LES VALOIS DIRECTS
PHILIPPE VI DE VALOIS, CHEF D'ETAT |
L'HERITAGE NAVARRAIS En avril 1328, avant même son avènement, Philippe VI de Valois doit faire face à la contestation des Navarrais. Pour ne pas s'aliéner une partie des Grands du royaume, il renonce à la Couronne de Navarre au profit de Jeanne de Navarre, fille de feu Louis X le Hutin, qui, par deux fois, a été écartée de la succession du trône. C'est ainsi que la Brie et la Champagne seront rattachées au royaume de France. En novembre 1316, le Capétien Philippe V le Long a écarté de la succession au trône sa nièce Jeanne de Navarre, fille du roi défunt Louis X le Hutin. L'assemblée qu'il a réunie en février 1317 a déclaré officiellement l'inhabilité des femmes à régner. Par l'intermédiaire de son tuteur le duc Eudes IV de Bourgogne, Jeanne de Navarre a ainsi renoncé au trône de France, mais aussi à la Navarre, rattachée à la Couronne par Philippe IV le Bel, qui la tenait de son épouse Jeanne 1ère de Navarre-Champagne. En février 1328, à la mort de Charles IV le Bel, la fille de Louis X le Hutin a grandi. Si elle a bien été indemnisée par une rente, elle n'a pas confirmé à sa majorité son renoncement à la Navarre. Elle est l'aînée des petites-filles de la reine Jeanne 1ère, et en Navarre le droit des femmes à hériter est reconnu. Par ailleurs, son époux, Philippe d'Evreux, est le fils de Louis, le second frère de Philippe le Bel, et donc le cousin du roi Philippe VI de Valois. Après la mort du dernier des Capétiens, les
Navarrais récusent la tutelle d'un nouveau roi de France. Les notables
et les barons se réunissent à Puenta la Reina, près de
Pampelune, leur capitale. Lors de l'assemblée qui se tient du 13 au 15
mars 1328, ils votent une motion par laquelle ils déclarent récuser
tous les règlement successoraux établis depuis 1316. Ils ne prêteront
hommage qu'à la fille du fils aîné de leur ancienne reine
: ils ont clairement pris parti pour Jeanne de Navarre et Philippe d'Evreux.
A cela, il y a plusieurs explications. Tout d'abord ils sont las des marchandages
parisiens dont leur province est l'enjeu. Quant au principe de succession féminine,
ils ne se posent pas de question. Ils ont déjà eu une reine, Jeanne
1ère de Navarre-Champagne, l'épouse de Philippe le Bel. Mais,
lorsqu'elle était reine de France, celle-ci vivait essentiellement à
Paris, au côté du roi son époux. De même, Louis X
le Hutin, qui a hérité des deux royaumes, puis ses frères,
se sont plus préoccupés de la France que de la Navarre. En 1328,
les barons navarrais ne veulent plus que leur pays soit une dépendance
de la Couronne de France. Leur désir d'avoir Jeanne et Philippe d'Evreux
comme souverains manifeste d'abord leur volonté d'avoir un roi à
plein temps. Pour mieux appuyer et démontrer leur revendication, ils
chassent tous les représentants et le gouverneur du roi de France de
la région. Philippe VI renonce à la Couronne de Navarre au
profit de Jeanne et de son époux Philippe d'Evreux. En revanche, il
ne donne rien sans rien et demande le rattachement de la Brie et de la Champagne
à la Couronne de France. Par leur situation stratégique, ces deux
régions, peu éloignées de Paris, assurent la protection
de la frontière est du royaume de France. En échange, Jeanne de
Navarre obtient une compensation, qui n'est pas fixée tout de suite.
Les négociations durent huit ans et débouchent sur le traité
de Villeneuve lès Avignon signé le 14 mars 1336. La Brie et la
Champagne reviennent au roi de France et à ses successeurs. La reine
de Navarre est dédommagée par une rente sur le Trésor et
se voit concéder la baronnie normande de Mortain, le comté d'Angoulême
(temporairement), ainsi que les châteaux poitevins de Benaon et de Fontenay
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