LE DEFI D'EDOUARD III D'ANGLETERRE A PHILIPPE VI DE VALOIS : LA GUERRE DE CENT ANS COMMENCE (1er
novembre 1337)
En cet automne 1337, Philippe VI n'a que
mépris pour son royal cousin d'Outre-Manche, Edouard III. Aucun observateur sensé
n'oserait alors prédire un conflit entre deux royaumes aux forces si déséquilibrées.
L'Angleterre est trois fois moins étendue et cinq fois moins peuplée que la France!
Edouard III le sait, mais ne s'en soucie guère. En ce jour de la Toussaint, il a décidé
d'agir. C'est le premier acte de la guerre de Cent Ans.
Le conflit trouve son origine en 1152,
avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henry Plantagenêt. Dot de la mariée, le
duché d'Aquitaine a rejoint le patrimoine des rois d'Angleterre lors de l'accession
d'Henry au trône, en 1154. Depuis, le duché constitue une éternelle pomme de discorde
entre les deux royaumes. Vassaux des rois de France, en tant que ducs d'Aquitaine, les
rois d'Angleterre ont toujours rechigné à prêter l'hommage dû à leur suzerain. Après
des années de disputes et maints accords boiteux, au mois de mai 1357, Philippe VI vient,
de guerre lasse, de confisquer le duché.
En Angleterre, l'entourage d'Edouard III persuade le souverain de riposter en revendiquant
non seulement l'Aquitaine mais aussi la Couronne de France. Robert d'Artois, lui, a un
compte à régler avec Philippe VI. Banni par la cour des Pairs en 1332, il est en exil à
Londres. Là, tout à son désir de vengeance, il fait le siège d'Edouard III, qu'il
réussit à convaincre de son bon droit à l'héritage capétien. Le roi d'Angleterre
n'est-il pas le petit-fils de Philippe le Bel alors que Philippe de Valois, lui, n'est que
son neveu! Le prétexte du défi est donc tout trouvé.
Loin de céder à l'impulsion du moment, Edouard III prépare minutieusement la guerre.
Pour discipliner sa chevalerie, il lui interdit les joutes et les tournois et lui
recommande d'apprendre le français. Depuis 1334, une série d'ordonnances a été
publiée, rendant le service militaire obligatoire, organisant le recrutement des hommes
et imposant à tous ceux dont les revenus excèdent vingt livres de s'armer à leurs frais.
De son côté, Philippe VI se borne à réclamer aux féodaux le service d'ost de quarante
jours, notoirement insuffisant.
Outre-Manche, on travaille également au perfectionnement de l'armement. Les archers
anglais disposent déjà du "long bow", un arc capable de tirer trois flèches à
350 mètres quand l'arbalète française n'en tire qu'une.
Mais Edouard III sait que le nombre fait la force et que sa supériorité militaire, toute
théorique, ne suffira pas, car au plan des effectifs, Philippe VI a l'avantage. Aussi il
cherche des alliances. Tout d'abord du côté de la famille. Sollicité, son beau-père,
le comte de Hainaut, propose aussitôt d'entraîner dans l'affaire son cousin, le duc de
Brabant, ainsi que son beau-frère, le comte de Gueldre. Edouard III réussit même à
rallier Louis de Bavière, empereur germanique excommunié par le pape Jean XXII, et
Jacques Van Artevelde, homme fort de la Flandre. Certes, l'encerclement diplomatique de la
France coûte cher. Il a fallu acheter 10 000 livres l'alliance du duc de Brabant, pas
moins de 300 000 florins celle de Louis de Bavière. Qu'importe, Edouard III peut à
présent défier le roi de France.
Le 7 octobre 1337, à Westminster, le roi
d'Angleterre convoque un Conseil extraordinaire. L'heure est grave. Les six
cents chevaliers,
les grands prélats, les pairs et les officiers du royaume rassemblés autour de leur
souverain sont prêts à la guerre. Solennel, Edouard III déclare officiellement
revendiquer la Couronne de France et renoncer à l'hommage dû pour l'Aquitaine, prêté
à Amiens huit ans plus tôt. C'est, Henri Burgersh, évêque de Lincoln, qui est chargé
d'en informer Philippe VI.
Le 1er novembre 1357, l'émissaire du roi d'Angleterre se présente à la Tour de Nesle
où le roi de France tient sa Cour. Le prélat est porteur d'un message explosif, un
véritable défi à "Philippe de Valois qui se dit roi de France" qu'Edouard III
somme de renoncer à une Couronne indûment acquise. Le Valois ne peut tolérer une telle
audace. La rupture est consommée. La Guerre de Cent Ans commence...
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