LES BOURBONS
HENRI IV, LES PERSONNALITES |
L'EXECUTION DU PRESIDENT BRISSON Victime d'un coup de force des Seize, les plus radicaux des membres de la ligue ultra-catholique de la capitale, Barnabé Brisson, est arrêté le 15 novembre 1591 au matin. Le jour même, à l'issue d'un procès expéditif, il est pendu à une poutre de la salle du conseil du Petit Châtelet. Le lendemain, son corps, ainsi que ceux de deux autres magistrats, Claude Larcher et Jean Tardiff, ayant subi le même sort, seront exposés en place de Grève, où quelques Parisiens oseront exprimer leur indignation face à cet horrible simulacre de justice. Le 15 novembre 1591, Barnabé Brisson, seigneur de La Boissière,
premier président du Parlement de Paris, troisième magistrat de France après
le roi et le chancelier, s'en va ouvrir l'audience au Palais. Comme d'habitude,
il traverse l'île de la Cité, très animée à cette heure matinale, puis entre
dans le Marché Neuf : c'est alors qu'il est interpellé par un groupe de ligueurs
et entraîné vers le Petit Châtelet. Au cours d'un procès expéditif, le magistrat fait face
avec courage. Il oppose des questions de procédure, s'interroge sur ce qu'on
lui reproche, sans recevoir de réponse. Il est condamné à être pendu haut et
court : mais, eu égard à sa fonction, la pendaison n'aura pas lieu en place
publique, comme s'il s'agissait d'un vulgaire malandrin. Messire Brisson n'en
croit pas ses oreilles! Le lendemain, à l'aube, sur ordre des Seize, les corps
des trois magistrats sont transportés du Châtelet à la place de Grève sous la
garde de deux cents hommes armés de hallebardes et d'épées. Les cadavres, nus sous
une chemise de drap blanc, sont pendus à une potence, avec autour du cou les
infamants écriteaux. Au pied du gibet, le procureur Jean Bussy Leclerc, très
exalté, harangue la foule. En pure perte : se détournant du pilori, les Parisiens
se dispersent. Pire : quelques-uns osent exprimer leur indignation face à une
telle horreur et des bagarres éclatent. Quant aux Seize, stupéfaits par la réaction
innatendue de la population de la capitale, ils prennent conscience de l'inutilité
de cette mise en scène et comprennent surtout que la mort de Brisson, de Larcher
et de Tardiff n'a aucunement servi la cause de la Ligue. Sitôt informé de ce
tragique événement, le duc de Mayenne revient en hâte à Paris, le 28 novembre.
Il évite d'agir avec empressement, examine la situation et commence par nommer
un nouveau premier président du Parlement en la personne de Mathieu Charlier,
doyen de la Cour et ligueur modéré. Pendant ce temps, sentant le vent tourner,
Bussy Leclerc fait évacuer la prison de la Bastille, dont il est le gouverneur. Page MAJ ou créée le 2002 |