessera de les contempler jusqu'à 
sa mort.
Le lundi 25 août 1483, Louis XI est victime d'une nouvelle 
hémorragie cérébrale. "Presque comme un homme mort", 
il reste prostré jusqu'au lendemain après-midi. Sans ménagement, 
son théologien, Jean d'Arly, son valet de chambre et favori, Olivier 
Le Daim, et son médecin, Jacques Coitier, lui assènent la vérité 
: "Sire, n'ayez plus d'espérance en saint homme et en autres choses, 
car sûrement il en est fait de vous; et pour ce, pensez en votre conscience, 
car il n'y a nul remède". A quoi le roi répond : "J'ai 
l'espoir que Dieu m'aidera, car peut-être je ne suis pas si malade que 
vous croyez".
Cependant, profitant d'une courte rémission, Louis 
XI fait envoyer à Amboise, au dauphin, le futur Charles VIII, qu'il désigne 
désormais comme roi, son gendre Pierre de Beaujeu, à qui il a 
remis le Gouvernement, le chancelier Guillaume de Rochefort et les sceaux et 
les archers de la garde; ainsi que ce qu'il a de plus précieux : sa vénerie 
et sa fauconnerie. Le samedi 30 août, il entre en agonie, demande les 
saints sacrements, se confesse et prie avec ferveur. Vers huit heures du soir, 
il s'éteint, conscient, "en grande santé de sens et d'entendement, 
en grande mémoire, sans souffrir douleur que l'on connût" 
à l'âge de soixante et presque un mois. Le 2 septembre, les funérailles 
sont célébrées à Saint Martin de Tours, puis, conformément 
à son souhait, le souverain est inhumé, quatre jours plus tard, 
à Notre Dame de Cléry.


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